Fred Duval: « En signant huit albums par an, je n’estime pas surproduire! »

Encore une fois, recyclons, recyclons! Voilà un entretien de 2015 avec Fred Duval, scénariste complet, passant aussi bien du style SF, qu’aux séries policières qu’à l ‘uchronie et au steampunk. Du bon, du beau, du vrai et du pourtant pas frais, merci qui? Merci Dominique Vergnes…

Fred Duval est un scénariste polyvalent qui, comme Eric Corbeyran, a accompagné l’éclosion de la maison d’édition BD « DELCOURT » à l’orée des années 1990, avec des séries SF remarquables comme « Travis » ou « Carmen Mac-Callum ». Séries aux scénarios classiques mais efficaces avec des personnages individualistes qui se mouvent dans des mondes futuristes hostiles, mondes marqués par l’avènement de nouvelles technologies et la suprématie de firmes multinationales.

Rencontre avec un scénariste qui a tâté bon nombre de genres scénaristiques, à savoir: le thriller, la BD futuriste, d’anticipation, la série littéraire ou historique…Rencontre enfin avec un scénariste qui a un vrai point de vue sur l’état actuel de la BD et a collaboré avec bon nombre de dessinateurs différents.

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Crédit: Olivier Roller

Bonjour Fred Duval, vous avez étudiez l’Histoire. Que vous ont apporté ces années d’étude, concrètement, d’un point de vue scénaristique

Des connaissances bien entendu et surtout de la méthode pour travailler. Rechercher de la documentation, la classer. Mais rien d’un strict point de vue de la technique scénaristique.

Pourquoi le genre SF vous attire tant? Et quelles sont vos influences SF en roman, cinéma ou personnages…?

J’ai été un jeune lecteur de Jules Verne, puis j’ai découvert le cinéma de science fiction dont les histoires étaient souvent calquées sur les westerns que j’adorais, enfant ( j’avais 12 ans à la sortie de “Star Wars”). Vers 1977, 78, j’ai découvert “Pilote”, puis  “Metal Hurlant” et là ça a été le basculement définitif, les bd de Druillet ont été les plus importantes, surtout « la nuit » …

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Parallèlement, j’ai découvert la littérature SF américaines, Philip K Dick, Norman spinrad, Herbert etc.

Etes-vous surpris par les retours de lecteurs ou de fans de vos séries BD? Je pense à des personnages charismatiques comme Vlad Nyrki ou PACMAN…

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J’apprécie qu’on me parle plus des personnages des albums que j’écris plutôt que des inventions ou péripéties qui y sont décrites.

Vos séries BD SF possèdent un côté altermondialiste (des personnages seuls face à des multinationales qui les dépassent), sous-texte politique voulu ?

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Oui, depuis le début il y a 20 ans, l’idée était de présenter une version décalée de ce qui arrive à la société humaine depuis les années 50 et qui semble inéluctable, que ce soit au niveau de la dégradation de notre environnement qu’au niveau de la conquête par le secteur privé de domaines qui – de mon point de vue – devraient rester mutualisés, publics, financés par l’impôt : l’école, le soin, la défense et dans une certaine mesure l’énergie.

Thierry Joor de Delcourt m’avait un jour confié qu’Éric Corbeyran avait prévu, dès le départ, tous les tomes du « Chant des Stryges », ce fut le cas pour vos séries BD chez Delcourt?

Pas du tout, je fonctionne par cycles courts (5 albums maxi par aventure) et je discute avec les dessinateurs s’ils souhaitent aborder des sujets.

Vous avez accompagné l’éclosion de Delcourt en tant qu’éditeur BD dans les années 1990, que vous a apporté cette collaboration?

J’ai édité 90 % de mes albums chez Delcourt, cette collaboration m’a été bénéfique puisque je vis de mon écriture depuis 20 ans sans avoir besoin de compléments de revenus. Delcourt, c’est une maison qui progresse et évolue depuis bientôt 30 ans, dans le label série B que ce soit avec Vatine et Blanchard au début. Puis, depuis 10 ans, avec Blanchard seul comme éditeur, je pense vivre une vie professionnelle passionnante avec un respect commun et une amitié qui en est née au fil des années. La collaboration assez récente avec Jean-Pierre Pécau comme coauteur de Jour J a été un tournant très important également.

À quand une adaptation cinéma ou télévision des séries « Carmen MacCallum », « Travis » ou autres?  

Je ne sais pas, je m’en préoccupe peu. Depuis 15 ans, les droits de “Carmen” ont toujours été entre les mains de gens de l’audiovisuel, pour le moment rien n’a débouché

La collection « Jour J » est un incroyable concept, c’est vous qui en avez eu l’idée? Ce sont des BD d’anticipation, vous vous documentez beaucoup pour rendre tout cela plausible? (D’un point de vue problématique historique, c’est assez fascinant).

Jour J est une idée de Fred Blanchard qui nous a présenté à Pecau et moi le croquis de la première couverture en 2009 en nous disant avec un clin d’œil : on a le titre, le concept et un principe de couvertures qui seront toutes exécutées par Manchu, à vous d’écrire les meilleures histoires pour les meilleurs dessinateurs.

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Vos derniers coups de coeur en BD? Personnages, séries ou auteurs…

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“L’Arabe du futur” sans hésitation, parce que d’un point de vue d’écriture, Riad Sattouf touche à quelques chose qui se rapporte a la littérature, ce n’est pas fréquent en bande dessinée, je trouve ça fascinant, savoir si ses souvenirs sont exacts n’a aucune importance pur moi , l’intérêt est dans la manière dont on se trouve transporté dans le «  roman » et le style et le geste  de l’auteur.

“L’Ile des femmes” de Zanzim m’a également beaucoup plu

Vous suivez les combats du SNAC-BD?

Je suis adhérent et essaye de suivre ce qui se dit et de l’appliquer s’il y a des consignes. Les auteurs qui s’investissent méritent un sacré coup de chapeau, ces activités « politiques » sont chronophages, et on passe plus de temps a entendre ou lire des reproches des «tu aurais dû faire comme ça » que des remerciements.

Chaque année, plus de 5000 albums BD sont publiés, que pensez-vous de cette surproduction BD? Et comment voyez-vous le marché BD?

Je ne peux pas répondre à cette question en 3 lignes. Il n’y a pas 5000 nouveautés franco belges, mais plutôt 1200, il me semble… je crois en tout cas que tout le monde devrait balayer devant sa porte avant de balancer des jugements à l’emporte-pièce. En ce qui me concerne, je publie 8 albums par an (parfois 7 parfois 10) et je n’estime pas surproduire et suis près à en débattre avec qui voudra.

Vous êtes considéré comme un auteur commercial et de séries (un bon faiseur?) ; en ce sens, pensez-vous que vous ne serez jamais récompensé à des festivals BD (du style Saint-Malo, Angoulême ou Bruxelles…)?

J’ignore qui me considère comme vous le décrivez, en fait…  Je n’écris pas pour avoir des récompenses, d’ailleurs j’en ai reçu quelques unes et c’est toujours un plaisir.

Vos projets futurs en BD et festivals BD?

« Mousquetaire » en janvier avec Calvez, un one shot avec Stéphane Créty qui se déroule en Algérie, un roman graphique édité par David Chauvel chez Delcourt avec Nicolas Sure au dessin.

Pour les festivals, ceux de Seine Maritime (Darnétal, Dieppe) et les Utopiales à Nantes.

Propos recueillis par Dominique Vergnes

Découvrez les séries de Fred Duval: Carmen Mc CallumTravisHauteville HouseJour J et bien d’autres…

Rencontre avec Joe Matt (Yes we can!)

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Dans la série j’ai un sacré réseau de connaissances (merci qui? Merci mon site Rubriques Nantaises), rencontre et entretien avec le génial dessinateur Joe Matt ; de la BD underground américaine de qualité et autobiographique. Un sacré bâtard ce Joe Matt? J’invente rien, c ‘est lui qui se définit comme tel.

