Les films sur la passion amoureuse (2).

A la demande générale, et étant donné le succès de l’article précédent sur la passion amoureuse dans les films (cf lien https://culture494.wordpress.com/2016/02/28/les-films-sur-la-passion-amoureuse/) ; allons-y gaiement pour un second article.

L’amour passion:

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Films sur 2 êtres que tout relie, passion destructrice entre 2 personnes jusqu’à la folie, le cinéma pullule de ces films passion ou  la folie des êtres et des sentiments s’exacerbent jusqu’à la déraison. Un bel exemple avec « mon bel amour, ma déchirure » (1987) de José Pinheiro ; film très eighties dans sa posture et dans la description d’un milieu donné (le milieu du spectacle pour elle (Catherine Wilkening) ; le milieu de la nuit pour lui, videur dans une boîte de nuit  (Stéphane Ferrara)). Film passion qui nous fait admirer une Catherine Wilkening incroyable et qui s’engage à fond dans ce rôle d’une comédienne qui vit son histoire d’amour à 100 à l’heure (scène impressionnante d’étreintes).

https://www.youtube.com/watch?v=zI7NvXXbCX4

Passion de son métier, de son mec pour un film devenu culte avec les années. Louis Calaferte et José Pinheiro au scénario. Description aussi des galères mais aussi des joies de la vie de comédiens, d’un monde de création qui exacerbe les passions et les sentiments.

12 PHOTOS D'EXPLOITATION : MON BEL AMOUR MA DECHIRURE de JOSE ...

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Amour passion jusqu’à la mort ; amour entre 2 êtres qui transcende les différences, la vie même, « l’amour à mort »(1984). Film expérimental d’Alain Resnais  qui rentre bien dans ce cadre des films questionnement comme « Providence » (1977), avec cette description de 2 couples qui s’aiment de manière fort différente, mais qui ne veulent pas se quitter, même après la mort. « Ni avec toi, ni sans toi ».

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19447360&cfilm=78.html

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L’amour par delà le bien et le mal:

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Film polémique par contre « portier de nuit » (1974) rentre bien dans le cadre des codes des films néo-nazis qui pullulaient à l’époque, films à tendance SM, sous-genre porno des films néo-nazis. Fascination du mal, l’esclave (Charlotte Rampling) renverse les codes moraux pour dominer et fasciner son ancien maître, un officier SS (Dirk Bogarde) qui la dominait dans un camp de concentration ; elle le retrouve en 1957 dans un hôtel de luxe à Vienne, il y est portier de nuit et elle, femme d’un célèbre musicien. Film polémique qui a fait sensation à l’époque car l’on considérait qu il montrait le monde concentrationnaire de manière light et glamour ; en effet, le film est rempli de flashbacks avec des séquences impressionnantes dans les camps. Une histoire d’ amour contre nature et qui dérange fortement les compagnons de route nazis de ce portier de nuit, incarné par Dirk Bogarde.

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Aspect baroque de ce film par des lumières marquantes, aspect impersonnel des chambres d’hôtel, miroirs déformants à l’intérieur de l’hôtel…ambiance baroque pour un film qui ne l’est pas moins. Passion destructrice marquée par le mal et qui finit en amour total et qui entraînera les 2 tourtereaux à la solitude, à l’isolement (enfermé dans l’appartement du portier de nuit) face à des menaces externes bien réelles (les anciens compagnons de route nazis qui veulent faire un exemple).

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L’amour aliénant:

Et pour se faire plaisir, le superbe film de Nicolas Roeg (« enquête sur une passion »(1979)). Film d’écorché vif, très seventies dans sa manière de filmer avec une Theresa Russell incroyable. Long métrage qui mélange vues psychédéliques, picturales (peintures de Gustav Klimt), gros plans sur le visage de Theresa Russell…

Le « baiser »(1908) de Gustav Klimt:

