Le royaume enchanté (éd.Sonatine, 2011)

Afficher l'image d'origine

Livre passionnant de James B. Stewart sur l’empire Disney et son implantation à travers le monde et aux USA, livre dans la série des enquêtes-sommes de journalistes américains comme Bob Woodward et le Watergate. Enquête narrant le management d’Eisner lors de sa prise de pouvoir du groupe Disney en 1984 (jusqu’en 2006) avec le directeur financier Frank Wells. Livre montrant aussi les connections et réseaux de Disney avec d’autres groupes de communication, d’animation ou de cinéma (Miramax, Pixar ou les chaînes ABC, ESPN, Soapnet…)

James B. Stewart raconte comment dans son livre il a eu accès à toutes les archives inédites (comme les mails, les courriers internes ou lettres etc…) pour rédiger cette somme (avec l’accord tacite, du moins au début, de Michael Eisner).

Michael Eisner, PDG de Disney (de 1984 à 2006):

Afficher l'image d'origine

Enquête très poussée pour comprendre l’industrie du spectacle en cette fin et début de siècle. D’un management familial avec un fonctionnement « à la papa », la major Disney est devenue le plus grand groupe américain de communication et du divertissement, s’étendant aussi bien sur les continents américain, asiatique ou européen.

Groupe Disney qui comprend, actuellement, aussi bien des parcs d’attraction (ouverture d’EuroDisney en mars 1992), de magasins spécialisés ou de chaînes de télévision (DisneyChannel) et d’un catalogue de films prestigieux (« Cendrillon, La Belle au Bois dormant, le Roi Lion, le monde de Nemo » ou les productions Pixar).

À Propos | Disney France

Walt Disney Company qui a su s’adapter aux nouvelles technologies et aux évolutions récentes de l’entertainment. James B.Stewart nous fait la description de son président, un Michael Eisner tel qu’en lui-même, à la fois mégalo, parano et tyrannique avec son personnel (mais aussi avec les membres de son conseil d’administration, organisme peu à peu mis sous tutelle), mais aussi un génie de l’entertainment, de la communication (et de la finance (à son départ, il possédait près de 14 millions d’actions du groupe Disney)).

Personnage charismatique servant de fil rouge tout au long du livre, qui a su échapper pendant cette période (de 1984 à 2006, date de son retrait définitif du groupe Disney) à un infarctus, à la mort de son associé Frank Wells, a fait virer du groupe des personnages aussi étonnants et charismatiques que l’agent des stars Michael Ovitz ou Jeffrey Katzenberg, ainsi que beaucoup de cadres du groupe (chaîne ABC notamment), d’autres ont préféré partir d’eux-mêmes et démissionner. Il a voulu aussi protéger Disney de tout rachat financier (comme « AOL » qui se tourna donc chez « Time Warner »).

Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg _ Michael Eisner et Michael Ovitz

Michael Eisner, Jeffrey Katzenberg, guerre de pouvoir chez Disney | Les  Echos

BBC NEWS | Business | Disney's court room drama of clashing egos

L’auteur montre aussi la naissance d’EuroDisney en 1992 à Marne-La-Vallée (sur une idée du boss, plutôt francophile, alors que le groupe préférait le site de Barcelone en Espagne), ses débuts difficiles et les diverses constructions ou agrandissements afférents.

Livre qui montre aussi les échecs et les réussites de Disney en matière de films d’animation (que ce soit « Le Roi Lion », « Aladdin » ou « Pocahontas » et des échecs cuisants comme « Hercule » ou « Mulan »). Groupe qui a aussi s’allier avec des studios d’animation en pleine effervescence comme Touchstone, Pixar ou même Miramax, pour des films oscarisables (comme « Cars », « Toys Story » ou « le monde de Nemo »). Sur ce plan-là, on ne peut nier l’ouverture d’esprit et le flair des cadres de Disney pour comprendre l’air du temps et l’évolution du show-business à l’échelle mondiale.