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Si j ‘ai déjà écrit sur ce site sur ce héros de la BD underground américaine (cf lien https://culture494.wordpress.com/2017/04/03/joe-matt-et-peter-bagge-auteurs-et-heros-de-la-middle-class-americaine-en-bd/), je rappelle donc que Joe Matt est né à Philadelphie en 1963 et commence à publier ses comics en 1987 et s’installe illégalement à Toronto pendant 10 ans, avec ses complices Seth et Chester Brown. Un représentant du neuvième art contemporain car ses BD sont le plus souvent autobiographiques où il se met en scène enfant, adolescent et même adulte de manière peu glorieuse, mais souvent hilarante.

On y apprend d’ailleurs beaucoup sur le style de vie de la classe moyenne américaine ; d’une famille très croyante (une mère castratrice, catholique bigote mais toujours aimante), une vie adolescente sous le sceau des amis, des bagarres mais aussi d’une soeur bien chiante…Joe Matt se dessine comme un adolescent névrosé, lâche, obsédé sexuel et grand collectionneur de comics…c ‘est clair qu’il ne se rate pas dans ses BD et c ‘est ce qui fait son originalité première et sa drôlerie. Auteur BD introspectif à l ‘image de Daniel Clowes, du génial Peter Bagge ou même d’Adrian Tomine. Ah c ‘est clair que l ‘on est loin de l ‘univers BD des super-héros américains traditionnels.

Entretien réalisé en Anglais, puis traduit en Français (Janvier 2021):

DV: Première question: une réaction aux récents événements du Capitole de début janvier 2021…

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Ma réaction est la suivante: j’aurais aimé que nous puissions larguer une bombe sur le rassemblement de Trump, car il incitait cette foule à la violence et à la haine. C’était une occasion rare, car «les plus stupides des idiots» de toute l’Amérique sont venus et se sont réunis en un seul endroit. Et pourquoi? Pour écouter un pleurnichard, un président narcissique, mentir sur la façon dont une élection lui a été volée? C’est au-delà de la stupidité… et au-delà de l’embarras sur la scène mondiale. Que puis-je dire d’autre? J’attends avec impatience le jour de la mort de Trump et j’espère que ce lâche Parti républicain ne se remettra jamais de son soutien à un crétin aussi totalement incompétent. Mais je ne suis pas si optimiste. S’il y a des choses à retenir des 4 dernières années, c’est qu’un bon tiers des électeurs des États-Unis sont composés d’idiots authentiques et d’ignorants. Une dernière remarque: si le changement se situe quelque part, je suis convaincu que c’est dans le pouvoir de voter et de boycotter. La prise de contrôle de l’Amérique par les entreprises privées a engendré de grandes inégalités et a conduit à l’attrait du culte de Trump à la manière de Hitler… sauf qu’à la place des Juifs, ce sont les libéraux qui ont été décrits comme bouc émissaire. Et sans réforme de l’élection présidentielle… sans séparer les dollars des entreprises des élections (et séparer aussi la Religion et l ‘Etat)), les choses continueront à empirer dans la même voie. Encore une fois, je ne suis pas franchement optimiste.

DV: Êtes-vous surpris par l’accueil et le succès de vos bandes dessinées en France?

Oui, je suis surpris et extrêmement reconnaissant. J’ai eu la chance de visiter Paris en décembre 2018 et j’ai adoré ça.

DV: Ce qui fait la profonde originalité de vos bandes dessinées, c’est leur caractère autobiographique; vous ne vous épargnez pas, vous vous présentez comme un adolescent radin, malingre, capricieux et accro à la pornographie … est-ce vraiment votre personnalité?

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Oui, même si je dirais en réalité que ma personnalité est un peu plus complexe.
J'intériorise beaucoup mais dans l'intérêt des bandes dessinées et de leur lisibilité, il est préférable de simplement MONTRER la colère (ainsi que d'autres émotions), plutôt que de «penser à des pensées en colère». En d’autres termes, en réalité, mes sourcils ne fluctuent pas constamment entre la rage et les pleurnicheries… et ma voix est rarement élevée. Et plus je vieillis, moins mes bras semblent s'agiter pendant que je parle. Mais ce sont des outils efficaces de BD donc ils restent.

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DV: Toujours accro à la pornographie et aux stars du porno? 

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La réponse à cette question est compliquée et va être mieux traitée dans mes bandes dessinées sur lesquelles je travaille actuellement. Mais la réponse rapide est: comme un alcoolique, je serai TOUJOURS accro au porno et à la masturbation compulsive. C’est justement ce vers quoi j’étais attirée en tant que jeune homme, pour me soigner et apaiser tout mes problèmes émotionnels.

DV: Dans "Strip-tease", votre bande dessinée autobiographique, vous décrivez et montrez votre enfance et votre adolescence des années 1970 sous le signe d'une famille très marquée par le catholicisme et la religion (à cause de votre mère catholique notamment...) ; cela vous a-t-il amené à devenir un athée prononcé à l'âge adulte?

Je ne m'identifie pas à l'athéisme. Je me classerai d'abord comme agnostique, mais penchant vers l'indéfinissable. Mon système de croyance actuel est-il une réaction à mon éducation catholique? Bien sûr, mais à la fois dans le bon et dans le mauvais sens du terme. Ce qui m'a été inculqué lorsque j'étais enfant (avant l'âge de 6 ans) était basique et pas du tout dogmatique. C'était plus centré sur Dieu, par opposition au Christ… et c'est ce qui a tendance à rester. Ironiquement, ce sont les tracts comiques pro-chrétiens du télévangéliste Jack Chick, qui m'ont amené à remettre en question le lavage de cerveau de l'Église Catholique, qui à son tour a conduit à ma défiance du christianisme et à toute religion organisée.

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Comic de Jack Schick:

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DV: J'ai écrit un article BD sur mon site Rubriques Nantaises (cf lien https://culture494.wordpress.com/2017/04/03/joe-matt-et-peter-bagge-auteurs-et-heros-de-la-middle-class-americaine-en-bd/) où je fais une comparaison que je trouve pertinente entre votre univers de bande dessinée et celui de Peter Bagge, dans la description peu glorieuse notamment de la classe moyenne américaine...trouvez-vous cela pertinent? Et aimez-vous les BD de Peter Bagge?

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Dans les années 1990, j'ai acheté et apprécié "HATE"… et possédais une collection, «The Best of Neat Stuff». Le travail de Peter Bagge est bien, mais mes goûts ont changé. Je suis de plus en plus intéressé par les bandes dessinées DITES classiques avec leurs côtés nostalgiques (Ces BD incluent: Gasoline Alley, Popeye, Krazy Kat, Little Orphan Annie, Dick Tracy et Barnaby.) Et même si j'en collectionne beaucoup, je n'ai pas encore lu plus de la moitié de ces BD. Alors… j'en ai beaucoup à découvrir.

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DV: Espérez-vous un jour un prix au festival de la bande dessinée d'Angoulême? Et n'êtes vous pas surpris par le tournant artistique très marqué de ce festival depuis le début des années 2000, qui récompense des albums et des auteurs BD avec un univers BD ambitieux et très artistique... du style des auteurs comme  Richard Corben ou Art Spiegelman (ou encore Chris Ware qui est régulièrement nominé pour le Grand Prix d'Angoulême). Bref, la BD est vraiment devenue un Art en soi...

https://www.youtube.com/watch?v=fHKhN5Q45DE

https://www.nouvelobs.com/bd/20220317.OBS55806/festival-de-la-bd-d-angouleme-on-a-visite-l-expo-chris-ware-avec-chris-ware.html

Je ne suis pas au fait des prix et des récompenses! De plus, je n’ai pas publié de nouveau livre depuis plus d’une décennie… donc, d’un point de vue pratique, je ne suis même pas éligible. Mais… si jamais je gagne quelque chose, vous pouvez parier que je serai la première personne à dire que je l’ai mérité, hahaha!



