« Starfix »: histoire d’une revue.

https://www.youtube.com/watch?v=JgcyYsHCB2s

Bon chers lecteurs, si vous ne savez pas quoi offrir pour Noel, arretez de vous prendre la tête  : le recueil « le cinéma de Starfix » est pour vous. Histoire d’une revue SF qui aura marqué aussi de son empreinte les années 1980.

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Magazine crée en 1983 par la maison d’édition Scherzo Vidéo et ce qui faisait l’originalité première de ce magazine, c’est son comité de rédaction avec des personnalités riches et variées. Des personnages comme Christophe Gans, Nicolas Boukhrief, Doug Headline, Christophe Lemaire, Ghyslaine Chenu…des rédacteurs qui pouvaient aussi bien s’extasier sur le giallo italien, les films de la Hammer, sur Ridley Scott ou les films de Bruce Lee…tout le cinéma bis ou Z qui a « bercé » leur enfance finalement.

Des photos de délinquants? Mais non la terrible équipe de rédaction de « STARFIX », première époque:

En haut à gauche Doug Headline, François Cognard, Nicolas Boukhrief, Christophe Gans. En bas à gauche FAL (Frédéric Albert Levy), Hélène Merrick, Christophe Lemaire, Matthias Sanderson.

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Et grâce à ce magazine, des cinéastes comme Dario Argento, Ridley Scott, David Cronenberg ou Brian de Palma ont été mis à l’honneur. Magazine bien parti niveau ventes à sa sortie mais dont la publication s’arrêtera cependant en 1990, du fait de la baisse de celles ci. Tous les rédacteurs de l’époque parlent de cette période comme une époque bénie ; une aventure collective plus précisément où chacun pouvait exprimer ses passions et découvertes (du style Nicolas Boukhrief decouvrant avant tout le monde « la lune dans le caniveau »(1983) de Jean-Jacques Beineix et imposant 16 pages dans « Starfix » sur le film et son tournage, au grand dam ensuite des autres rédacteurs par la suite).

En tous les cas, une véritable synergie se créait autour de ce magazine et numéros qui ont accompagné avec passion les années 1980.

Magazine qui réapparaîtra à l’édition en 1998 sous l’impulsion de Patrice Girod (déjà éditeur de « Lucasfilm Magazine »). Magazine qui devient bimensuel et renouvelle complètement son comité de rédaction.

Magazine qui arrêtera ensuite sa diffusion en 2001 pour réapparaître en maison de production en 2011. Maison de production avec comme vocation de valoriser des films de genre et de jeunes cinéastes. Volonté de cette « boîte » de rester fidèle à l’esprit découvreur du « Starfix » des années 1980.

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http://www.starfixproductions.com/

Dans le même ordre d’idée sur le cinéma de genre, nous avons à peu près la même approche éditoriale avec le recueil MAD MOVIES (2012)  de Jean-Pierre Putters.

Mad movies - 100 films de genre à (re)découvrir

Pour approfondir sur la revue « STARFIX »:

https://www.youtube.com/watch?v=H13tSyOMCkU

https://www.youtube.com/watch?v=D82TMh_ktAk

https://www.youtube.com/watch?v=cVrw_oD0No8

Frank Beauvais nous parle.

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Dans notre si beau pays démocratique, il est des artistes qui nous rappellent combien faire oeuvre de création personnelle est un combat de tous les jours. Heureusement, comme pour Asterix et Obelix, il existe des villages gaulois où la résistance s’organise ; où des oeuvres créatives voient le jour grâce de véritables artistes et passionnés de l’image et des films. Et Frank Beauvais en est un bon exemple avec son film « ne croyez surtout pas que je hurle »(2019), oeuvre foisonnante composée d’extraits de films qui font sens les uns avec les autres, en liaison avec une actualité française dramatique (les attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan) . Frank Beauvais ne fait pas que hurler, il nous parle aussi.

