Derf Backderf: auteur BD trash de la classe moyenne américaine.

Rencontre en 2015 avec l’auteur américain Derf Backderf, connu principalement en France par son best-seller « mon ami Dahmer », prix révélation à Angoulême en 2013. Derf Backderf possède un graphisme bien caractéristique, très cru et réaliste à l’image de son idole Robert Crumb. Un auteur qui s’intéresse d’abord à la vie quotidienne des Américains, aux employés, aux gens « invisibles » du prolétariat américain, comme le signale son blog.  Son dernier album, « Trashed » (éd. çà et là, 2015), nous décrit ses souvenirs drôlatiques et pénibles comme éboueur durant sa jeunesse. 

Bonjour Derf, votre BD « Mon ami Dahmer » a eu un impact extraordinaire en France, comment l’expliquez-vous?

Mon ami Dahmer

 Je ne peux pas! Ce fut un best-seller dans bon nombre de pays européens. Mais la réception en France fut vraiment incroyable. Tous mes livres ont très bien marché en France, c’est toujours quelque chose de surprenant pour moi. De toutes les bonnes choses qui me sont arrivées dans ma carrière, mes venues en France sont mes préférées. Je déambule toujours dans Paris en souriant comme un idiot.

DERF BACKDERF à Angoulême en 2013:

47e Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême – à venir - Du 30 janvier au  2 février 2020 - Interview de Derf Backderf, auteur de Mon ami Dahmer, Prix  Révélation 2014

«Mon ami Dahmer » nous décrit une personne très solitaire Jeffrey Dahmer, limite associal et le lycée lui permet de se faire quelques amis ; si nous lui avions tendu la main à temps, peut-être cela aurait-il pu prévenir ces actes criminels par la suite?

Je ne pense pas que Dahmer aurait pu être sauvé. Sa folie était trop grande. Mais certainement, il aurait pu être identifié comme une menace et placé dans un hôpital psychiatrique. Toutes ces victimes ne seraient pas mortes ainsi.

Mon ami Dahmer, l'adolescence d'un serial killer

Votre BD sur Dahmer n’est-elle pas aussi une radiographie de la vie lycéenne de la fin des années 1970?

Bien sûr. Nous appartenons tous à notre temps et au lieu où nous vivons, et ce fut le cas de Dahmer. C’est pourquoi, j’ai voulu raconter cette ‘histoire.

Vous connaissez certainement le film et le livre « le silence des agneaux » de Thomas Harris, qui nous décrit les folies intérieures d’un tueur en série, ne pensez-vous pas que certains États américains engendrent les tueurs en série?

Dernières Critiques du film Le Silence des agneaux - Page 16 - AlloCiné

Je n’ai jamais lu ou vu « Le Silence des agneaux ». Je ne suis pas intéressé par les tueurs en série du tout. C’est trop surréaliste pour moi.. Il semblerait que l’Amérique ait bien plus de  tueurs en série qu’ un pays comme la France par exemple. Mais c’est normal et cela se vérifie  car il y a près de 340 millions d’Américains et seulement 66 millions de Français. Je pense que le pourcentage de tueurs en série par rapport au nombre de population est environ le même. Voilà ce que m’a déclaré par exemple l’écrivain Stéphane Bourgoin.

Peut-on dire que votre BD rejoint la lignée des auteurs BD américains comme Daniel Clowes, Charles Burns, Adrian Tomine dans la description pas très glorieuse de la classe moyenne américaine?

Bien sûr. Il y a de grands personnages et des histoires formidables que l’on retrouve plus spécialement dans la classe moyenne.

Amazon.fr - Insomnie et autres histoires - TOMINE-A - Livres

Votre avis sur la tragédie de « Charlie Hebdo » de janvier dernier?

Ça m’a touché profondément. Je dessinais des caricatures politiques moi-même et j’ai été personnellement menacé au cours de ces dernières années. Je n’ai pas pris ces menaces au sérieux. Ici aux Etats-Unis, l’un de nos caricaturistes politiques a réalisé une bande dessinée sur Mahomet et s’est vu menacé d’ une fatwa d’Al-Qaïda. Ce dessinateur a ainsi abandonné la caricature, puis est entré dans la clandestinité et n’a pas été revu depuis. Les attaques sur « Charlie Hebdo » ont rendu ces menaces physiques très réelles. Tuer quelqu’un pour un dessin, cela me remplit juste de rage. Mais autrement, je suis tellement impressionné par le mouvement de protestation qui a rempli les rues de Paris juste après. Je me suis rendu devant le bâtiment de « Charlie-Hebdo » après le festival d’Angoulême en  février dernier, et de lire les notes et dessins laissés sur la clôture, j’en pleurais comme un bébé.