Cars, un film Pixar adapté pour quel âge ? film pour enfant analyse

Afficher l'image d'origine

Le livre nous narre ainsi un PDG omnipotent, qui préfère payer des indemnités astronomiques pour se débarrasser de personnages qui lui feraient de l’ombre, que ce soit Katzenberg (près de 90 millions de dollars tout de même) ou même l’ancien agent d’acteurs comme Michael Ovitz. Livre aussi sur une région (La Californie et ses alentours…), les parcs d’attraction à travers le monde (où l’on se rend compte que les cadres de Disney n’entravaient que tchi à la mentalité française, du moins au début).

Walt Disney World en Floride:

Super Bowl LIV MVP Patrick Mahomes Is 'Going to Disney World!' Monday for  Celebratory Parade and Sharing the Spotlight with a Make-A-Wish Child |  Disney Parks Blog

Bref, une enquête complète, passionnante, très directe dans sa rédaction pour mieux comprendre la vie d’un groupe, faisant partie intrinsèquement de la vie culturelle américaine (et même mondiale).

« Box-office »(éd. Sonatine, 2009): un livre bien eighties.

Afficher l'image d'origine

Livre passionnant retraçant la vie de Don Simpson (1943-1996) du duo américain de producteurs Simpson/Bruckheimer, livre sur les années 1980 et le cinéma américain de l’époque, décennie à l’opposée des séventies et de la politique des auteurs dans le cinéma US. Don Simpson fut une personnalité fascinante, à qui l’on doit des hits comme « le flic de Beverly Hills », « Flashdance » et surtout « Top Gun ».

Afficher l'image d'origineAfficher l'image d'origine

Pute de luxe, coke, stars capricieuses, salaires faramineux, studios omniprésents, voilà le quotidien de notre duo. Couple qui s’apparente au yin et yang d’une même personne, Don Simpson à la personnalité à la fois rayonnante, capricieuse et tyrannique face à un Jerry Bruckheimer plus ombrageux et discret, s’occupant de l’aspect logistique et financier des films produits. L’auteur du livre Charles Fleming nous retrace toute une époque avec ses excès, des stars mégalomanes, des hits ciné très commerciaux et de l’argent qui coule à flot dans une industrie en profonde mutation dans ces années 1980.

Don Simpson et Jerry Bruckheimer:

Jerry Bruckheimer and Don Simpson interview (1995) - YouTube

Des gens et surtout Don Simpson qui vivaient à 100 à l’heure et dans l’adrénaline quotidienne, devant faire face à des tournages harassants et coûteux. Livre passionnant sur une industrie cinéma en plein renouvellement, grâce notamment aux films « high concepts », avec cette notion primordiale, à la poubelle les problématiques de films d’auteurs des années 1970, le director’s cut késako? Simpson/Bruckheimer ont théorisé ces films avec une histoire simple, bien prenante ; le héros ou héroïne  poursuit un but bien précis, il ou elle connaîtront des hauts et des bas tout au long de l’histoire mais s’en sortiront toujours à la fin, ils s’en sortiront grâce à eux-mêmes et deviendront beaucoup plus forts (tout comme le spectateur). L’histoire et le concept sont donc plus importants que le réalisateur et sa vision artistique ou visuelle.

High concepts qui ont donné des films comme « Flashdance » ou « Top Gun », jeunes acteurs starifiés, histoire positive, musique bien prenante, le tout saupoudré par des effets visuels énormes (bande-annonce très clipesque). Bienvenue dans les années 1980!

Personnage de Don Simpson aux mille facettes, à la fois nabab hollywoodien et redneck complexé (il est né à Seattle) perdu au départ dans une ville très hype comme Los Angeles. Don Simpson aurait commencé « à péter les plombs » au début des années 1990, développant un mode de vie disons trash, mélangeant produits dopants, prostituées de luxe et séance SM…ne tombons cependant pas dans la caricature de la rock star se détruisant à petit feu, Don Simpson, tout comme son acolyte Jerry Bruckheimer, furent aussi de véritables créateurs, des entertainers revendiqués avec un vrai sens du cinéma populaire à grande échelle.

Le duo Simpson/Bruckheimer fut, au départ, associé à de gros studios, comme la Paramount avec à sa tête Michael Eisner au début des années 1980, avant de prendre son indépendance (plus ou moins forcée d’ailleurs, le studio Paramount ne voulant plus d’eux et de leurs excès) et de développer leurs propres films ou longs métrages. Un livre passionnant et sulfureux donc sur les années 1980 et l’industrie hollywoodienne.