DV: Dans une interview sur mon site Rubriques Nantes, DERF BACKDERF a regretté que vous n'ayez pas plus publié de BD depuis des années. Par paresse? Par manque d'inspiration? 

https://culture494.wordpress.com/2020/11/17/derf-backderf-auteur-bd-trash-de-la-classe-moyenne-americaine/
Hahaha… une autre façon de formuler cette question serait: "C'est quoi votre problème?" Mon problème est multiple et, encore une fois, sera bien traité dans mon prochain livre.
DV: Question qui renvoie à la question 2: ne pensez-vous pas que vous faites partie de ces auteurs de bandes dessinées anglo-saxons qui ont plus de succès commercial et artistique en Europe et en France en particulier qu'aux USA (et comment expliquez-vous ce phénomène?). On retrouve ce même phénomène en littérature (avec Douglas Kennedy ou encore Philip Roth...), au cinéma (Woody Allen est un cas flagrant, gros succès de ses films en France) ou dans la musique rock (Groupe pop anglais TEXAS, plus de succès en FRANCE qu'en Grande-Bretagne par exemple).

Je ne suis pas vraiment sûr du nombre de livres que j'ai vendus dans N'IMPORTE quel pays, y compris aux États-Unis. Je reçois des déclarations, mais je n’enregistre ni ne suis de telles choses. En ce qui concerne les droits d'auteur sur mes livres, les intérêts rentrent en jeu et je me fiche d’où ils viennent! Mais… croyez-moi, c’est TOUJOURS une vie de peu. Une vie TRES chichement gagnée d'auteur BD.

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DV: Il me semble que vous vivez actuellement dans un quartier de Los Angeles, est-ce du fait de vos projets professionnels? D'une éventuelle adaptation par l'industrie cinématographique d'une de vos bandes dessinées?

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J'ai déménagé de Toronto à Los Angeles au début de 2003. Et oui, j'ai déménagé ici pour suivre un projet de série tv (basée sur mes bandes dessinées) intitulée «The Poor Bastard». HBO a donné le feu vert au projet, mais afin d'écrire 3 pilotes différents, dont aucun n'a plu d'ailleurs. Et je ne les blâme pas. Il n’y avait pas de vision claire de la part de quiconque, encore moins de la mienne. Je n'ai jamais eu l'intention ou le désir de faire une série TV, mais un de mes amis producteurs avait envoyé mes livres à HBO et ils les aimaient bien. Mais, il n'y avait pas vraiment de bonne «traduction télévisuelle» de mon univers BD, notamment tout le côté autobiographique, par exemple l'auteur et le personnage principal se confondant dans la BD créant deux mondes distincts au sein de mes BD (le monde «réel» et «la réalité de la bande dessinée»)… rien de tout cela n 'est facilement traduisible à la télévision. Et, je n'avais personne avec la vision appropriée pour tenter quelque chose d'étrange et d'unique avec cette série TV. Donc ça a disparu, mais je suis resté à Los Angeles pendant les 17 années suivantes. Dieu sait pourquoi je suis resté d'ailleurs. Le climat? Je suis un citoyen américain et mon retour au Canada (où j’ai vécu illégalement tout au long des années 1990) semble trop difficile (et probablement trop coûteux). Par conséquent, je reste ici… mais je n'ai pas l'impression d'y être bien inséré. Je ne sais pas à quoi j’appartiens d'ailleurs ni même où je veux être. À plus d'un titre, j'avoue me sentir perdu et seul.

DV: Et une dernière question pour la route et pour le plaisir, vos derniers coups de cœur cette année en séries TV, films ou bandes dessinées?

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Certaines de mes émissions de télévision préférées et assez récentes incluent: "Better Call Saul, Twin Peaks: The Return, Curb Your Enthusiasm, Doc Martin et Monk". Mon émission préférée de tous les temps reste cependant "Northern Exposure", une émission du début des années 1990, sur une petite ville d'Alaska et ses habitants. Que puis-je dire? C’est un fantasme de réalisation: vivre dans une petite ville, où tout le monde est intelligent, amical et intéressant. Au lieu de cela (isolé du fait aussi du Covid19), je suis généralement seul, dans ma chambre… comme aujourd'hui, en tapant les réponses à vos questions! Hahaha!

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Rencontre entre SETH, CHESTER BROWN et JOE MATT au festival SOBD de 2018:

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https://www.youtube.com/watch?v=ae6_w9deu2k

Sur la carrière artistique de Joe Matt:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Joe_Matt







Derf Backderf: auteur BD trash de la classe moyenne américaine.

Rencontre en 2015 avec l’auteur américain Derf Backderf, connu principalement en France par son best-seller « mon ami Dahmer », prix révélation à Angoulême en 2013. Derf Backderf possède un graphisme bien caractéristique, très cru et réaliste à l’image de son idole Robert Crumb. Un auteur qui s’intéresse d’abord à la vie quotidienne des Américains, aux employés, aux gens « invisibles » du prolétariat américain, comme le signale son blog.  Son dernier album, « Trashed » (éd. çà et là, 2015), nous décrit ses souvenirs drôlatiques et pénibles comme éboueur durant sa jeunesse. 

Bonjour Derf, votre BD « Mon ami Dahmer » a eu un impact extraordinaire en France, comment l’expliquez-vous?

Mon ami Dahmer

 Je ne peux pas! Ce fut un best-seller dans bon nombre de pays européens. Mais la réception en France fut vraiment incroyable. Tous mes livres ont très bien marché en France, c’est toujours quelque chose de surprenant pour moi. De toutes les bonnes choses qui me sont arrivées dans ma carrière, mes venues en France sont mes préférées. Je déambule toujours dans Paris en souriant comme un idiot.

DERF BACKDERF à Angoulême en 2013:

47e Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême – à venir - Du 30 janvier au  2 février 2020 - Interview de Derf Backderf, auteur de Mon ami Dahmer, Prix  Révélation 2014

«Mon ami Dahmer » nous décrit une personne très solitaire Jeffrey Dahmer, limite associal et le lycée lui permet de se faire quelques amis ; si nous lui avions tendu la main à temps, peut-être cela aurait-il pu prévenir ces actes criminels par la suite?

Je ne pense pas que Dahmer aurait pu être sauvé. Sa folie était trop grande. Mais certainement, il aurait pu être identifié comme une menace et placé dans un hôpital psychiatrique. Toutes ces victimes ne seraient pas mortes ainsi.

Mon ami Dahmer, l'adolescence d'un serial killer

Votre BD sur Dahmer n’est-elle pas aussi une radiographie de la vie lycéenne de la fin des années 1970?

Bien sûr. Nous appartenons tous à notre temps et au lieu où nous vivons, et ce fut le cas de Dahmer. C’est pourquoi, j’ai voulu raconter cette ‘histoire.

Vous connaissez certainement le film et le livre « le silence des agneaux » de Thomas Harris, qui nous décrit les folies intérieures d’un tueur en série, ne pensez-vous pas que certains États américains engendrent les tueurs en série?

Dernières Critiques du film Le Silence des agneaux - Page 16 - AlloCiné

Je n’ai jamais lu ou vu « Le Silence des agneaux ». Je ne suis pas intéressé par les tueurs en série du tout. C’est trop surréaliste pour moi.. Il semblerait que l’Amérique ait bien plus de  tueurs en série qu’ un pays comme la France par exemple. Mais c’est normal et cela se vérifie  car il y a près de 340 millions d’Américains et seulement 66 millions de Français. Je pense que le pourcentage de tueurs en série par rapport au nombre de population est environ le même. Voilà ce que m’a déclaré par exemple l’écrivain Stéphane Bourgoin.

Peut-on dire que votre BD rejoint la lignée des auteurs BD américains comme Daniel Clowes, Charles Burns, Adrian Tomine dans la description pas très glorieuse de la classe moyenne américaine?