Attentat à Charlie Hebdo : retour sur trois jours sanglants qui ont secoué  le pays

Allez-vous toujours continuer le dessin de presse?

Non, je ne fais plus de dessin de presse pour les journaux. Juste de la BD. Les journaux écrits sont morts.

En France, dans de nombreux festivals BD,  nous avons donné des récompenses à des auteurs américains comme Chris Ware, Art Spiegelman, Bill Watterson, Frank Miller, ces prix européens toujours utiles pour les artistes américains?

Les Prix BD à Angoulême sont bien connus ici, aux USA. D’autres prix BD français le sont moins, mais tous les auteurs américains sont honorés de les recevoir…

Vos auteurs, séries et personnages BD préférés?

Les BD que je préfère? Je ne lis pas beaucoup de comics, croyez-le ou non. Je me suis arrêté de les lire quand j’ai commencé à en dessiner.. Il  y a certains auteurs incroyables ici. Aux États-Unis, ces dernières années,  il y a eu une explosion de nouveaux talents. C’est formidable pour le monde des comics.

Quand j’étais un adolescent, je lisais des comics liés à Marvel et DC, surtout Jack Kirby notamment. Puis j’ai découvert Robert Crumb et les caricaturistes underground. J’ai lu aussi de la bande dessinée française, par le biais de  « Metal Hurlant » traduit ici et j’ai pu ainsi découvrir Moebius et Tardi.

10+ idées de Métal Hurlant | metal hurlant, hurler, métal

Personnellement, j’adore l’univers BD de Joe Matt, un avis sur cet auteur BD?

Ouais, c’est un auteur génial. Un type très drôle et un triste bâtard à la fois. Malheureusement, il n’a rien dessiné depuis un certain temps.

Epuisé - Joe Matt - Babelio
Série BD : Strip - Tease, le journal dessiné de Joe Matt

Votre dernier album BD « Trashed » nous raconte la vie quotidienne d’ éboueurs américains à travers votre expérience ; votre BD va à l’encontre de « l’american way of life » et nous décrit un sous-prolétariat.

Trashed - broché - Derf Backderf - Achat Livre ou ebook | fnac

Bien sûr. Ma BD est une description de l’Amérique par le bas. Sur le plan de l’échelle sociale, éboueur c’est le plus bas que vous puissiez trouvé. Par la bande dessinée que je pratique, j’aime raconter des histoires qui ne l’ont pas été avant. C’est quelque chose qui m’obsède à chaque début de création BD.

Nous parlons de gonzo journalisme avec un auteur comme Hunter S. Thompson, Vous-même, peut-on vous décrire comme un auteur BD gonzo? Quelqu’un qui décrit, en toute subjectivité, une époque révolue …

Eh bien, « Trashed » se passe en 2015, il ne décrit pas une époque révolue. Hunter S. Thompson n’a pas vraiment écrit sur le passé non plus. Il écrivait sur des choses comme elles se sont passées. Il a également été les vivre, aidés en cela par tous les médicaments, drogues, alcool qu’il dévorait. J’ adore le travail de Hunter S. Thompson, mais non, je ne lui ressemble pas.

HUNTER S. THOMPSON (1937-2005):

Irez-vous bientôt en France ou en Europe?

Je serai à Angoulême, à nouveau cette année, avec les éditions çà et là, et puis j’irai en tournée à travers la France pour le mois de février, avec un détour par l’Espagne. On m’a dit qu’il y avait près de 21 librairies BD françaises qui réclameraient ma présence pour des dédicaces! Cela fait beaucoup de dédicaces en perspective.

Le film (2017) tiré de la BD « mon ami Dahmer »:

My Friend Dahmer: Amazon.fr: Ross Lynch, Anne Heche, Alex Wolff, Dallas  Roberts, Vincent Kartheiser, Ross Lynch, Anne Heche: DVD & Blu-ray

Entretien avec YVES H.