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A Vienne en Autriche, dans les années 1970,  Alex Linden (Art Garfunkel) et Milena Flaherty (Theresa Russell), un jeune couple américain, y vivent une relation tumultueuse, lui (Art Garfunkel) est chercheur en psychanalyse et elle (Theresa Russell), une jeune Américaine qui a fui, avec son ancien mari, la Tchécoslovaquie. Un soir, la jeune femme est admise à l’hôpital dans un état grave pour une tentative de suicide. L’inspecteur Netusil (Harvey Keitel) est chargé de découvrir les raisons de cette hospitalisation et si elles sont de nature judiciaire. Toute la nuit, il va pousser Alex à avouer une tentative de meurtre, mais à l’aube, la jeune femme est tirée d’affaire : puisqu’il n’y a pas de cadavre, il n’y a pas eu meurtre. Film incroyable, la passion destructrice entre 2 êtres avec une implication extraordinaire de Thérésa Russell dans ce rôle ; d’ailleurs, il faudrait se demander comment et pourquoi ce sont souvent les comédiennes qui donnent de leur corps et de leur esprit dans ce type de film, leur niveau d’implication est tel (comme si le sentimentalisme, la passion étaient quelque chose de spécifiquement féminins, faisant partie intégrante de la psyché féminine, les hommes étant plus rationnels…).

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Où l’on se rend compte dans ce film que le personnage d’Art Garfunkel a allégrement manipulé sa fiancée, la poussant à la folie et à des excès en tout genre (hystérie ou alcoolisme…) jusqu’à la tragédie finale. Film étonnant dans sa mise en scène, très seventies, alternant moments d’insouciance ou de bonheur entre les 2 tourtereaux, hospitalisation de la belle, aspect psychédélique et psychanalytique des images. Film baroque à souhait.

https://www.youtube.com/watch?v=e_EQeCYkFRo

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L’amour impossible:

Et enfin pour finir en beauté, le prochain film de Catherine Corsini « un amour impossible » qui sortira ce 07 novembre et qui fait déjà le tour des festivals avec succès. D’après le roman de Christine Angot, il nous narre la rencontre une jeune femme, Rachel (Virginie Efira), employée à la Sécurité Sociale dans les années 1950, complexée par son statut social et son métier, qui rencontre un bellâtre (Niels Schneider), bourgeois érudit, qui va l’entraîner dans un amour qu’il considère comme impossible et dont il ne reconnaîtra aucunement la fille, issue de cet amour. Rencontre entre 2 mondes, 2 classes sociales qui ne se comprennent ou ne veulent pas se comprendre. Film aussi sur le statut précaire des femmes ayant un enfant hors mariage à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Lorsqu’un amour est rendu impossible du fait des conventions et normes sociales aliénantes.

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https://www.youtube.com/watch?v=9s-6fMiFSL8

Le 22 novembre 1963 et le cinéma américain contemporain.

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Jean-Baptiste Thoret:

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L’historien et documentariste Jean-Baptiste Thoret a très bien analysé dans son livre « 26 secondes, l’Amérique éclaboussée » (éd. Rouge Profond, Pertuis, 2003), que le cinéma américain ne fut plus jamais pareil après, dans sa forme et son fonds. Transformations liées au film d’Abraham Zapruder qui, à l’aide d’une caméra Super 8, a filmé le meurtre de Kennedy lors de cette fameuse journée du 22 novembre 1963 à Dallas. 26 secondes de pellicule où l’Amérique a basculé dans le cauchemar complet, d’une Nation pleine d’allant à l’ère du soupçon généralisé.

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Film édifiant d’Abraham Zapruder qui a connu de nombreuses interprétations et fut un objet fantasmatique, mythologique complet ; il fut aussi objet d’influences filmiques que ce soit « Bloodfeast » de H.G. Lewis (1963) ou le final écarlate de Bonny and Clyde (Arthur Penn, 1967). Métamorphoses des films après ce 22 novembre 1963, influences par exemple sur les films de Brian De Palma, d’Andy Warhol, d’Alan J.Pakula, de Bruce Conner ou d’Oliver Stone…film de Zapruder, repère spatio-temporel (1963) qui a changé les codes des films américains.

JFK - 1991 - Oliver Stone - Kevin Costner : Jim Garrison (avec ...

Dans « JFK »(1992) d’Oliver Stone, le procureur Garrison dit bien que nous sommes passés de la lumière à l’ombre après cet évènement traumatisant, de l’innocence à l’ère du soupçon. Ce film de Zapruder a changé ainsi les codes de la représentation de la violence et du meurtre dans le cinéma américain contemporain. Jean-Batiste Thoret dans son livre « 26 secondes » parle même d’un effondrement du pacte américain de transparence entre le réel et le visible, entre la fiction et la non-fiction, entre un certain positivisme fictionnel et cet événement. Journée traumatisante qui a déréglé la machine hollywoodienne. Evénement à relier aux chocs de la guerre du Vietnam, des assassinats de Martin Luther King, de Robert Kennedy en 1968, de l’affaire du Watergate…avec cette prégnance des images violentes affirmées durant les sixties et les seventies. Nouvelles images, nouvelles formes de violence qui influencèrent fortement les cinéastes du Nouvel Hollywood. Thématiques de la violence mais aussi instrumentalisation des individus, des partis politiques, des médias. On rentre bien ainsi dans l’ère du soupçon aux USA à partir de cette date-là.

