Rendez-nous « Voisin-voisine »!

La défunte 5, ce n’était pas seulement des séries américaines ringardes et superficielles (« Supercopter », « Happy Days », « K2000″avec l’inénarrable David Hasselhof…). C’était aussi des séries françaises comme « Voisin, voisine », dont le pitch pouvait se résumer ainsi : les Latulipe et les Dumanoir sont voisins dans le même immeuble et ensemble, ils vivent des aventures super trépidantes.

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 A partir de ce canevas assez libre, les acteurs pouvaient improviser assez librement et ne s’en privaient pas. Cette série était une production franco-canadienne et reflétait les obligations de production qui pesaient sur cette chaîne. Elle se devait de créer et de diffuser contractuellement près de 400 heures par an. Série qui passait le matin vers 9 heures, mais avec de multiples rediffusions le soir ou même la nuit, « Voisin, voisine » faisait ainsi le bonheur des noctambules ou des afters de retour de soirée. C’était un plaisir des yeux.

La série se passait dans des intérieurs cossus et cosys dans un quartier de Paris -vraisemblablement le XVIe arrondissement- avec un générique composé des principaux monuments de Paris (un Paris plutôt de carte postale d’ailleurs) sur une musique de Luigi Boccherini (un menuet). En même temps, si les Québecois, qui regardaient cette série, pensaient que cela reflétait la vie des Parisiens, eh ben…

La série était composée d’épisodes pour les garçons et d’autres pour les filles. Ceux concernant les garçons étaient particulièrement délirants et grotesques.

Exemple de trames scénaristiques:

* Suspens total pendant tout un épisode : est-ce que le hamster que Laurent a mis dans le micro-ondes en attendant de trouver une cage, ne va pas mourir car Marie hésite à le mettre en route (véridique !!).

* Laurent arrive à se connecter et à pirater sa banque sans modem et sans ligne de téléphone.

* Laurent, encore lui, devient fou car la bonne a débranché son ordinateur de la prise électrique et donc lui a fait perdre trois mois de travail (ah dur !).

* Les garçons jouent aux Indiens et font un feu de camp au milieu du salon.

* Sur le balcon de l’appartement, les garçons passent tout l’épisode à faire des commentaires sur les passants dans la rue (véridique aussi !).

* Les épisodes avec les filles étaient en général assez drôles, car elles étaient le plus souvent en petite tenue du fait que l’une d’entre elle tenait un magasin de sous-vêtement(Astucieux, non ?).

Cette série grandiose a influencé aussi d’autres formes de création :

Amazon.fr - Saga - Benacquista, Tonino - Livres

Ainsi, cette série a aussi inspiré des écrivains ou scénaristes, comme le livre « Saga »(éd. Gallimard, Paris, 1997)  de Tonino Benacquista qui relate l’histoire de quatre scénaristes au chômage recrutés en urgence par une chaîne de télévision, afin de créer et de scénariser une nouvelle sitcom inutile. Sitcom qui devient culte auprès du public et dont la chaîne est obligée de prolonger l’existence. L’intelligence et la finesse du roman de Tonino Benacquista venant du fait que l’auteur se met à la place des 4 auteurs de cette série, auteurs qui ont chacun un style littéraire à eux ; untel est fan de SF, une autre des romans à l’eau de rose, un autre, un vieux de la vieille qui a tout vu et tout entendu dans ce milieu. Ce roman est ainsi une mise en abyme de trames scénaristiques en parallèle avec la trame narratrice du roman. Le succès de la sitcom venait que le public pouvait s’identifier à de nombreux personnages de fiction, suivant les styles littéraires afférents. On y retrouve même des pseudo-réflexions existentialistes qui font véritablement « le sel »de ce sitcom.

Les Nuls, dans leur émission du samedi soir, ont repris le décor et la trame de « Voisin, voisine » pour créer Sapin-sapine, où un Dominique Farrugia des grands jours se demandait ce qu’il allait bien faire, déambulant dans son appartement si cosy: « Ah ! Je vais peut-être m’ouvrir une boîte de thon… »

A noter, parmi les nombreux scénaristes de cette série, un certain Pascal Mérigeau, journaliste et critique de cinéma, auteur de deux biographies remarquables sur Joseph L. Mankiewicz, ainsi que… Maurice Pialat (eh oui !).

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Pour finir, je souhaiterai pousser un cri ! (comme Brigitte Bardot) :

Rendez-nous Voisin-Voisine ! Rendez-nous Jean-Claude Bourret et ses extraterrestres ! Rendez-nous la 5 et Berlusconi ! (euh non, pas lui !).

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Y’en a marre d’Arte et des Thémas en allemand !!

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