Dans la série recyclons de vieux entretiens afin d’en faire profiter de nouveaux lecteurs, allons-y gaiement avec celui de Yves H, le fils prodigue du dessinateur Hermann.

Yves H. (auteur de Sans pardon) - Babelio

Entretien datant de 2015 mais qui reste pertinent selon moi afin de comprendre les ressorts professionnels d’un cinéaste qui s’est coltiné bon nombre de genres scénaristiques (thriller, conte médiéval, histoires d’espionnage, thriller futuriste…). Alors encore « un fils de », que nenni mon kiki! Un véritable auteur qui s’est affranchi de la tutelle bienveillante paternelle afin de construire une véritable et singulière oeuvre scénaristique.

Introduction: Yves H est considéré comme un scénariste chevronné, son parcours est édifiant ; il a d’abord commencé à travailler dans le monde des images en tant qu’apprenti-cinéaste au sein de l’IAD (Ecole supérieure des arts de Bruxelles). Et de retour d’un séjour à Bucarest, après une tentative de réalisation de documentaire sportif, il commence dans la BD avec « le secret des hommes-chiens »(1995), puis s’ensuivirent des scénarios BD, dessinés par son père, dans des domaines très divers: le thriller noir, le conte médiéval, les histoires d’espionnage ou de piraterie…rencontre donc avec un vrai scénariste, sachant utiliser les codes du genre pour mieux nous divertir. Rencontre aussi  avec « un héritier » revendiqué qui sait aussi expliquer et mettre en valeur la carrière et les albums de son père dans un vrai souci pédagogique.

Le secret des hommes-chiens - BD, informations, cotes

Pour vous, le dessin, c’est définitivement terminé? Vous vous consacrez pleinement à vos scénarios?

Le dessin n’est pas oublié définitivement. C’est un rêve que je caresse à nouveau depuis quelque temps sans oser franchir le pas. Pour plein de raisons, bonnes et mauvaises. La première de ces raisons est que le dessin est une activité dans laquelle vous devez vous investir à temps plein. Or, je veux continuer à écrire du scénario et je ne suis pas certain d’en avoir encore le temps si je devais me consacrer au dessin. Non seulement le dessin en lui-même impose un rythme plus lent mais la remise à un niveau décent risque de prendre à elle seule beaucoup de temps. La deuxième raison, moins avouable, est certainement de retrouver mes vieilles angoisses qui étaient mon quotidien il y a vingt ans lorsque je tentais de faire mon trou en tant que dessinateur. La comparaison maladive que j’établissais en permanence avec non seulement le travail de mon père mais aussi celui de François Boucq et Jean Giraud me tétanisait ; car elle n’était, vous vous en doutez, pas en ma faveur. Ma frustration de ne pas arriver à leur hauteur me bloquait complètement. C’est ce blocage quasi pathologique qui m’a conduit à faire du scénario. Repartir vers le dessin signifie donc pour moi d’accepter de me mettre en danger. Pas professionnellement mais psychologiquement.

Un scénario BD, c’est combien de temps en moyenne? Vous vous documentez beaucoup?

Environ trois mois. Parfois plus selon le sujet. Je me documente pas mal. Déjà parce que c’est moi qui suis en charge de ce dossier à la demande de mon père. Ensuite, parce que travailler avec lui, c’est également se soumettre à un certain degré d’exigence historique auquel il a habitué ses lecteurs. Et comme je suis moi-même assez méticuleux, surtout sur l’aspect géographique (mais pas que) dans lequel s’inscrit la narration, je me dois de me documenter.

A part votre père, vos influences en BD? Vos derniers coups de coeur en BD?

François Boucq:

François Boucq - Accueil | Facebook

Jean Giraud:

Top 10 des BD de Jean Giraud Moebius - Comixtrip

Mes influences les plus marquantes sont  Cosey, Jean Giraud et François Boucq. Je crois que je peux dire que c’est quelque part ma trinité à moi. Donc plutôt la BD réaliste. Ce qui explique que mes derniers coups de cœur parmi les dessinateurs sont des dessinateurs réalistes. Je pense à Ralph Meyer, Steve Cuzor, entre autres. Un peu les héritiers actuels de l’école Jijé. J’aime aussi le travail de Stéphane Sevain, Vincent Mallié, Nicolas de Crécy et celui de Guérineau sur Charly 9. Et d’autres encore que j’oublie (qu’ils me pardonnent).

