Quentin Tarantino, cet écrivain et critique cinéma.
Si lors d’un brillant (mais si!) article précédent, je rappelais en quoi, par ces procédés cinématographiques (cf https://culture494.wordpress.com/2018/07/10/les-figures-de-style-cinematographiques-dans-les-films-de-quentin-tarantino/), Quentin Tarantino se révélait être un cinéaste postmoderne touchant à bon nombre de genres cinématographiques (la Blaxploitation, le kung-fu, la série Z, le film noir ou néonazi…).
Le dernier « Première » nous le confirme, Quentin Tarantino se veut actuellement plus écrivain que cinéaste ; rédaction d’articles sur le site de son cinéma « New Beverly »(son cinéma de Los Angeles) et ses écrits seraient d’un ton particulièrement déjanté (comme ses films d’ailleurs) ; écrits sur les films du passé ou de genre, du style Kung-Fu, Blaxploitation, productions Roger Corman, séries télés oubliées, films oubliés ou nanars resplendissants (exemple du « Prophecy »(1979) de John Frankenheimer…) ; Tarantino sait affirmer et rédiger toute sa culture cinématographique avec brio et passion.
https://www.youtube.com/watch?v=Xe_ZQk_Rs98
Son dernier film que j ‘ai moyennement apprécié (trop référencé…) « Once upon a time in Hollywood »(2019) paraissait le summum de sa culture cinéphilique (un peu trop même…) ; film trop fétichiste, un film fantasme sur toute une époque et une ville (le Los Angeles de 1969…).
https://www.youtube.com/watch?v=_x8ejzgfev8
https://www.youtube.com/watch?v=3SUmUnLMWYQ
Entretien de « Première » où Tarantino parle de ses influences critiques et cinéphiles, dont Andrew Sarris et son « the American Cinema » et bien sûr Pauline Kael (critique et écrivaine préférée pour Tarantino…) qui a fait l ‘apprentissage esthétique et cinéphilique du réalisateur Tarantino…autre influence Peter Rainer du « Herald Tribune », Carol Clover et son livre sur les films d’horreur (« des hommes, des femmes et des tronçonneuses »), analyse définitive du slasher selon Tarantino. Autre somme à assimiler selon lui « le Film Encyclopedia » d Ephraim Katz…
Entretien de « Première » à marquer d’une pierre rouge car selon lui, la vraie critique cinéphile et érudite est en voie de disparition ; en effet, toujours selon lui, trop d’imprécisions ou d’approximations parsèment les écrits des critiques, que ce soit sur Internet ou dans les journaux papiers. Alors Tarantino, vieux réactionnaire? Non un réalisateur exigeant avec sa passion et l ‘écriture cinématographique.
Et toujours dans cet entretien, Tarantino nous délivre ses recettes pour faire une bonne critique: à savoir quelque chose d’intéressant à dire, de bons arguments à développer, des trucs ou anecdotes passionnants à raconter sur les acteurs ou l ‘histoire du film…et transcender ainsi l ‘article pour développer ou narrer quelque chose qui dépasse le film et fait sens sur l ‘œuvre du réalisateur ; l ‘œuvre doit se révéler ainsi aux lecteurs…le tout dans un style d ‘écriture dynamique et positif afin de persuader le futur spectateur que le film bientôt vu sera une expérience visuelle des plus mémorables.
Lui-même l ‘affirme, il est actuellement satisfait de son écriture, de sa syntaxe approfondie et de son style littéraire…Il sent qu ‘il a progressé dans cet exercice de style ; critique cinématographique qui s’apparente, selon moi, à la critique littéraire et donc à la littérature elle-même (Théories de Gérard Genette par exemple).
Citations didactiques de Gérard Genette:
“( transtextualité ) : « tout ce qui met un texte en relation, manifeste ou secrète, avec un autre texte »”
Le cinéma:
« Chacun sait que la naissance du cinéma a modifié le statut de la littérature : en lui volant certaines de ses fonctions, mais aussi en lui prêtant certains de ses propres moyens. Et cette transformation n’est évidemment qu’un début. Comment la littérature survivra-t-elle au développement des autres moyens de communication ? »
La figure:
La figure, c’est à la fois la forme que prend l’espace et celle que se donne le langage, et c’est le symbole même de la spatialité du langage littéraire dans son rapport au sens. L’hypertextualité, à sa manière, relève du bricolage. C’est un terme dont la connotation est généralement péjorative, mais auquel certaines analyses de Lévi-Strauss ont donné quelques lettres de noblesses. Je n’y reviens pas. Disons seulement que l’art de « faire du neuf avec du vieux » a l’avantage de produire des objets plus complexes et plus savoureux que les produits « faits exprès »: une fonction nouvelle se superpose et s’enchevêtre à une structure ancienne, et la dissonance entre ces deux éléments coprésents donne sa saveur à l’ensemble.
L ‘hypertextualité:
L’hypertextualité, à sa manière, relève du bricolage. C’est un terme dont la connotation est généralement péjorative, mais auquel certaines analyses de Lévi-Strauss ont donné quelques lettres de noblesses. Je n’y reviens pas. Disons seulement que l’art de « faire du neuf avec du vieux » a l’avantage de produire des objets plus complexes et plus savoureux que les produits « faits exprès »: une fonction nouvelle se superpose et s’enchevêtre à une structure ancienne, et la dissonance entre ces deux éléments coprésents donne sa saveur à l’ensemble.
Le critique:
Le critique ne peut se dire pleinement critique s’il n »est pas entré lui aussi dans ce ce qu’il faut bien appeler le vertige, ou si l’on préfère, le jeu, captivant et mortel, de l’écriture.
L esthétique:
[L]’autonomie du jugement esthétique, qui tient à son caractère radicalement subjectif, n’exclut pas toute évolution, elle exclut seulement qu’une appréciation soit authentiquement modifiée par l’effet d’une argumentation ou d’une influence extérieure, sans que le nouvel « ensemble de normes et de valeurs » ait été intériorisé, et que ce nouvel ensemble ait été intégré à une personnalité, elle-même modifiée en profondeur.