Yannick Jadot et Martin Veyron (Prix Tournesol remis pour cette BD à Angoulême):
Les primés au dernier festival BD d’Angoulême 2017:
Au lendemain de la récompense prix spécial du jury d’Angoulême pour Martin Veyron et sa dernière BD « ce qu’il faut de la Terre à l’homme » éd. DARGAUD, 2016 ; penchons-nous sur cette dernière BD humaniste et écologique. Fable écolo d’après un conte de Tolstoï sur l’avidité et la cupidité de l’ homme, surtout pour tout ce qui touche la propriété et la Terre.
On est loin des oeuvres vaudevillesques, humoristiques ou érotiques habituelles chez Martin Veyron, BD plus mûre pour un auteur vieillissant? Oui mais pas que…les dessins et albums de Martin Veyron nous ont accompagnés depuis les années 1980, son humour ravageur et sarcastique ultracontemporain a fait les beaux jours de journaux ou d’hebdomadaires comme « Libération, Le Nouvel Observateur ou l’Echo des savanes » avec ses dessins de presse, sans compter les fameuses aventures burlesques de Bernard Lermite. Bernard Lermite et les femmes, Bernard Lermite et sa famille castratrice, Bernard Lermite et le monde du travail…
Si le conte de Tolstoï est profond et d’envergure, Martin Veyron y rajoute sa touche comique et satirique ; BD à l’univers fort avec différents personnages bien reconnaissables aux dialogues bien sentis, phrasés qui nous renvoient à notre monde d’aujourd’hui et Martin Veyron sait ainsi rendre proche, voire contemporain ces paysans sibériens aux réparties caustiques, mais aux moeurs rudes et austères. BD humaniste contre l’expansionnisme territorial et pour un minimum vital de vie et de culture.
Pourquoi parler de révolution avec une ancienne actrice porno, que représente-t-elle véritablement dans le monde du cinéma et de l’image? Elle-même l’affirme, sa carrière fut courte, de 1976 à 1980, mais marquante.
En novembre 2016, est sorti un livre qui rappelle la carrière et le statut de Brigitte Lahaie lors de cette période de la fin des années 1970, « les livres de culte », éd. GLENAT. Livre rempli de photos de tournage, de textes, d’infos, d’anecdotes et de témoignages sur cette période. Livre coécrit avec Brigitte Lahaie elle-même qui nous rappelle qu’elle a dû se battre dans un milieu plutôt fermé ; elle la scandaleuse et la provinciale qui se rend sur Paris, telle une Bécassine candide mais qui apprend vite et bien.
Actrice porno? Pas seulement, elle a aussi joué dans près d’une centaine de films de tout genre: polars, thrillers, films d’horreur et avec des réalisateurs de films classiques comme Jean-Jacques Beineix, Fabrice Du Welz, Henri Verneuil…
Sans sûrement s’en rendre compte sur le moment, elle a contribué aussi à participer à une certaine libération des moeurs et des pratiques sexuelles, en tournant avec Gérard Kikoïne, Burd Trandbaree, Jose Benazeraf ou Francis Leroi et participant à des tournages avec des acteurs X pleins d’entrain à l’image de Richard Allan, Alban Ceray ou Jean-Pierre Armand.
ALBAN CERAY et Brigitte Lahaie:
RICHARD ALLAN et BRIGITTE LAHAIE:
Si elle revient à la mode actuellement, ce n’est donc pas seulement en tant qu’icône libertaire et porno de la fin des années 1970, mais aussi du cinéma « bis » ou Z avec des réalisateurs bien « barrés »comme Jean Rollin, Jess Franco, Max Pécas ou Richard Balducci ; tous les symptômes pour devenir culte aux yeux des spectateurs de l’époque dans les circuits spécialisés du X (salles et vidéo-clubs). Les côtés transgressifs et cachés de ces films participent du renouveau artistique de cette époque et de l’actrice. C’était tellement mieux avant dans ces salles spécialisées.
En outre, Brigitte Lahaie développe, à l’heure actuelle, en radio (RMC puis SUD RADIO), son image de doctoresse et d’experte du sexe, avec ces affirmations, « confiez-moi vos problèmes sexuels et de moeurs, je vous assure que je vous comprends et vais vous aider ». Elle-même le reconnaît, c’est à partir des années 2000 et le « revival » des films dits « bis »qu’elle redevient à la mode, elle, la scandaleuse et « trimballe » avec elle son passé mythique et nostalgique. « Revival » étonnant que l’on constate aussi aux USA avec des films nostalgiques de cette époque, à l’image de « Boogie Nights »(1997), « Rated X »(2000) ou « Lovelace »(2013).
Passé enjolivé? Oui le plus souvent, avec cette idée que les réalisateurs et acteurs de l’époque formaient une grande famille et étaient novateurs (voire transgressifs et révolutionnaires) sur bien des points (réalisation faite à l’arrache, avant la vidéo des années 1980, amateurisme revendiqué…). La réalité était souvent toute autre, avec par exemple la carrière tragique de John C. Holmes (héros supposé de « Boogie nights »), mort en 1988, acteur porno américain fameux mais cocaïnomane de même et qui s’acquoquinait avec des mafieux patibulaires (mais presque).
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