Ere du soupçon, car contrairement à des pays comme la France, les USA sont connus pour revisiter leur histoire contemporaine assez rapidement, que ce soit la guerre du Vietnâm ou justement, ce meurtre de JFK en 1963.

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Jean-Baptiste Thoret le rappelle bien, la tragédie de Dallas constitua je cite « une expérience collective unique en matière de réception », mais aussi un fait esthétique majeur. Le film de Zapruder et ses diverses configurations ont influencé de manière directe et indirecte les films US contemporains.. Typologie et influences que JB Thoret essaie de mettre en place:

Le meurtre au cours de la parade:

Nashville, A cause d’un assassinat, Blow Out, Dans la ligne de mire.

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Le sniper: le cadre comme cible.

La cible, l’inspecteur Harry, le Chacal, A cause d’un assassinat, la théorie des dominos, Meurtre sous contrôle, Snake Eyes, Conversation secrète, Phantom of the Paradise.

A cause d'un assassinat - film 1974 - AlloCiné

La Théorie des Dominos (1977) | Horreur.net

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L’éclatement et l’éclaboussure:

Bonnie and Clyde, Soldat bleu, Voyage au bout de l’enfer, Furie, Zombie…

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Le couple médiatique et sa défiguration:

Phantom of the Paradise, A cause d’un assassinat, Carrie…

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Plan-séquence et tous les découpages:

Tous les films de Brian de Palma

Le found footage ou le film amateur comme clé de l’enquête:

La Fugue, Blow Out, Special Effects…

Blow Out:

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L’interprétation (d’un son, d’une image ou d’un film) et son vertige:

Greetings, Conversation secrète, les 3 jours du Condor, la Fugue, Blow Out…

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La conspiration:

A cause d’un assassinat, les 3 jours du Condor, Conversation secrète…

Conversation secrète:

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Ainsi, après le film de Zapruder, 2 visées radicalement opposées se font face pour résoudre l’énigme JFK: 1) résoudre par la fiction l’énigme KENNEDY en se plaçant sur un terrain historique (vérité qui s’oppose au mensonge comme la fiction à la réalité) et 2) Une seconde fondée sur les vertus spéculatives de l’image cinématographique, et pour laquelle investigations esthétiques et politiques se confondent.

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De ce film de Zapruder, il y a crise de la représentation des personnages de fiction et des faits. Dans « JFK », il y a re-représentation du film de ZAPRUDER entre l’arrivée du cortège sur Elm Street et la fuite de la limousine vers la bretelle d’autoroute. Faux raccord par 3 coups de feu entre l’événement et son image. « JFK » regorge d’effets ou de figures de style cinématographiques: reconstitution avec minutie de l’événement, suppression du hors-champ par injection de nouvelles images, remontage discursif, prolifération des points de vue, explication des détails. « JFK » cherche toujours à en revenir au film de ZAPRUDER, quitte à le fictionnaliser ou à y rajouter de nouvelles images.

Bonnie and Clyde:

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Ainsi, le film d’Oliver Stone cherche, par la fiction, a comblé les manques originelles du film de ZAPRUDER. Autre cinéaste influencé, Brian de Palma, pour qui ce court film sert de nombreuses références (cas flagrant de Blow Out) ; même phénomène avec Arthur Penn et la scène finale du carnage de « Bonnie and Clyde »(1967). Autre influence sur le cinéma de genre ou cinéma gore, avec une affirmation de la violence comme dans « la horde sauvage » de Peckinpah, « la nuit des morts vivants », « Massacre à la tronçonneuse » ou « la dernière maison sur la gauche ».

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Autre réalisateur sous influence directe de l assassinat de JFK, Alan J Pakula avec son génial « the parallax view »(1974), second opus  de sa trilogie complotiste (« Klute, les hommes du Président… »). Film très étrange, très complexe dans sa narration ; film qui emprunte la structure du film dossier et  suit un journaliste, Joe Frady (Warren Beatty), qui après  le meurtre d’un sénateur et la disparition inquiétante de plusieurs témoins de l’assassinat, reprend le cours de l’ enquête et découvre l’existence d une organisation (la Parallax Corporation)  spécialisée dans le recrutement d’ individus violents ou fragiles qu’elle transforme en assassins.