Bien sûr. Il y a de grands personnages et des histoires formidables que l’on retrouve plus spécialement dans la classe moyenne.

Amazon.fr - Insomnie et autres histoires - TOMINE-A - Livres

Votre avis sur la tragédie de « Charlie Hebdo » de janvier dernier?

Ça m’a touché profondément. Je dessinais des caricatures politiques moi-même et j’ai été personnellement menacé au cours de ces dernières années. Je n’ai pas pris ces menaces au sérieux. Ici aux Etats-Unis, l’un de nos caricaturistes politiques a réalisé une bande dessinée sur Mahomet et s’est vu menacé d’ une fatwa d’Al-Qaïda. Ce dessinateur a ainsi abandonné la caricature, puis est entré dans la clandestinité et n’a pas été revu depuis. Les attaques sur « Charlie Hebdo » ont rendu ces menaces physiques très réelles. Tuer quelqu’un pour un dessin, cela me remplit juste de rage. Mais autrement, je suis tellement impressionné par le mouvement de protestation qui a rempli les rues de Paris juste après. Je me suis rendu devant le bâtiment de « Charlie-Hebdo » après le festival d’Angoulême en  février dernier, et de lire les notes et dessins laissés sur la clôture, j’en pleurais comme un bébé.

Attentat à Charlie Hebdo : retour sur trois jours sanglants qui ont secoué  le pays

Allez-vous toujours continuer le dessin de presse?

Non, je ne fais plus de dessin de presse pour les journaux. Juste de la BD. Les journaux écrits sont morts.

En France, dans de nombreux festivals BD,  nous avons donné des récompenses à des auteurs américains comme Chris Ware, Art Spiegelman, Bill Watterson, Frank Miller, ces prix européens toujours utiles pour les artistes américains?

Les Prix BD à Angoulême sont bien connus ici, aux USA. D’autres prix BD français le sont moins, mais tous les auteurs américains sont honorés de les recevoir…

Vos auteurs, séries et personnages BD préférés?

Les BD que je préfère? Je ne lis pas beaucoup de comics, croyez-le ou non. Je me suis arrêté de les lire quand j’ai commencé à en dessiner.. Il  y a certains auteurs incroyables ici. Aux États-Unis, ces dernières années,  il y a eu une explosion de nouveaux talents. C’est formidable pour le monde des comics.

Quand j’étais un adolescent, je lisais des comics liés à Marvel et DC, surtout Jack Kirby notamment. Puis j’ai découvert Robert Crumb et les caricaturistes underground. J’ai lu aussi de la bande dessinée française, par le biais de  « Metal Hurlant » traduit ici et j’ai pu ainsi découvrir Moebius et Tardi.

10+ idées de Métal Hurlant | metal hurlant, hurler, métal

Personnellement, j’adore l’univers BD de Joe Matt, un avis sur cet auteur BD?

Ouais, c’est un auteur génial. Un type très drôle et un triste bâtard à la fois. Malheureusement, il n’a rien dessiné depuis un certain temps.

Epuisé - Joe Matt - Babelio
Série BD : Strip - Tease, le journal dessiné de Joe Matt

Votre dernier album BD « Trashed » nous raconte la vie quotidienne d’ éboueurs américains à travers votre expérience ; votre BD va à l’encontre de « l’american way of life » et nous décrit un sous-prolétariat.

Trashed - broché - Derf Backderf - Achat Livre ou ebook | fnac

Bien sûr. Ma BD est une description de l’Amérique par le bas. Sur le plan de l’échelle sociale, éboueur c’est le plus bas que vous puissiez trouvé. Par la bande dessinée que je pratique, j’aime raconter des histoires qui ne l’ont pas été avant. C’est quelque chose qui m’obsède à chaque début de création BD.

Nous parlons de gonzo journalisme avec un auteur comme Hunter S. Thompson, Vous-même, peut-on vous décrire comme un auteur BD gonzo? Quelqu’un qui décrit, en toute subjectivité, une époque révolue …

Eh bien, « Trashed » se passe en 2015, il ne décrit pas une époque révolue. Hunter S. Thompson n’a pas vraiment écrit sur le passé non plus. Il écrivait sur des choses comme elles se sont passées. Il a également été les vivre, aidés en cela par tous les médicaments, drogues, alcool qu’il dévorait. J’ adore le travail de Hunter S. Thompson, mais non, je ne lui ressemble pas.

HUNTER S. THOMPSON (1937-2005):

Irez-vous bientôt en France ou en Europe?

Je serai à Angoulême, à nouveau cette année, avec les éditions çà et là, et puis j’irai en tournée à travers la France pour le mois de février, avec un détour par l’Espagne. On m’a dit qu’il y avait près de 21 librairies BD françaises qui réclameraient ma présence pour des dédicaces! Cela fait beaucoup de dédicaces en perspective.

Le film (2017) tiré de la BD « mon ami Dahmer »:

My Friend Dahmer: Amazon.fr: Ross Lynch, Anne Heche, Alex Wolff, Dallas  Roberts, Vincent Kartheiser, Ross Lynch, Anne Heche: DVD & Blu-ray

Entretien avec YVES H.

Dans la série recyclons de vieux entretiens afin d’en faire profiter de nouveaux lecteurs, allons-y gaiement avec celui de Yves H, le fils prodigue du dessinateur Hermann.

Yves H. (auteur de Sans pardon) - Babelio

Entretien datant de 2015 mais qui reste pertinent selon moi afin de comprendre les ressorts professionnels d’un cinéaste qui s’est coltiné bon nombre de genres scénaristiques (thriller, conte médiéval, histoires d’espionnage, thriller futuriste…). Alors encore « un fils de », que nenni mon kiki! Un véritable auteur qui s’est affranchi de la tutelle bienveillante paternelle afin de construire une véritable et singulière oeuvre scénaristique.

Introduction: Yves H est considéré comme un scénariste chevronné, son parcours est édifiant ; il a d’abord commencé à travailler dans le monde des images en tant qu’apprenti-cinéaste au sein de l’IAD (Ecole supérieure des arts de Bruxelles). Et de retour d’un séjour à Bucarest, après une tentative de réalisation de documentaire sportif, il commence dans la BD avec « le secret des hommes-chiens »(1995), puis s’ensuivirent des scénarios BD, dessinés par son père, dans des domaines très divers: le thriller noir, le conte médiéval, les histoires d’espionnage ou de piraterie…rencontre donc avec un vrai scénariste, sachant utiliser les codes du genre pour mieux nous divertir. Rencontre aussi  avec « un héritier » revendiqué qui sait aussi expliquer et mettre en valeur la carrière et les albums de son père dans un vrai souci pédagogique.

Le secret des hommes-chiens - BD, informations, cotes

Pour vous, le dessin, c’est définitivement terminé? Vous vous consacrez pleinement à vos scénarios?

Le dessin n’est pas oublié définitivement. C’est un rêve que je caresse à nouveau depuis quelque temps sans oser franchir le pas. Pour plein de raisons, bonnes et mauvaises. La première de ces raisons est que le dessin est une activité dans laquelle vous devez vous investir à temps plein. Or, je veux continuer à écrire du scénario et je ne suis pas certain d’en avoir encore le temps si je devais me consacrer au dessin. Non seulement le dessin en lui-même impose un rythme plus lent mais la remise à un niveau décent risque de prendre à elle seule beaucoup de temps. La deuxième raison, moins avouable, est certainement de retrouver mes vieilles angoisses qui étaient mon quotidien il y a vingt ans lorsque je tentais de faire mon trou en tant que dessinateur. La comparaison maladive que j’établissais en permanence avec non seulement le travail de mon père mais aussi celui de François Boucq et Jean Giraud me tétanisait ; car elle n’était, vous vous en doutez, pas en ma faveur. Ma frustration de ne pas arriver à leur hauteur me bloquait complètement. C’est ce blocage quasi pathologique qui m’a conduit à faire du scénario. Repartir vers le dessin signifie donc pour moi d’accepter de me mettre en danger. Pas professionnellement mais psychologiquement.

Un scénario BD, c’est combien de temps en moyenne? Vous vous documentez beaucoup?

Environ trois mois. Parfois plus selon le sujet. Je me documente pas mal. Déjà parce que c’est moi qui suis en charge de ce dossier à la demande de mon père. Ensuite, parce que travailler avec lui, c’est également se soumettre à un certain degré d’exigence historique auquel il a habitué ses lecteurs. Et comme je suis moi-même assez méticuleux, surtout sur l’aspect géographique (mais pas que) dans lequel s’inscrit la narration, je me dois de me documenter.

A part votre père, vos influences en BD? Vos derniers coups de coeur en BD?

François Boucq:

François Boucq - Accueil | Facebook

Jean Giraud:

Top 10 des BD de Jean Giraud Moebius - Comixtrip

Mes influences les plus marquantes sont  Cosey, Jean Giraud et François Boucq. Je crois que je peux dire que c’est quelque part ma trinité à moi. Donc plutôt la BD réaliste. Ce qui explique que mes derniers coups de cœur parmi les dessinateurs sont des dessinateurs réalistes. Je pense à Ralph Meyer, Steve Cuzor, entre autres. Un peu les héritiers actuels de l’école Jijé. J’aime aussi le travail de Stéphane Sevain, Vincent Mallié, Nicolas de Crécy et celui de Guérineau sur Charly 9. Et d’autres encore que j’oublie (qu’ils me pardonnent).

En tant que scénariste et dans votre carrière BD, peut-on dire que vous vous êtes coltinés à tous les genres BD? A savoir le récit médiéval, le thriller noir, les histoires d’espionnage…

Je me suis imposé comme première règle de conduite de proposer à mon père, puisque nous travaillons essentiellement ensemble, chaque fois un nouveau thème, une nouvelle ambiance. Et surtout un genre que lui-même n’aurait jamais traité seul. J’aime beaucoup l’idée de nous mettre tous les deux en danger, dans les limites du raisonnable cela va sans dire. Et comme il partage la même vision, inconfortable mais passionnante, de son métier, cela donne une bibliographie assez hétéroclite.

Une grande partie de votre temps professionnel est-il consacré au site web consacré à votre père? A faire des documentaires filmés sur votre père? En gros, à magnifier l’oeuvre de votre père Hermann (rejoignant en cela les héritiers d’auteurs BD comme UDERZO, HERGé ou GOSCINNY…).

Hermann, Grand Prix d'Angoulême: «Une magnifique surprise»

Non, le temps que je consacre au site et à la page Facebook de mon père est très réduit. Juste une mise à jour quotidienne de sa page Facebook et une présence ponctuelle sur le forum de son site. Cela représente finalement assez peu de temps. Rien qui ne m’empêche de m’atteler à d’autres tâches, comme celle de réalisateur de clips musicaux avec un pote (Baïki) et celle de papa responsable de deux enfants.

Suivez-vous les combats du SNAC-BD? Sur la précarité des auteurs BD notamment?

Non, je l’avoue. Déjà parce que le SNAC-BD agit essentiellement en France et que je suis basé en Belgique. Cela dit, les problèmes sont comparables et je suis sensible à ce genre de combat car la BD a de tout temps pâtit de sa singularité et de son manque de reconnaissance par le monde politique. Il y a eu par le passé d’autres tentatives de structurer ce type de combat au sein d’un syndicat afin de lui donner le poids nécessaire pour être entendu et faire bouger les choses. Jusqu’à présent, les différentes tentatives ont fini par mourir de leur belle mort. Je souhaite à celle-ci longue vie. Et surtout d’enfin réussir là où les autres ont échoué. 

 Les albums ou séries que vous préférez chez votre père?

Comanche -3- Les loups du Wyoming
Comanche -4- Le ciel est rouge sur Laramie

J’aime beaucoup ce qu’on pourrait appeler le cycle « Loups du Wyoming » dans Comanche, « Le ciel est rouge sur Laramie et le désert sans lumière ». Un must, au même titre que le diptyque « La mine de l’Allemand perdu » et « Le spectre aux balles d’or » de la série Blueberry. En tant qu’amoureux du trait, c’est toujours un plaisir de s’y replonger.

Jeremiah -9- Un hiver de clown
Hermann • Jeremiah : La Secte Album E.O. 1982

J’adore également la période bénie de la collaboration avec Fraymond, le coloriste qui a donné ses lettres de noblesse à la mise en couleur dans la BD : on y retrouve certains de mes Jeremiah préférés (La secte, Delta, Julius, Un hiver de clown). Il y a aussi quelques-uns de ses meilleurs one-shot (Missié Vandisandi, On a tué Wild Bill, Caatinga, Afrika). Et Les tours de Bois-Maury. Ça fait déjà une belle collection.

Des possibilités de collaboration avec d’autres dessinateurs?

J’aimerais beaucoup mais cela ne semble pas aussi évident quand on est le « fils de ». Outre une image de pistonné que je traine derrière moi (un peu par ma faute), il semble que les éditeurs rechignent à me voir travailler avec quelqu’un d’autre que mon père : il est vrai que, sans être un énorme vendeur, la présence de mon père au générique est l’assurance d’une bonne vente. Alors que si je me pointe avec un dessinateur pas très connu, il n’y a aucune garantie. Entre les deux, je comprends qu’ils n’hésitent pas une seconde.

Avez-vous conscience que les albums ou séries, parus dans « TINTIN » notamment, ont favorisé l’éducation de milliers d’adolescents ou de jeunes adultes francophones (dont moi) et ont permis le renom, la célébrité de votre père.  Les albums de « Comanche » ou de « Jérémiah » sont souvent très moralistes, voire passéistes, limite réactionnaires (en gros c’était mieux avant…), êtes-vous d’accord avec ça? (Ce n’est pas un reproche pour moi, juste une constatation).

tintin : le journal des jeunes de 7 à 77 ans N° 1069 : bernard prince :  l'oasis en flammes ! | Rakuten
Journal Nouveau Tintin n°150 (1975) Comanche et Luc Orient | eBayComanche dans Tintin

Les séries Bernard Prince et Comanche, très certainement. C’était l’époque du journal Tintin et des ligues catholiques qui le dirigeaient. Il fallait éduquer les petites têtes blondes à être de futurs bons petits soldats de la société bien-pensante. En revanche, Jeremiah fut un coup de pied dans la fourmilière. Le ton est très vite devenu iconoclaste et presque subversif (quoique dans Comanche l’épisode où Dobbs se fait abattre froidement par Dust au milieu des détritus n’allait pas vraiment dans le sens du politiquement correct).

Comanche -4- Le ciel est rouge sur Laramie

Le problème, pour lui, c’est que le sens de la subversion de mon père lui est propre et que ça lui a valu de nombreuses critiques. Il a pris certaines positions jugées réactionnaires qui lui ont donnée une image de gros facho assez désastreuse auprès des médias.

Alors que, si on va au-delà des prises de position qui ont été montées en épingle dans son œuvre, on découvre un auteur beaucoup plus nuancé et plutôt méfiant à l’égard du pouvoir en place quel qu’il soit (politique, religieux et financier) et de la répression en général.

Quant à moi, j’ai plusieurs fois eu des prises de bec avec lui sur des sujets politiques. Nous ne sommes pas toujours en accord sur certains points. Je me situe plus à gauche que lui-même si je pense que son image d’homme de droite renvoie davantage à ses coups de gueule qu’à sa nature profonde qui est bien plus fleur bleue qu’il ne veut le montrer. L’ayant déjà vu à l’œuvre, je sais que malgré ses emportements, il sera toujours du côté de la veuve et de l’orpheline quel que soit ses origines et que ses indignations sont plus épidermiques que profondes.

