Rui Nogueira: le cinéma selon Jean-Pierre Melville (éd.les cahiers du cinéma, 2021)

Il est des rencontres fortuites qui sont salvatrices et formatrices ; comme la rencontre par hasard de Rui Nogueira, célèbre critique d’origine portugaise au festival du film de la Rochelle 2021.

Bon pied, bon oeil Rui Nogueira qui venait dédicacer son fameux livre sur Jean-Pierre Melville ; livre réédité (dont l ‘édition originale date depuis 1973), mais toujours d’actualité. Discussion à bâtons rompus sur Jean-Pierre Melville, cinéaste qui annoncerait la Nouvelle Vague et dont l ‘épure fictionnelle s’est forgée de film en film pour tendre vers l ‘abstraction.

Livre passionnant pour de vrais cinéphiles, ce livre se décompose en plusieurs entretiens qui reviennent sur les grands films de Jean-Pierre Melville, que ce soit « le silence de la mer », « le doulos », « le cercle rouge » ou « le samouraï ». Où l ‘on s’aperçoît que JP Melville a bien conscience de « construire » une oeuvre avec les années ; il explique son fonctionnement intellectuel et pratique et pourquoi, il choisit telles thématiques plutôt qu’une autre. Se dessine ainsi un véritable fan de cinéma, très cinéphile qui porte très haut le cinéma noir américain.

Oliver Stone: « A la recherche de la lumière »(Ed. L’Observatoire, 2020).

En voilà une autobiographie qu’elle est excellente! Peut-être la meilleure biographie cinéma que j ‘ai lu (avec celle de William Friedkin). Un livre très bien écrit et argumenté qui revient sur le parcours hors norme en tant qu’artiste et réalisateur d’Oliver Stone, des années 1960 aux années 1980.

Un parcours sinueux, ombrageux à l ‘image du personnage, mais une biographie remarquable qui nous montre qu’être un réalisateur singulier, avec un univers propre, et bien c ‘est extrêmement difficile. Qu’avant d’accoucher de films aussi singuliers que « Platoon » ou « Salvador » quel parcours du combattant, il faut affronter, beaucoup de reniement, de refus voire de souffrances.

https://www.youtube.com/watch?v=Od1wfZe6EvE&t=21s

Livre passionnant, très personnel et intime qui nous détaille un Oliver Stone des années 1960 aux années 1980 ; un Oliver Stone rentrant de la guerre du Viêtnam et s’installant à New-York pour des études de cinéma réalisées dans la douleur et l’après Viêtnam, avec un certain Martin Scorsese comme professeur de cinéma…Le passage comme lieu d’habitation de New-York à Los Angeles aussi et ses studios de production.

D’abord scénariste, Oliver Stone a vraiment du mal à placer ses scénarios ; il galère face à une industrie et des producteurs sourds à ses thématiques ou à son positionnement (scénarios considérés comme trop crus ou trop politiques).

Cette autobiographie est passionnante car elle mélange l ‘intime et le professionnel ; les échecs professionnels avec les échecs personnels (Divorce d’avec son premier mariage notamment) jusqu’au triomphe de « Salvador »(1986) puis de « Platoon »(1986). Livre qui montre la dureté de ce milieu, l’omnipotence des producteurs et des agents, les fausses promesses ou les fausses espérances, les films qui ne se font pas.

S’estimant chanceux de vivre de sa passion et d’évoluer dans l ‘industrie du 7ème Art, Oliver Stone a participé à l ‘élaboration et aux scénarios de films comme « Scarface » ou « Midnight express » ou « l’année du dragon »‘(1987), ce qui nous vaut des descriptions « gratinées » de personnages comme Michael Cimino, Alan Parker, Al Pacino et même Brian de Palma pour « Scarface ». Livre passionnant car Oliver Stone ne s’épargne pas, il nous décrit ses addictions à la drogue, ses manques scénaristiques ou ses manques professionnels tout courts, les relations houleuses d’avec son père et surtout sa mère (d’origine française).

Mais l ‘originalité du livre, ce sont les détails de tournage, les détails de production et les relations avec les acteurs (la troupe d’acteurs de « Platoon », la dureté de la jungle philippine notamment…). Oliver Stone nous décrit très bien aussi les mécanismes de production, de réputation aussi ; comment on peut passer de scénaristes à succès à réalisateur n ‘ayant aucun succès jusqu’aux triomphes critiques et publics de « Platoon »(1986).

Une autobiographie remarquable et positiviste à souhait. Toujours y croire finalement pour réaliser ses rêves.