En tant que scénariste et dans votre carrière BD, peut-on dire que vous vous êtes coltinés à tous les genres BD? A savoir le récit médiéval, le thriller noir, les histoires d’espionnage…

Je me suis imposé comme première règle de conduite de proposer à mon père, puisque nous travaillons essentiellement ensemble, chaque fois un nouveau thème, une nouvelle ambiance. Et surtout un genre que lui-même n’aurait jamais traité seul. J’aime beaucoup l’idée de nous mettre tous les deux en danger, dans les limites du raisonnable cela va sans dire. Et comme il partage la même vision, inconfortable mais passionnante, de son métier, cela donne une bibliographie assez hétéroclite.

Une grande partie de votre temps professionnel est-il consacré au site web consacré à votre père? A faire des documentaires filmés sur votre père? En gros, à magnifier l’oeuvre de votre père Hermann (rejoignant en cela les héritiers d’auteurs BD comme UDERZO, HERGé ou GOSCINNY…).

Hermann, Grand Prix d'Angoulême: «Une magnifique surprise»

Non, le temps que je consacre au site et à la page Facebook de mon père est très réduit. Juste une mise à jour quotidienne de sa page Facebook et une présence ponctuelle sur le forum de son site. Cela représente finalement assez peu de temps. Rien qui ne m’empêche de m’atteler à d’autres tâches, comme celle de réalisateur de clips musicaux avec un pote (Baïki) et celle de papa responsable de deux enfants.

Suivez-vous les combats du SNAC-BD? Sur la précarité des auteurs BD notamment?

Non, je l’avoue. Déjà parce que le SNAC-BD agit essentiellement en France et que je suis basé en Belgique. Cela dit, les problèmes sont comparables et je suis sensible à ce genre de combat car la BD a de tout temps pâtit de sa singularité et de son manque de reconnaissance par le monde politique. Il y a eu par le passé d’autres tentatives de structurer ce type de combat au sein d’un syndicat afin de lui donner le poids nécessaire pour être entendu et faire bouger les choses. Jusqu’à présent, les différentes tentatives ont fini par mourir de leur belle mort. Je souhaite à celle-ci longue vie. Et surtout d’enfin réussir là où les autres ont échoué. 

 Les albums ou séries que vous préférez chez votre père?

Comanche -3- Les loups du Wyoming
Comanche -4- Le ciel est rouge sur Laramie

J’aime beaucoup ce qu’on pourrait appeler le cycle « Loups du Wyoming » dans Comanche, « Le ciel est rouge sur Laramie et le désert sans lumière ». Un must, au même titre que le diptyque « La mine de l’Allemand perdu » et « Le spectre aux balles d’or » de la série Blueberry. En tant qu’amoureux du trait, c’est toujours un plaisir de s’y replonger.

Jeremiah -9- Un hiver de clown
Hermann • Jeremiah : La Secte Album E.O. 1982

J’adore également la période bénie de la collaboration avec Fraymond, le coloriste qui a donné ses lettres de noblesse à la mise en couleur dans la BD : on y retrouve certains de mes Jeremiah préférés (La secte, Delta, Julius, Un hiver de clown). Il y a aussi quelques-uns de ses meilleurs one-shot (Missié Vandisandi, On a tué Wild Bill, Caatinga, Afrika). Et Les tours de Bois-Maury. Ça fait déjà une belle collection.

Des possibilités de collaboration avec d’autres dessinateurs?

J’aimerais beaucoup mais cela ne semble pas aussi évident quand on est le « fils de ». Outre une image de pistonné que je traine derrière moi (un peu par ma faute), il semble que les éditeurs rechignent à me voir travailler avec quelqu’un d’autre que mon père : il est vrai que, sans être un énorme vendeur, la présence de mon père au générique est l’assurance d’une bonne vente. Alors que si je me pointe avec un dessinateur pas très connu, il n’y a aucune garantie. Entre les deux, je comprends qu’ils n’hésitent pas une seconde.