1°) Quelle est l’idée première de ce film?

https://www.youtube.com/watch?v=lHCecUCorYA

La toute première idée a été de partir d’une base d’images préexistantes extirpées du flux de films de fiction que je voyais au quotidien pendant la période abordée dans le film : d’avril à octobre 2016. Et d’organiser ces images, ces plans en les réutilisant hors de leur contexte originel.

https://www.youtube.com/watch?v=Q24MOPQs6fM

2°) Des critiques web ont asséné que votre film est aussi un manifeste, une dénonciation artistique du marasme ambiant et surtout des attentats du 13 novembre 2015 ; manifeste contre la violence sociétale en opposition à votre film, film pour dénoncer et faire éclater sa rage personnelle, sa colère…opposition marasme/artistique, d’accord avec ça?

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Je dirais qu’il s’agissait pour moi d’une tentative de mettre en parallèle l’état d’urgence dans laquelle la France était plongée à ce moment-là (et ses conséquences directes sur la société) avec un état d’urgence personnel, intime, alimenté à la fois par la colère, l’impuissance et un profond désarroi.

3°) Film à caractère universel car chacun peut s’y retrouver de manière personnelle (le côté opposition Ville/campagne ; mentalité alsacienne un peu arriérée/ mentalité parisienne) ; chose que l’on peut retrouver en Vendée (opposition ville/campagne).

Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais – Spoutnik

Il s’agissait d’éviter, dans le cadre d’un tel projet, de sombrer dans le piège l’onanisme, de la déjection verbale qui aurait pour seule finalité de se soulager soi-même, mais bien, tout en se mettant à nu, de s’adresser et de dialoguer avec l’intimité du destinataire, le spectateur. Il ne m’appartient pas de déterminer si cela débouche sur quelque chose d’universel. Si c’est le cas, cela en dit long sur l’état d’anxiété politique et personnel dans lequel le spectateur comme moi sommes plongés.

4) Problème de droits d’auteur pour les films projetés? Comment avez-vous résolu cela?

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Un tel film ne peut exister qu’en faisant fi de cette question, en assumant son statut pirate. Les extraits utilisés sont extrêmement courts et, par ailleurs, tous crédités au générique de fin. Il ne s’agit pas d’une oeuvre commerciale destinée à engranger des millions mais d’un collage, selon le principe du found footage, d’une démarche artistique, poétique et non pas industrielle. Ce type de film existe depuis près d’un siècle et se développe fortement, par ailleurs, depuis l’avènement d’internet et la prolifération d’images qu’il a entraîné.

5) Le journal « Le Monde » a écrit dans sa critique que votre film rentrait dans le cadre des films souterrains parlés à l’image des films de Marguerite Duras « India Song », de Guy Debord ou de Chris Marker « la jetée », d’accord avec cet état de fait?

https://www.youtube.com/watch?v=Y_TG0FPFht0

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C’est un film soutenu par une voix off mais qui relève du discours autobiographique, ce qui le distinguerait peut-être des oeuvres de fiction de Duras et de « la Jetée » qui sont, tous comme ceux de Guy Debord, des films qui me tiennent toutefois très à coeur. On pourrait tout aussi bien l’insérer dans la ligne des essais à la première personne, de cinéastes qui ont pratiqué le journal filmé ou la chronique intime. D’Alain Cavalier à Chantal Akerman, de David Perlov à Joseph Morder, de Jonas Mekas à Jochen Kuhn, ils sont très nombreux. C’est une orientation qui a questionné et renouvelé le genre documentaire, il y a déjà bien des années.

6) Facile de rendre public votre homosexualité par le biais de ce film?

Je n’avoue rien du tout. De quoi serais-je coupable ? J’aborde ma sexualité de façon périphérique, au même titre que d’autres constituantes de mon domaine intime, et ne sens nullement besoin de la justifier aux yeux de qui que ce soit.

7) Avez-vous été surpris par l’accueil critique et public de votre film?

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https://www.youtube.com/watch?v=341JX-uWAOM

J’ai été surpris, en effet, que le film parle à autant de spectateurs, de la résonance particulière qu’il a eu pour nombreux d’entre eux qui m’ont contacté d’une manière ou d’une autre. De constater que ma solitude d’alors, mes questionnements, ma perplexité et ma colère en rencontraient autant d’autres. A croire que dans ce pays mais aussi hors de ses frontières, de nombreuses personnes ont toujours et encore des raisons de hurler, silencieusement ou pas.