Un directeur d’école d’animation à Angoulême me disait que chez votre père, comme pour beaucoup d’artistes d’ailleurs, il y avait différentes périodes graphiques (il me les a décrites d’ailleurs), pouvez-vous les confirmer et nous les rappeler (Des années 1960 à nos jours…).

Oui, c’est exact. Quoiqu’elles sont davantage le fruit de tâtonnements ou d’expériences avec un nouveau matériel que mûrement réfléchies. Mon père n’est pas un être cérébral mais viscéral. Un sanglier des Ardennes. Les changements de techniques qu’il a opérés au cours de sa carrière sont le fruit de rencontres, de découvertes, de coups de cœur. Ou de curiosité. Parfois aussi d’un manque de confort dans son travail avec un outil donné. Par exemple, la plume lui plaisait mais, en raison d’un comportement hasardeux, il a référé l’abandonner. Il a donc utilisé tour à tour le pinceau classique,  la plume, à nouveau le pinceau, le Rotring, l’Artpen, le pinceau japonais puis enfin la couleur directe, seule technique qu’il a adoptée par une démarche volontaire.

Pour en prendre connaissance de manière plus détaillée, vous pouvez vous connecter à la page suivante du site (ou télécharger le fichier PDF à votre guise) : http://www.hermannhuppen.be/fichiers/File/timeline/Timeline%202015.pdf

Vos prochains projets BD et festivals BD?

Je n’ai pas de festivals au programme. Je suis d’un côté assez rarement invité et d’une autre assez sélectif car je privilégie ma vie de famille. Pour le reste, un prochain one-shot sur lequel travaille mon père devrait sortir début 2016 au Lombard avec pour titre « Ole Pa Anderson » sur fond de ségrégation raciale dans le Mississippi des années 50. Ensuite un autre one-shot dont je travaille le scénario aux éditions Dupuis. Puis un autre projet au Lombard dont je préfère ne rien dire tant que rien n’est officialisé.

Old Pa Anderson, bd chez Le Lombard de H., Hermann

« Mes moires, un pont sur les étoiles »(Ed. hors collection, 2019) de Jean-Pierre Dionnet

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Recueil de mémoires écrit avec le journaliste Christophe Quillien ; Jean-Pierre Dionnet acteur majeur de la BD française ; au carrefour de l’ancien monde et de la nouvelle BD alternative symbolisée, entre autre, par Moebius, Druillet et des journaux comme « Métal Hurlant » ou « les Humanoïdes Associés ».

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JP Dionnet nous narre ces périodes de transition avec ferveur et mélancolie ; le passage de la BD vers un art reconnu et total ; les débuts des grandes expositions et festivals ; la BD déclinée en plusieurs arts comme la SF, le polar, le rock BD…la BD critique reconnue comme art littéraire à part entière.

JP Dionnet, un être mutant culturel à part entière qui s’intéresse aussi à la BD, à la radio et à la télévision bien sûr. Il fut aussi un redoutable redacteur en chef, critique BD, éditeur et dénicheur de talent.

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JP Dionnet est aussi bien un réel découvreur de talents, mais il a aussi accompagné l ‘explosion de la BD en tant que mass média des années 1960 à 1990. Et a facilité la BD en tant qu’art par les premières expositions BD et les premiers festivals.

JP DIONNET, BERNARD FARKAS, MOEBIUS et DRUILLET pour LES HUMANOIDES ASSOCIES:

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Livre-mémoire foisonnant qui nous narre de belles rencontres, de belles éditions, de beaux rêves réalisés ou non…on y retrouve ainsi les débuts de la librairie Futuropolis, du magazine « Métal Hurlant » et des éditions « les Humanoïdes Associés ». De belles rencontres artistiques surtout  avec Etienne Robial ou le critique littéraire Jacques Goimard. Et il y a des rencontres avec les grands auteurs de BD : Goscinny, Druillet, Giraud qui allait devenir Moebius, Hugo Pratt, Paul Gillon, Alejandro Jodorowsky, Tardi, Bilal… Sans oublier les grands auteurs américains : Milton Caniff, Will Eisner, Stan Lee, Burne Hogarth, Jack Kirby, Steve Ditko, Carmine Infantino, Joe Kubert, Neal Adams

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Découvreur de talent grâce aussi à l’incroyable aventure éditoriale de « Pilote » à la revue mort-née « Snark », à « l’écho des Savanes » et ensuite bien sûr pour finir vers « Métal Hurlant » avec un certain Philippe Manoeuvre à la co-direction et aux auteurs que la revue a fait naître aussi, que ce soit: Frank Margerin, Tramber et Jano, Serge Clerc, Yves Chaland, Boss, les Bazooka…

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Bref, un beau livre de mémoires pour un monument de la contre-culture française. Contre-culture devenue avec le temps mainstream culturel.

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https://www.youtube.com/watch?v=sQ8ktQCVRiI

 

https://www.youtube.com/watch?v=AaTirj7ZtX

Chronologie contemporaine des comics américains.

 

 

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En vieillissant, je me rends compte combien les comics américains ont influencé la jeunesse de milliers de jeunes Occidentaux, dont votre serviteur avec les éditions françaises LUG basées sur Lyon  ; période d’âge d’or que l’on retrouve au cinéma par les divers films estampillés Marvel depuis les années 2000. La période d’édition Lug fut pour moi un âge d’or des comics américains, source d’initiation et de connaissances du mode de vie américain. Mais les exégètes considèrent qu’il existe 2 à 3 périodes des comics et j’en ai choisi 3 plus précisément:

Le Silver Age (1956-1972):

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Le Silver Age qui commencerait en octobre 1956 avec le Showcase 4 : période où tous les personnages redeviendront populaires comme Wonder-Woman ou Green Lantern…Timely Comics sera rebaptisé Marvel Comics avec 2 auteurs phares à savoir Stan Lee et Jack Kirby. Stan Lee qui lancera en 1961 les « Fantastic Fours ». 4 héros aux antipodes des autres super-héros ; héros qui se disputent entre eux et ont des problèmes domestiques comme pouvoir payer le loyer. Héros très ou trop humains et trop imparfaits.

Jack Kirby et Stan Lee:

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Concept de héros imparfaits repris pour d’autres créations (Hulk, Thor, les X-Men…) et bien sûr pour Spider-Man (duo crée par Stan Lee et Steve Ditko). Héros imparfaits qui doivent se coltiner à des problèmes quotidiens comme la drogue, le racisme ou les affaires politiques, le loyer à payer…le Comic Code était enfin dépassé par ces nouveaux auteurs, surtout dans « Amazing Spider-Man ».

Symboliquement, on considère que le Silver Age commence avec la période d’ octobre 1956 avec Showcase #4. C’est dans ce numéro qu’apparaît une nouvelle version de Flash, un super-héros DC créé durant le Golden Age et dont la série avait été annulée. De l’original il ne garde que le nom de code et les pouvoirs (courir vite).

FLASH:

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Pour tout le reste, il s’agit d’un nouveau personnage nommé Barry Allen. Ce nouveau départ sera l’origine de la renaissance des super-héros, qui redeviennent populaires. Ainsi DC relancera des nouvelles versions de tous ses personnages les plus populaires (Wonder WomanGreen Lantern…) dont la plupart ont encore leur propre série aujourd’hui.

L’âge d’argent des Comics s’illustre par l’arrivée d’autres nouveaux super-héros. Ainsi,   les 4 Fantastiques voient le jour en août 1961 (crées par Jack Kirby et Stan Lee), suivis de Hulk en 1962, puis Thor, Spider-Man, Iron-Man, les X-men… Marvel devient ainsi, après la sortie de Daredevil en 1964, la 1ère maison d’édition devant DC Comics.