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Film dans la lignée des longs métrages calibrés, des personnes programmées, du style « The Mandchurian Candidate » (1962). Le titre du film renvoie à la visibilité du réel ; réel que l’ on peut observer  sous plusieurs angles et à diverses échelles. Film  que l’ on peut ainsi problématiser comme suit, rapports conflictuels visible/réel. Ce que l’on voit participe-t-il bien du réel?

Film complètement parano dans sa structure même. « À cause d’un assassinat » renvoie même dans une séquence fameuse à la commission Warren et à ses juges anonymes qui décrètent qu’ il n y a pas eu de complot ; ils utilisent les mêmes termes que la commission Warren pour affirmer la main sur le coeur que bien sûr tout cela n’est qu’affabulation et invention ou fantasmes de journalistes en mal de sensations.

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Film « à cause d’un assassinat » qui montre bien la dichotomie entre les préoccupations disons triviales de ce sénateur Hammond (jouer au golf) et cette faculté des Américains à développer des phases mythologiques de leur propre histoire. Crise de représentation qui se pare d’une crise idéologique (temps historique/temps mythique). Par ce film, les hommes politiques ou simples citoyens sont juste inféodés au rang d’appendice ou de rouages techniques qui les dépassent.

Les 3 jours du condor:

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Rouages techniques impuissants face à des structures ou mercenaires déterminés, avec la fameuse scène d’ouverture des « 3 jours du Condor »(1975) de Sydney Pollack. En effet, une troupe de mercenaires et d’assassins vont se charger de tuer tous les employés d’une société secrète liée à la CIA ; société secrète chargée de décrypter dans les romans, journaux, mémoires, tracts ou BD les preuves de complots qui peuvent viser les USA et leur gouvernement. Le début du film est remarquable car il nous montre ces fameuses machines à décrypter, à analyser les écrits mais qui ne servent finalement à rien face à des tueurs déterminés (impuissance de la technologie face à la détermination humaine).

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Pour Jean-Baptiste Thoret, le film « les 3 jours du Condor »(1975) démontre la vacuité des réseaux ou progrès technologiques face au complot menaçant ; les multinationales ou autres mafias du crime sont tellement puissantes qu’elles se font fi des agences gouvernementales ou autres technologies. Et le film démontre même que tuer des personnes ou des personnalités politiques, c’était de l’ancien temps, cela n’a plus lieu d’être, c’est de l’artisanat d’une certaine manière. En effet, tuer la tête du pouvoir ne sert à rien (visibilité du pouvoir) face à la multiplicité des réseaux de pouvoir et à leur connexion infinie (invisibilité du pouvoir). Le haut de la pyramide du pouvoir ne sert finalement à rien face à des réseaux multiples et tentaculaires.

La bibliothèque du Congrès:

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Et si dans « les 3 jours du condor », c’est à la périphérie (le fameux condor) que l’intrigue et l’histoire se résoudront ; dans « les hommes du Président »(1976), Bob Woodward et Carl Bernstein sont, eux au centre du dispositif ; symbolisé par le fait qu’ils restent au centre du cadre (plan au-dessus d’eux sur la bibliothèque du Congrès, symbole absolu du savoir). Dans « les hommes du Président », il y a concentration des lignes et des noeuds pour relier le centre du pouvoir. Alors que dans « les 3 jours du condor », la périphérie va résoudre le noeud de l’affaire.

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Pour « Conversations secrètes » de Coppola, Harry Caul (Gene Hackman) est, lui, au centre du réseau ; c’est un personnage qui se confond avec la menace ou le réseau extérieur. Pour lui, être c’est être surveillé ; il ne fait qu’un avec ses machines de surveillance. Il n’a pratiquement pas de vie privée, s’habille toujours de gris, sa maison est composée de meubles tristes et communs…il n’existe que par ce qu’il surveille ou écoute. C’est un être sans humanité, qui se raccroche à ses machines et à son savoir-faire afin d’exister. Il est, lui-même, le réseau qu’il surveille et dont il va se laisser déborder à la fin du film.

Nicolas Pariser: filmer les rapports de force politiques.