8) Vos derniers coups de coeur au cinéma, en littérature ou TV?

En littérature : « Les Vagabonds de la terre » de Tom Kromer, « La Vie sur Terre » de Baudoin de Bodinat et « Avant que j’oublie » d’Anne Pauly. En cinéma : dans des registres différents : « L’époque » de Matthieu Bareyre, « Les Enfants d’Isadora » de Damien Manivel, « Tutto l’oro che c’è » d’Andrea Caccia, un film-poème italien encore inédit. Je ne regarde pas la télévision mais pour citer une série récente qui m’a fortement impressionné : « Too Old to Die Young » de Nicolas Winding Refn.

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Cinéma et urbanisme

Si de nombreux cinéastes se définissent par le lieu géographique où ils vivent, résident et créent ; dans ce cadre-là, certaines villes sont ainsi magnifiées par  des réalisateurs comme Woody Allen et New-York, Chicago avec Michael Mann ou Los Angeles avec David Lynch ou même le Golden Gate avec Alfred Hitchcock à San Francisco.

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Le cinéma a bien montré ses transitions urbaines à tous les niveaux, l’ancien comme le moderne. Jacques Tati en a même fait une thématique de film comme dans « mon oncle »(1957) où la ville de Saint-Maur dans le Val de Marne se transforme en Cité ultramoderne.

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https://media.admagazine.fr/photos/622626e4367152c8485d3386/master/w_1600%2Cc_limit/GettyImages-104405613.jpg

C’est encore plus vrai avec les films d’Antonioni et surtout « la notte »(1961) où de magnifiques paysages urbains sont montrés et ont même des conséquences directes sur la psychologie des personnages. Sur la vie du couple justement, entre l’écrivain Giovanni Pontano et sa femme Lydia, plus de communication possible entre eux face à la grisaille urbaine.

https://www.youtube.com/watch?v=4vpgYkte1i8

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Problématique urbaine encore plus profonde dans les nouveaux pays émergents comme le Brésil et sa ville futuriste Brasilia (créee en 1962), dans « Brasilia: contradictions d’une ville »(1968) de Joaquim Pedro de Andrade.

Brasilia:

Brasilia, ville symbole | En direct du Brésil

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En France, nous avons Jean-Claude Brisseau qui nous décrit la ville de Bagnolet dans « la vie comme ça »(1980) ou Eric Rohmer dans « l’ami de mon amie »(1987) avec les villes nouvelles ; ici, Cergy-Pontoise et son architecture si caractéristique et si bien filmée pour des personnages tellement modernes. La ville nouvelle au service du marivaudage.

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https://www.youtube.com/watch?v=fa4Rs5320Tk

Les grands ensembles dans les films de Jean-Claude Brisseau:

https://www.youtube.com/watch?v=ao0B9rDTIQs

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Ou alors Pedro Almodovar dans « qu’est-ce que j’ai fait fait pour mériter ca »(1984), véritable réquisitoire contre l’urbanisme franquiste en faveur du prolétariat espagnol, notamment le quartier de la Concepcion de Madrid.

https://www.cinetrafic.fr/video/bande-annonce/53776/qu-est-ce-que-j-ai-fait-pour-meriter-ca-bande-annonce

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La ville de Gomorra en Italie du Sud:

https://www.youtube.com/watch?v=egtdYTuRKto

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Dégâts urbains provoqués d’abord par la mafia italienne dans « Gomorra »(2008) de Matteo Garrone ou dans « Draguila » ou même anciennement dans « main basse sur la ville »(1963) de Francesco Rosi. Ville de Naples sous tutelle de groupes mafieux sans foi ni lois.

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https://www.youtube.com/watch?v=jegCjfn_eB4

Tout ces films italiens nous montrent combien ces villes se situent dans des cités insalubres et dangereuses qui favorisent le combat entre divers gangs, divers quartiers et engendrent des groupuscules mafieux. Et pour compléter le tout, la mafia recycle son argent frauduleux dans des programmes immobiliers douteux et très vulgaires dans leur architecture.

La ville de Draguila: