https://www.youtube.com/watch?v=BboKKBYx7-0
La dernière Palme d’Or pour « Parasite »(2019) de Bong Joon-ho nous rappelle la modernité et le dynamisme des films coréens et leur visibilité mondiale.
Thématiques des marges et du milieu pour une société coréenne hyperhiérarchisée, très compétitive economiquement mais qui demeure aliénante sur bien des points ; « parasite » rentre bien dans ces codes sociaux inversés et le médium cinéma permet cette remise en cause des personnages dans leur intimité sociale. Inversion des rôles et des valeurs ; chacun a ses raisons et les moins aisés encore davantage. Inversion des rôles et des valeurs pour montrer les faussetés d’une société sans âme, ni les mêmes valeurs afférentes.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=180360.html
Exemple ci-dessus avec ce film de 2010, « the housemaid »(2010) d’Im Sang-Soo ; une aide gouvernante, appelée Seuny, est engagée dans une riche famille bourgeoise ; le père de familleHoon la prend comme maîtresse ; s’en suit un bouleversement familial et social fort.
Valeurs liées à l’argent, aux pouvoirs symboliques liés à la position sociale. Le médium cinéma nous permet de voir une inversion des rôles ou une adaptation dans tous les domaines à l’habitus des personnes aisées (En Europe, nous avons aussi ce type de films, exemple-type: « journal d’une femme de chambre »(1964) de Bunuel et « Théorême »(1968) de Pasolini).
https://www.youtube.com/watch?v=PrylX3S1Mgk
https://www.youtube.com/watch?v=oCGVIg1ksYU
Remise en cause des modes de vie et des valeurs de ces sociétés coréennes, avec des scènes de sexe crues, une inversion des valeurs. Dérèglement des comportements, des scènes intimistes ou des mots et cela se reflète dans la mise en scène des films . Sociétés conformistes où les images, la fiction peuvent remettre en cause fondamentalement ces corps sociaux dans leur certitude.
Et cela passe par des films « théoreme » où chaque personnage est poussé dans ses retranchements. Critique sociale et politique en sous-main avec notamment « the president’s last bang »(2005) d’Im Sang-Soo. Avec cette histoire de l’assassinat de son Président Park Chung Hee en 1979, par le directeur du KCIA ; là nous sommes effectivement dans les marges politiques où certains hauts fonctionnaires décident de se débarrasser du dictateur pro-US Park Chung Hee, au pouvoir depuis 1962.
Film remarquable pour un épisode pas très connu dans l’histoire asiatique ; unité de lieu pour ce film, la maison du Président où aura lieu l’assassinat du Président ; unité de temps et d’action (une seule nuit pour assassiner le Président coréen). Film sur l’aliénation et la vanité du pouvoir pour des gens qui recherchent encore une certaine forme de pureté dans leur métier face à la corruption intrinsèque de cette société coréenne, d’où l’assassinat du plus corrompu, leur Président Park Chung-Hee .
https://www.youtube.com/watch?v=m2Gr-xZNtXo
https://www.youtube.com/watch?v=8lMBoY8-d_M
Autre film d’Im Sang-Soo sur l’aliénation « l’ivresse de l’argent »(2012), celle d’une famille très riche d’industriels coréens, la famille Paik qui va embaucher un certain Young-Jak comme secrétaire et homme à tout faire. Tellement homme à tout faire qu’il servira d’objet sexuel pour la femme du patriarche et se rendra compte que les affaires industrielles de cette famille sont d’abord liées à la mafia coréenne. Même exercice de style pour ce film, la personne étrangère qui s’introduit dans une riche famille et y découvre corruption, sexe et mensonges à tous les étages.
https://www.youtube.com/watch?v=wqL_KSYyr9I
Autre film sur les marges asiatiques avec Hirokazu Kore-Eda avec son « affaire de famille »(2018), Palme d’Or qui nous montre aussi les liens filiaux à l’intérieur d’une même famille, ce que le déclassement peut engendrer comme casse sociale, mais solidarité filiale. Honte sociale qui ressoude une famille japonaise qui participe à toutes les filouteries des parents, vols à la tire notamment.
https://www.youtube.com/watch?v=Iog8hu78AMw
Même chose pour ce film « a bittersweet life »(2005) de Kim Jee-woon sur les marges de la mafia japonaise, les fameux yakusas ; le pitch: Kim Sun-Woo est un directeur d’hôtel efficace et moderne ; c’est aussi le bras droit de Kang. D’ami et d’homme de main fidèle, il va devenir son pire ennemi après un contrat non-effectué. Film sur la fidélité et l’aliénation de ces triades, des relations quasi-filiales entre leurs membres. Personnes qui auraient un certain code d’honneur mais qui ne serait qu’un leurre face à la corruption généralisée de cette caste dans ses moeurs et ses actions.
Et pour finir en beauté, retour sur le génial et incroyable « Lady Vengeance »(2005) de Park Chan-Wook, là les marges deviennent centre pour cette histoire d’une vengeance d’une certaine Lee-Geum Ja injustement condamné pour le meurtre d’une jeune enfant et qui prépare, avec minutie, sa vengeance face au véritable coupable. Dans ce film complètement fou, toutes les valeurs sociales sont inversées pour une société coréenne devenue hors contrôle, où cette jeune femme, devenue véritable pieta de la vengeance, cherche à se venger encore et toujours de tous les maux qu’elle a subis…à la fin, il n’y a ni valeurs, ni codes moraux qui existent encore. Film de cinglés, infaisable en Occident, mais tellement jubilatoire dans sa folie et sa démesure.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18402467&cfilm=61182.html