Nicolas Pariser:

Le réalisateur Nicolas Pariser.

A l’heure de l’affaire Bénalla, où l’on se rend compte des ramifications ou interactions étatiques sur le plan sécuritaire, où l’on se rend compte que diverses responsabilités sont diluées entre structures parallèles contradictoires (Cabinet de L’Elysée, préfecture de police de Paris, ministère de l’Intérieur…) ; Nicolas Pariser, par sa filmographie (cf lien https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Pariser), s’est toujours intéressé à mettre en avant ces rapports de force, à filmer des groupes ou structures aux intérêts divergents (Rédaction culturelle avec « Agit Pop », partis politiques, structures parallèles ou hommes de l’ombre avec « le grand jeu »…), le tout mâtiné de références ou concepts idéologiques qui dépassent le simple citoyen (personnage de Melvil Poupaud dans « le grand jeu »(2015)). La comédie humaine selon Nicolas Pariser.  

DV: Votre film « le grand jeu »(2015) m’avait frappé par sa radicalité et ses références explicites à des idées ou concepts semi-anarchistes ou situationnistes, références voulues qui parsèment ce film? Références politiques du fait de vos passages en université?

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Nicolas Pariser: Les références littéraires ou à la critique sociale ne proviennent pas de mon passage à l’université. J’y ai passé beaucoup de temps mais ai été un étudiant médiocre, peu investi et, in fine, très peu diplômé. Les livres dont je parle ou dont je m’inspire viennent plutôt de la fréquentation assidue des librairies du Quartier latin. On ouvre les livres, on les feuillette, on les achète parfois, on les lit (souvent des années plus tard).

DV: Toujours dans « le grand jeu », vous faites bien référence au mouvance de l’ultragauche et leur vie en communauté (du style celle de TARNAC)? Et d’ailleurs, que pensez-vous de l’affaire Julien Coupat? Un fiasco gouvernemental sous l’ère SARKOZY, vu comment ca c’était terminé…

Julien Coupat et Mathieu Brunel:

Julien Coupat et Mathieu Burnel, Envoyé spécial du 8 mars 2018 sur france2.

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NP: L’affaire de Tarnac est un tel désastre judiciaire qu’il n’est sans doute pas la peine d’en rajouter. En fait, je voulais aux alentours de 2009 ou 2010 adapter Sous les yeux de l’occident de Joseph Conrad dans la France d’aujourd’hui mais cela m’a vite semblé très compliqué, voire impossible dans la mesure où il me semblait que l’Etat contemporain se fichait un peu de l’extrême gauche. C’était manifestement une erreur puisque l’affaire de Tarnac a eu lieu, avec un côté tout à fait anachronique. Je me suis donc dit que je pouvais finalement partir du livre de Conrad et que la réalité rendait ma fiction crédible. Après, dans mon film l’affaire est une manipulation orchestrée par une partie de l’appareil d’Etat alors que dans la réalité, il semble qu’elle ne soit que la conséquence d’une ubuesque série d’incompétences.
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DV: De manière générale, vos films et courts métrages mettent en avant des notions ou concepts idéologiques difficilement filmables (l’omnipotence de l’Etat, comment déstabiliser certains hommes politiques ou partis ou manipuler l’opinion politique française…), concepts facilement filmables ou à mettre en fiction?
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NP: Je filme beaucoup des gens qui parlent. Je ne les filme pas parlant pour donner des informations au spectateur mais pour essayer de montrer ce qu’ils pensent, ce qui les anime. La parole, dans mes films, peut aussi être une arme ou au moins un outil. Ce que vous trouvez difficilement filmable se retrouve donc hors champs mais comme au cinéma le hors champs est plus important que ce que l’on voit, cela me semble être une bonne méthode.
DV: Le casting du film « le grand jeu » a été aisé à mettre en place? (André Dussolier, Melvil Poupaud, Clémence Poésy…).
Melvil Poupaud et Clémence Poésy:
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NP:A vrai dire pas vraiment. Les comédiens ont été très vite intéressés par le projet. Et comme il s’agissait de mes premiers choix, cela a été assez rapide. Ce qui a été plus compliqué a été le financement du film qui a duré environ 2 ou 3 ans (après 2 ans d’écriture).
DV: Votre génial court métrage « AGIT POP »(2013) met en avant la vie d’une rédaction culturelle (moi-même, je fus pigiste sur le site culturel nantais FRAGIL, cf lien http://archives.fragil.org/focus/2229, je me suis en partie reconnu dans la vie de cette rédaction, dans le côté foutraque notamment mais avec moins de tensions entre rédacteurs, la plupart étant bénévoles), les rédacteurs cinéphiles sont vraiment de si gros fumeurs que ça ?
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NP: Il y a quinze ans, on fumait encore beaucoup à la sortie des projections de presse. Dans Agit Pop, c’était surtout un gag.
DV: Vos derniers coups de coeur en séries TV, en films, BD ou livres?
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NP: C’est un peu compliqué, je prépare mon nouveau film donc je ne suis pas très disponible pour lire ou voir des films qui n’ont pas de rapport avec mon travail. Par ailleurs, je ne regarde plus du tout de séries (sauf la troisième saison de Twin Peaks qui comporte, à mes yeux, de nombreux moments sublimes). Pour les films, j’en ai vu peu en salle cette année par contre j’ai découvert et aimé pas mal de film en dvd ou bluray : Manille de Lino Brocka, The Terrorizer d’Edward Yang ou encore Mc Cabe and Mrs Miller de Robert Altman que je n’avais vu que dans une copie catastrophique. Dans les livres que j’ai aimé cette année (en vrac) : Une poignée de Cendres de Evelyn Waugh, Daimler s’en va de Frédéric Berthet, L’héritage des espions de John Le Carré, Une jolie fille comme ça de Alfred Hayes, Deux années sur le gaillard d’avant de Richard Henry Dana Jr et Enlevé de Stevenson.
DV: Votre prochain projet cinéma?
NP: Je tourne à partir du 20 août mon nouveau film, Alice et le maire avec Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier. Il s’agit d’une comédie politique se déroulant essentiellement dans la mairie d’une grande ville de province. J’espère que le film sera prêt à la fin du printemps ou au début de l’été 2019.