Le Silver Age c’est aussi l’époque où les comics s’intéressent au monde réel pour la première fois depuis la guerre. Racisme, drogue, politique sont autant de thèmes abordés par les auteurs, qui n’hésitent pas à l’occasion à s’affranchir du Comic Code pour pouvoir raconter leurs histoires. Cela y compris dans des séries majeures comme Amazing Spider-Man. Un autre aspect de cette prise de conscience sociale des comics est la naissance des comics underground (ou comix) avec Zap Comix #1 de Robert CrumbTrash, provocateurs, ces comics sont tirés à très peu d’exemplaires et abordent sexe, politique et drogue d’une manière qui n’a rien à voir avec ce qu’on peut voir dans la production grand public. Ici aucun tabou n’est de mise.

Bref, les comics mûrissent pour aller vers le « bronze age » dès 1973.
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LE BRONZE AGE (1973 – 1991) : MATURITÉ ET MERCANTILISME

Période où j’ai personnellement appris à lire avec les comics américains et qui ont bercé avec bonheur mon enfance et adolescence ; les exegètes font commencer cet âge d’or avcec la mort de Gwen Stacy en 1973, la fiancée de Peter Parker, mort suivie de bien d’autre comme Robin, le fidèle compagnon de Batman, Elektra la fantastique compagne de Daredevil, Jean Grey la célèbre X-Men qui se désintègre complètement, Captain Marvel qui meurt d’un cancer (véridique…). Ces morts vont enrichir l’univers comics, les rendent plus adultes.

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L’histoire déchaîne les passions chez les lecteurs. Bien d’autres morts suivront : Jean Grey dans Uncanny X-Men, Elektra dans Daredevil, Robin dans Batman…

Plus que des astuces commerciales, ces histoires sont le symbole de l’entrée des comics dans l’âge adulte. Ils n’hésitent plus à être sérieux, voire tragiques. Cette nouvelle maturité permettra l’apparition d’histoires plus fouillées, plus riches, dont bon nombre deviendront des classiques incontournables tels que Watchmen par Alan Moore, ou The Dark Knight Returns et Daredevil Born Again par Frank Miller.

La mort d’Elektra:

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Les Watchmen:

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Le Bronze Age sera aussi une période faste pour un titre qui peinait durant le Silver Age : Uncanny X-Men. Sous la houlette de Chris Claremont et John Byrne, les mutants qui atteindront les sommets en termes de popularité avec une nouvelle équipe très internationale incluant le Canadien Wolverine. Le duo offre ses lettres de noblesse à la série en multipliant les histoires qui deviennent des références comme la Saga du Phoenix Noir.

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L’époque voit aussi l’apparition d’un phénomène qui est à la fois l’un des plus grands attraits et des pires repoussoirs du monde des comics : le méga crossover. Il était déjà arrivé que des personnages de séries différentes (voir d’univers différents) se croisent dans les pages d’un même titre ; mais là, vu le succès des séries, les éditions Marvel et DC systématisent ces séries.

Des crossovers bien délirants:

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Et avec Secret Wars #1 en 1984, Marvel passe au niveau supérieur en créant une mini-série impliquant tous ses personnages.

Le succès commercial est au rendez vous et en mars 1985 DC lance sa réponse : Crisis On Infinite Earths (qui aura en plus pour objectif de remettre de l’ordre dans la continuité de l’univers). Les crossovers deviendront une habitude et seront annoncés avec force battage médiatique à chaque fois, tendance qui perdure encore aujourd’hui.

LE MODERN AGE (1992 – PRÉSENT) : DÉCADENCE ET GRANDEUR

Cette dernière période est la moins bien définie. Il n’existe en effet pas de réel consensus quant à son début, ni même quant à son nom. La seule certitude est qu’on a quitté le Bronze Age. Symboliquement, Comicsblog a donc décidé de fixer le début du Modern Age à la naissance d’Image Comics, en raison de son impact sur l’industrie des Comics.

Spawn #300 (English Edition) eBook: McFarlane, Todd, Snyder, Scott ...DC POSTER PORTFOLIO: JIM LEE TP - ORIGINAL Comics

En 1992, sept artistes superstars décident de claquer la porte de Marvel pour fonder leur propre maison d’édition. Les meneurs sont Rob LiefeldTodd McFarlaneJim Lee et Marc Silvestri. La raison de leurs départs : ils en ont assez de voir Marvel gagner des millions grâce à leur travail et de ne toucher que des miettes. Alors ils lancent Image Comics pour y créer leurs personnages creator-owned, c’est-à-dire dont les droits appartiendront en intégralité à leurs créateurs. Ils rencontreront un succès incroyable, dépassant leurs attentes les plus folles.

La raison pour laquelle la création d’Image a été un évènement si marquant dépasse son succès commercial. L’éditeur a en effet incarné à la perfection toutes les tendances de l’industrie des comics dans le Modern Age.

D’abord dans les années 90, où les artistes sont les rois. Ce sont leurs noms qui font vendre. Les scénarios sont par contre souvent des histoires simplettes de super-héros débordant de testostérone, d’antihéros torturés et violents ou de bad girls hyper sexy. C’est l’héritage du Bronze Age perverti.

L’autre tendance majeure de la décennie, c’est la collection. Le marché des comics connaît un boom et le comic devient un objet précieux. Les variant covers se multiplient à outrance et s’échangent pour des sommes folles (jusqu’à des centaines de dollars). Du côté des deux gros éditeurs, Marvel et DC, on surfe sur la vague mais comme en réaction à la prise de pouvoir des créateurs chez Image, les éditeurs encadrent de plus en plus fermement les auteurs.

Cependant ce mini-age d’or ne dure guère ; les ventes des comics s’effondrent durant cette même période.

Mais durant les années 2000, les comics sortent la tête de l’eau en se renouvelant. L’accent est de nouveau mis sur les scénarios et plus seulement sur les dessins. Une nouvelle génération d’auteurs émerge (Brian Michael BendisEd BrubakerMark Millar…) et de véritables passionnés prennent les rennes de Marvel et DC (respectivement Joe Quesada et Dan Didio).

On laisse les mains plus libres aux créateurs et l’archaïque Comic Code est enfin abandonné. Les comics envahissent aussi la culture « grand public » par le biais du cinéma, avec une pléthore d’adaptations à succès.

Ainsi une nouvelle ère de créativité et de popularité naît des cendres des années 90, et dure encore aujourd’hui. Jusqu’au prochain âge…

Des adaptations cinéma à foison:

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Bastien Vivès: un pur génie de la BD?

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Comme je n’ai pas envie de m’emmerder sur ce site, j’écris des articles sur des thèmes ou des personnes qui me passionnent (Parfaitement!). Donc intéressons-nous à Bastien Vivès, un véritable auteur BD dont j’avais cependant des réserves dès le départ (Les gens proclamés talentueux, je trouve ça toujours suspect et « Lastman », pas vraiment fan…). Pourtant, reconsidérant et redécouvrant Bastien Vivès, ce talent graphique n’est pas usurpé loin de là.

https://www.youtube.com/watch?v=D4eWH3_3Xg4

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Un véritable créateur, très original dans son dessin et sa narration. Je vous recommande ainsi fortement ses petites BD à l’humour décapant et ravageur (collection « Shampooing », édition DELCOURT): que ce soit « le jeu vidéo », « la guerre », « la famille » ou « l’amour » (il pratique ainsi l’autodérision avec talent ; il faut voir comment il se fout de sa gueule lui et son ancienne BD « le goût du chlore »(Label KSTR, 2008) lors d’une séance de dédicaces, au détriment d’une fan d’ailleurs, qui en chiale).

En plus, il nous fait bien remarquer dans certaines cases BD humoristiques combien il est fan de Pénélope Cruz (et il a bien raison!). Le gars s’autoproclame carrément son fiancé (Pourquoi s’emmerder!). Ben moi aussi alors, je suis fiancé avec une certaine Virginie, mais elle ne le sait pas encore (le choc pour elle! Sensible comme elle est…).

Sur « le goût du chlore »:

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Auteur, dont la productivité depuis quelques années, est remarquable et remarqué.  Dans ces petites BD, on y remarque son sens de l’ellipse, ses cases non-dialoguées mais à l’humour (très) ravageur. De plus, il a l’air de comprendre comment mener sa carrière BD en alternant livres BD de prestige (du style « le goût du chlore », « Polina » ou « une soeur », avec les prix BD afférents) et BD humoristiques.

On sent quelqu’un qui a pris son envol artistique et a atteint une certaine maturité depuis quelques années ; un auteur capable d’envolées lyriques graphiques comme dans « une soeur »(éd. Casterman, Paris, 2017), la dernière image de cet album est d’ailleurs magnifique (vraiment!). Cela vous marque (et c’est aussi un album sur le temps qui passe, l’adolescence et l’enfance éternelle) et vous fait presque pleurer. Snif! Snif!

« Une soeur »(éd. Casterman, Paris, 2017): 

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Bref, un auteur BD complet avec un véritable univers contemporain et des thématiques contemporaines de même (les jeux vidéos en réseau, la blogosphère ou les réseaux sociaux…). Grand moment, les cases BD où il se fout de sa gueule lui et ses BD adaptées au cinéma (alors comme acteurs, on retrouve Pénélope Cruz et Keanu Reeves…pourquoi voir petit et cependant, ces comédiens ont l’air de trouver navrant de tourner dans ces films indigents au scénario de même).

Comme Riad Satouff, c’est un auteur qui dépeint toute la folie et la dérision du monde contemporain et c’est franchement génial ; il faut aussi lire l’histoire réinventée par Bastien Vivès: l’Empire Romain, les relations Cléopâtre-César notamment, c’est poilant! Auteur BD qui réinvente la BD contemporaine.

Chronique de Pénélope Bagieu sur « POLINA »:

https://www.youtube.com/watch?v=bUcji_SOMuQ

Sur la carrière BD de Bastien Vivès:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bastien_Viv%C3%A8s

.Amazon.fr - Bastien Vivès T02: La Famille - VIVES-B - Livres

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COSPLAYEUR DE MERDE:

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Les jeux en réseau:

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FORUM DES IMAGES: CARREFOUR DU CINEMA D’ANIMATION (DECEMBRE 2017). Intervention de BASTIEN VIVES.

https://www.youtube.com/watch?v=GrFqvwCRjWk

Annie Goetzinger (1951-2017): la BD adulte au féminin.

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La BD dite adulte n’en finit pas de perdre ses principaux artisans pour 2017 (Jidéhem, Jean-Luc Vernal, Gotlib…) ; en voilà encore un bon exemple avec Annie Goetzinger et son dessin si caractéristique, malheureusement décédée en décembre 2017. Comme pour Jean-Marc Rochette avec Jacques Lob (pour les aventures du Transperceneige…), ce fut une dessinatrice qui avait besoin de bons scénaristes (Pierre Christin, Victor Mora…) pour s’affirmer et développer un graphisme si spécifique pour des histoires au relent d’Arsène Lupin et des mystères début XXème siècle.

Félina - BD, informations, cotes

 

Dessin marqué par l’Art Nouveau du début du XXème siècle avec des aventures trépidantes comme « Félina » de Victor Mora au scénario ; dessinatrice totale, elle réalisera aussi des costumes de scène, de théâtre, des illustrations, des histoires courtes et dessins de presse pour « le Monde » et « La Croix ». Dessinatrice qui aura marqué les années 1970-1980 comme Claire Brétécher ou Chantal Montellier (une des seules femmes BD récompensées à Angoulême d’ailleurs).

BD réaliste avec des relents érotiques  (qui ont bien marqué mon enfance marquée sous le sceau du jansénisme et d’une morale à toute épreuve (mais si! Hé ho, on est né en Vendée quand même)). Histoire BD avec souvent des passages d’initiation féminine et qui décrivaient le plus souvent l’aliénation féminine de la Belle Epoque. Des femmes marquées d’abord par le pouvoir masculin, une sexualité subie ou souvent réprimée (exemple caractéristique de « la demoiselle de la Légion d’Honneur », éd.DARGAUD, Paris, 1981).

Résultat de recherche d'images pour "legende et réalité du casque d'or"La demoiselle de la Légion d'Honneur

 

Couverture de la série Félina

Sa série BD la plus connue est « Félina »(éd. GLENAT, 1982-1986), histoire d’une orpheline du début du XXème siècle devenue saltimbanque (elle a épousé un richissime homme d’affaires Wilbur Kholderup, malheureusement assassiné par la secte Kriss), et qui devient « Félina » la nuit, habillée de satin noir, super-héroïne qui parcourt l’Europe durant la Belle Epoque pour à la fois venger son mari (avec l’aide de 2 bons amis, un sage tibétain, Lobjak, et Septimus Pembroke, un colonel de l’armée britannique) et pour mettre fin aussi aux agissements de bandits, de pirates, d’escrocs en tout genre, de financiers véreux…Histoire d’abord publiée en 1979 dans le magazine « CIRCUS », puis « PILOTE » en 1982.

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De manière générale, ses histoires BD sont très déterminées par un certain formalisme, des touches graphiques bien reconnaissables (référence à l’Art Nouveau et à MUCHA pour « Félina », camaïeux de couleurs, lignes sensuelles des vêtements…), style sensuel et légèrement érotique où le corps de la femme est magnifiée pour des aventures épiques et d’espionnage (un peu comme Tardi et la mythologie parisienne du début XX siècle avec Adèle Blanc-Sec…).

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Tableaux d’Alfons Mucha (1860-1939):

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Vega, le premier mutant gay.

Dans la série, même les comics accompagnent l’évolution du monde et de la société, penchons-nous donc sur la division ALPHA, équipe de super-héros canadiens qui obtint sa propre revue à partir de 1983, entièrement conçue par John Byrne.

40 idées de Division Alpha | les super héros, héros, marvel

Dans cette division ALPHA se trouvaient les frère et soeur  VEGA et AURORA qui possédaient comme super-pouvoirs la faculté de se propulser dans les airs et sur terre à une vitesse supersonique. Vega (NORTHSTAR en anglais) devient peu à peu dans cette série une icône gay, mais cela n’est jamais montré explicitement, mais de manière implicite par l’auteur John Byrne (la rédaction de MARVEL  ne voulait pas du tout d’un super-héros homosexuel).

AURORA et VEGA:

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Mais en 1992, VEGA fait son coming-out dans le numéro 106 d' »ALPHA FLIGHT », ce qui fera « exploser » les ventes de cette revue et entraînera un débat d’envergure nationale aux USA sur la présence (ou non) des gays dans les comics. Et ce n’est pas fini pour VEGA, en 2002, il intègre l’équipe des X-MEN et il tombe, par la même occasion, amoureux d’ICEBERG.

Iceberg - Les Super Héros en Force

A noter le site GAY LEAGUE.COM (https://www.gayleague.com/) qui recense tous les personnages gays, bi ou transexuels figurant dans les comics. On y retrouve des super-héros prestigieux comme CATWOMAN, Mystique ou ENIGMA… Ce qui veut dire que les comics savent s’adapter aussi au monde moderne et à son évolution.

DIFFERENTS PERSONNAGES COMICS LGBT:

MIRACLEMAN: BISEXUEL

Amazon.fr - Miracleman Book 1: A Dream of Flying - The Original ...

MYSTIQUE: LESBIENNE et BISEXUELLE

Mystique - Marvel Deluxe - Excalibur Comics

SASQUATCH: TRANSGENRE

Sasquatch - Marvel Comics - Alpha Flight - Walter Langkowski - Profile -  Writeups.org

CATWOMAN: BISEXUELLE

Catwoman revealed as bisexual in new DC comic | Comics and graphic novels |  The Guardian

GREEN LANTERN: GAY

Green Lantern Flash Justice Leauge Gay Kiss 11 X 17 Art Print DC Comics Fan  Art | eBay

Entretien avec Jean-Paul Jennequin sur la BD LGBT:

http://www.bd-best.com/rencontre-avec-jean-paul-jennequin-president-de-l-association-lgbt-bd-news-7154.html