Avez-vous conscience que les albums ou séries, parus dans « TINTIN » notamment, ont favorisé l’éducation de milliers d’adolescents ou de jeunes adultes francophones (dont moi) et ont permis le renom, la célébrité de votre père.  Les albums de « Comanche » ou de « Jérémiah » sont souvent très moralistes, voire passéistes, limite réactionnaires (en gros c’était mieux avant…), êtes-vous d’accord avec ça? (Ce n’est pas un reproche pour moi, juste une constatation).

tintin : le journal des jeunes de 7 à 77 ans N° 1069 : bernard prince :  l'oasis en flammes ! | Rakuten
Journal Nouveau Tintin n°150 (1975) Comanche et Luc Orient | eBayComanche dans Tintin

Les séries Bernard Prince et Comanche, très certainement. C’était l’époque du journal Tintin et des ligues catholiques qui le dirigeaient. Il fallait éduquer les petites têtes blondes à être de futurs bons petits soldats de la société bien-pensante. En revanche, Jeremiah fut un coup de pied dans la fourmilière. Le ton est très vite devenu iconoclaste et presque subversif (quoique dans Comanche l’épisode où Dobbs se fait abattre froidement par Dust au milieu des détritus n’allait pas vraiment dans le sens du politiquement correct).

Comanche -4- Le ciel est rouge sur Laramie

Le problème, pour lui, c’est que le sens de la subversion de mon père lui est propre et que ça lui a valu de nombreuses critiques. Il a pris certaines positions jugées réactionnaires qui lui ont donnée une image de gros facho assez désastreuse auprès des médias.

Alors que, si on va au-delà des prises de position qui ont été montées en épingle dans son œuvre, on découvre un auteur beaucoup plus nuancé et plutôt méfiant à l’égard du pouvoir en place quel qu’il soit (politique, religieux et financier) et de la répression en général.

Quant à moi, j’ai plusieurs fois eu des prises de bec avec lui sur des sujets politiques. Nous ne sommes pas toujours en accord sur certains points. Je me situe plus à gauche que lui-même si je pense que son image d’homme de droite renvoie davantage à ses coups de gueule qu’à sa nature profonde qui est bien plus fleur bleue qu’il ne veut le montrer. L’ayant déjà vu à l’œuvre, je sais que malgré ses emportements, il sera toujours du côté de la veuve et de l’orpheline quel que soit ses origines et que ses indignations sont plus épidermiques que profondes.

Un directeur d’école d’animation à Angoulême me disait que chez votre père, comme pour beaucoup d’artistes d’ailleurs, il y avait différentes périodes graphiques (il me les a décrites d’ailleurs), pouvez-vous les confirmer et nous les rappeler (Des années 1960 à nos jours…).

Oui, c’est exact. Quoiqu’elles sont davantage le fruit de tâtonnements ou d’expériences avec un nouveau matériel que mûrement réfléchies. Mon père n’est pas un être cérébral mais viscéral. Un sanglier des Ardennes. Les changements de techniques qu’il a opérés au cours de sa carrière sont le fruit de rencontres, de découvertes, de coups de cœur. Ou de curiosité. Parfois aussi d’un manque de confort dans son travail avec un outil donné. Par exemple, la plume lui plaisait mais, en raison d’un comportement hasardeux, il a référé l’abandonner. Il a donc utilisé tour à tour le pinceau classique,  la plume, à nouveau le pinceau, le Rotring, l’Artpen, le pinceau japonais puis enfin la couleur directe, seule technique qu’il a adoptée par une démarche volontaire.

Pour en prendre connaissance de manière plus détaillée, vous pouvez vous connecter à la page suivante du site (ou télécharger le fichier PDF à votre guise) : http://www.hermannhuppen.be/fichiers/File/timeline/Timeline%202015.pdf

Vos prochains projets BD et festivals BD?

Je n’ai pas de festivals au programme. Je suis d’un côté assez rarement invité et d’une autre assez sélectif car je privilégie ma vie de famille. Pour le reste, un prochain one-shot sur lequel travaille mon père devrait sortir début 2016 au Lombard avec pour titre « Ole Pa Anderson » sur fond de ségrégation raciale dans le Mississippi des années 50. Ensuite un autre one-shot dont je travaille le scénario aux éditions Dupuis. Puis un autre projet au Lombard dont je préfère ne rien dire tant que rien n’est officialisé.

Old Pa Anderson, bd chez Le Lombard de H., Hermann