Les films sur la mort

Si le cinéma a su décrire avec talent les sentiments amoureux, les fortes émotions  ou les croyances invisibles…il a su montrer aussi l’au-delà, la fin de vie ou destination finale des personnages. La mort en tant qu’entité abstraite s’est vue personnifiée bien des fois au cinéma par pléthore de cinéastes et selon les croyances culturelles de chacun.

Afficher l'image d'origine

Les films sur la mort ou les morts sont légion ; à nous de les classifier, mort héros du film, mort vecteur inhérent aux personnages du film, mort comme représentation personnelle du héros ou progression narratologique. Ces représentations mortuaires sont très importantes dans les films contemporains ; paradoxe s’il en est, à l’heure où la représentation de la mort est cachée, voire ignorée ou carrément interdite dans nos sociétés occidentales.

On peut se poser la question sur l’utilité des images de la mort au cinéma ; en effet, à travers diverses périodes historiques, les stèles, les tombeaux en marbre, les ossements mortuaires s’inscrivent dans la durée historique avec les statues représentant la mort ; visualiser la mort par des images renvoie ainsi à la rendre moins mélodramatique.

Résultat de recherche d'images pour "statue mortuaire"

Sculpture Représentant La Mort Est Banque D'Images Et Photos Libres De  Droits. Image 13996439.

Toute image de la mort cherche-t-elle à nier d’abord celle-ci? On peut le considérer car l’image s’inscrit bien dans un temps non périssable comme tout organisme vivant. Dans l’univers pictural ou sculptural, toute représentation renvoie à des personnages vivants, des instants de vie avec cette idée: cette personne fut vivante et a bien vécu, voilà son corps, son visage et même son esprit. Images qui s’inscrivent dans une période historique donnée et s’inscrivent pour l’éternité, voire même la transcendance pour les images chrétiennes.

La Lamentation sur le CHRIST mort (Mantegna, XVème siècle):

Afficher l'image d'origine

Mort de saint Joseph (Cavallino, XVIIème siècle):

La Métropole de Montpellier acquiert “La Mort de saint Joseph” de ...

Quel paradoxe alors, pour nier la mort, on la représente à qui mieux mieux ; représenter la mort, c’est la rendre triomphante et vivante. Historiquement, la naissance du cinéma et de la photographie au XIXème siècle  rende l’idée de mort moins visible paradoxalement, alors que les progrès humains et hygiène de vie permettent des mortalités infantiles ou juvéniles moindres et une transition démographique ajustée à l’ère moderne dans nos sociétés occidentales. Morts naturelles repoussées donc par les progrès de la médecine et des vaccins, mais mort plus représentée par les progrès industriels et mécaniques (voitures, tramways, trains, machines industrielles…), ce que l’on perçoît dans de nombreux films…l’image de la mort devient immédiateté, et non plus icône abstraite, faisant le lien et médiation entre les vivants et les morts comme sous l’ère des premiers chrétiens. C’est aussi ça l’effet cinéma, savoir filmer directement le passage de la vie à la mort.

Y a-t-il une vie après la mort ?

Comme le prétendait  Jean-Luc Godard, filmer des corps et des personnes, c’est filmer leur vie, leur visage et donc rendre la mort moins prévisible et développer le côté immortel (religieux?) des personnes. Le présent du film capte donc la vie des personnages et rend cette mort moins sacrée, surtout à l’ère de l’image numérique alors que la pellicule filmique est de moins en moins utilisée dans la fabrication des films (pellicule périssable donc mortelle…).

Dans les films d’action contemporains, nous sommes habitués à la multiplicité des morts et des cadavres par un montage surdimensionné et dynamique, c’est le cas des films eighties revendiqués films de commandos ou « high concepts ». Magie de la fiction qui rend ces morts plus supportables et plus visibles. Avec ces films, le sacré, on s’en fout!

Sur les films liés à la thématique de la mort:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Film_traitant_de_la_mort