Sauvons Intello BG 75!

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Chers amis lecteurs, il y a des moments où il faut savoir prendre parti et des moments où il faut savoir s’engager (comme MACRON!).

Victoria Spick et le mâle dominant:

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Et des moments où il faut aller de l’avant ; donc défendons un personnage fictionnel dans l’immense film de Justine Triet, « Victoria », à savoir l’ inénarrable Intello BG 75. INTELLO BG 75 Kézako? Mais si,  vous savez bien un des mecs que Victoria Spick, du film « Victoria »(2016),  rencontre sur Internet. Alors amis lecteurs mâles, si toi aussi tu as traîné sur des sites de rencontre à la recherche d’une partenaire féminine et que tu t’es embarqué dans des histoires bien glauques, alors Intello BG 75 est aussi ton ami (mais si!). Moi, mon pseudo, c’était « gros chibre 85 » (et ouais!).

Après l’effort, le réconfort:

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En même temps, en voilà un personnage magique. En l’espace de 2 minutes, Intello BG 75 nous montre le côté tragique de ces pseudo-rencontres amoureuses: dans des lieux anonymes et dans des grands ensembles bien glauques.  Oh oui! Nous sommes avec toi INTELLO,  les pauvres mâles anonymes dont les sites de rencontre servent de liaisons amoureuses dangereuses, avec les pseudos bien délirants. Tu n’es pas seul INTELLO BG 75!! Et surtout réaffirmons nos valeurs masculines face à ces mantes religieuses qui nous oppressent (mais si!) et les films pro-féministes qui vont avec. Oui INTELLO BG 75, tu voulais je cite « te noyer dans le sexe », eh bien va-s-y l’ami, ne te gêne pas ; on est avec toi et n’oublie pas de toujours piquer par la même occasion les petites culottes de la belle, voire plus (Tous les vêtements tant qu’on y est).

Ouais, en même temps, revenons à un cinéma avec des films bien virilistes ; ouais mon pote! Et comme on dit dans « le père noël est une ordure »(1982): « BRONSON AVEC NOUS!! BRONSON AVEC NOUS!! »(personnage de KATIA, incarné par Christian Clavier). Rendez-nous les vrais mâles au cinéma: les Stallone, les Schwarzenegger, les BRONSON, les CHUCK NORRIS…

KATIA dans « le Père Noel est une ordure »(1982):

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On va leur péter la gueule aux niakoués:

Test du DVD / Blu-ray Rambo II, la Mission

 

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Moi aussi, j’ai les mêmes (muscles):

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Hou qu’ils ont l’air méchant:

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