Les films sur la passion amoureuse (2).
A la demande générale, et étant donné le succès de l’article précédent sur la passion amoureuse dans les films (cf lien https://culture494.wordpress.com/2016/02/28/les-films-sur-la-passion-amoureuse/) ; allons-y gaiement pour un second article.
L’amour passion:
Films sur 2 êtres que tout relie, passion destructrice entre 2 personnes jusqu’à la folie, le cinéma pullule de ces films passion ou la folie des êtres et des sentiments s’exacerbent jusqu’à la déraison. Un bel exemple avec « mon bel amour, ma déchirure » (1987) de José Pinheiro ; film très eighties dans sa posture et dans la description d’un milieu donné (le milieu du spectacle pour elle (Catherine Wilkening) ; le milieu de la nuit pour lui, videur dans une boîte de nuit (Stéphane Ferrara)). Film passion qui nous fait admirer une Catherine Wilkening incroyable et qui s’engage à fond dans ce rôle d’une comédienne qui vit son histoire d’amour à 100 à l’heure (scène impressionnante d’étreintes).
https://www.youtube.com/watch?v=zI7NvXXbCX4
Passion de son métier, de son mec pour un film devenu culte avec les années. Louis Calaferte et José Pinheiro au scénario. Description aussi des galères mais aussi des joies de la vie de comédiens, d’un monde de création qui exacerbe les passions et les sentiments.
Amour passion jusqu’à la mort ; amour entre 2 êtres qui transcende les différences, la vie même, « l’amour à mort »(1984). Film expérimental d’Alain Resnais qui rentre bien dans ce cadre des films questionnement comme « Providence » (1977), avec cette description de 2 couples qui s’aiment de manière fort différente, mais qui ne veulent pas se quitter, même après la mort. « Ni avec toi, ni sans toi ».
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19447360&cfilm=78.html
L’amour par delà le bien et le mal:
Film polémique par contre « portier de nuit » (1974) rentre bien dans le cadre des codes des films néo-nazis qui pullulaient à l’époque, films à tendance SM, sous-genre porno des films néo-nazis. Fascination du mal, l’esclave (Charlotte Rampling) renverse les codes moraux pour dominer et fasciner son ancien maître, un officier SS (Dirk Bogarde) qui la dominait dans un camp de concentration ; elle le retrouve en 1957 dans un hôtel de luxe à Vienne, il y est portier de nuit et elle, femme d’un célèbre musicien. Film polémique qui a fait sensation à l’époque car l’on considérait qu il montrait le monde concentrationnaire de manière light et glamour ; en effet, le film est rempli de flashbacks avec des séquences impressionnantes dans les camps. Une histoire d’ amour contre nature et qui dérange fortement les compagnons de route nazis de ce portier de nuit, incarné par Dirk Bogarde.
Aspect baroque de ce film par des lumières marquantes, aspect impersonnel des chambres d’hôtel, miroirs déformants à l’intérieur de l’hôtel…ambiance baroque pour un film qui ne l’est pas moins. Passion destructrice marquée par le mal et qui finit en amour total et qui entraînera les 2 tourtereaux à la solitude, à l’isolement (enfermé dans l’appartement du portier de nuit) face à des menaces externes bien réelles (les anciens compagnons de route nazis qui veulent faire un exemple).
L’amour aliénant:
Et pour se faire plaisir, le superbe film de Nicolas Roeg (« enquête sur une passion »(1979)). Film d’écorché vif, très seventies dans sa manière de filmer avec une Theresa Russell incroyable. Long métrage qui mélange vues psychédéliques, picturales (peintures de Gustav Klimt), gros plans sur le visage de Theresa Russell…
Le « baiser »(1908) de Gustav Klimt:
A Vienne en Autriche, dans les années 1970, Alex Linden (Art Garfunkel) et Milena Flaherty (Theresa Russell), un jeune couple américain, y vivent une relation tumultueuse, lui (Art Garfunkel) est chercheur en psychanalyse et elle (Theresa Russell), une jeune Américaine qui a fui, avec son ancien mari, la Tchécoslovaquie. Un soir, la jeune femme est admise à l’hôpital dans un état grave pour une tentative de suicide. L’inspecteur Netusil (Harvey Keitel) est chargé de découvrir les raisons de cette hospitalisation et si elles sont de nature judiciaire. Toute la nuit, il va pousser Alex à avouer une tentative de meurtre, mais à l’aube, la jeune femme est tirée d’affaire : puisqu’il n’y a pas de cadavre, il n’y a pas eu meurtre. Film incroyable, la passion destructrice entre 2 êtres avec une implication extraordinaire de Thérésa Russell dans ce rôle ; d’ailleurs, il faudrait se demander comment et pourquoi ce sont souvent les comédiennes qui donnent de leur corps et de leur esprit dans ce type de film, leur niveau d’implication est tel (comme si le sentimentalisme, la passion étaient quelque chose de spécifiquement féminins, faisant partie intégrante de la psyché féminine, les hommes étant plus rationnels…).
Où l’on se rend compte dans ce film que le personnage d’Art Garfunkel a allégrement manipulé sa fiancée, la poussant à la folie et à des excès en tout genre (hystérie ou alcoolisme…) jusqu’à la tragédie finale. Film étonnant dans sa mise en scène, très seventies, alternant moments d’insouciance ou de bonheur entre les 2 tourtereaux, hospitalisation de la belle, aspect psychédélique et psychanalytique des images. Film baroque à souhait.
https://www.youtube.com/watch?v=e_EQeCYkFRo
L’amour impossible:
Et enfin pour finir en beauté, le prochain film de Catherine Corsini « un amour impossible » qui sortira ce 07 novembre et qui fait déjà le tour des festivals avec succès. D’après le roman de Christine Angot, il nous narre la rencontre une jeune femme, Rachel (Virginie Efira), employée à la Sécurité Sociale dans les années 1950, complexée par son statut social et son métier, qui rencontre un bellâtre (Niels Schneider), bourgeois érudit, qui va l’entraîner dans un amour qu’il considère comme impossible et dont il ne reconnaîtra aucunement la fille, issue de cet amour. Rencontre entre 2 mondes, 2 classes sociales qui ne se comprennent ou ne veulent pas se comprendre. Film aussi sur le statut précaire des femmes ayant un enfant hors mariage à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Lorsqu’un amour est rendu impossible du fait des conventions et normes sociales aliénantes.