Le cinéma, une industrie trop masculine?

L’affaire Weinstein nous l’a démontré, le cinéma comme industrie mondialisée est aux mains des hommes et de leurs fantasmes. Machines à rêve qui développent des normes, des codes et des signes, mais aussi mettent en avant les rapports de domination hommes/femmes ou les représentations féminines au quotidien.

A l’heure où 1/5ème des films tournés en France sont réalisés par des femmes, la misogynie et les clichés ont toujours la vie dure. L’écrivaine Virginie Despentes nous en fait la liste complète dans le cadre des journées cinématographiques dionysiennes, journées organisées par le cinéma L’ECRAN de Saint-Denis (93).

VIRGINIE DESPENTES ET SES BAGUES:

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Virginie Despentes s’est toujours intéressée à l’identité féminine par son essai déjà « King Kong théorie »(éd. Grasset, Paris, 2006). Essai intéressant car pris sur le vif, sur ses souvenirs passés ; essai non universitaire sur les théories de domination masculine basée sur une vie souvent trash et hardcore (elle-même a subi un viol et est passée par la prostitution et la pornographie).

http://information.tv5monde.com/terriennes/virginie-despentes-le-cinema-une-industrie-inventee-manipulee-et-controlee-par-des-hommes

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Ici, pour ce texte, Virginie Despentes rappelle une évidence: l’industrie cinématographique est essentiellement dominée par les hommes, que ce soit dans les systèmes de production, de diffusion, de publicité, de réalisation, les critiques ou les festivals. Tout cela impacte la représentation des femmes dans les films: les personnages féminins dans bon nombre de films en sont réduits à faire le ménage, à jouer les potiches ou les utilités ; à jouer les faire-valoir assumées dans divers films (mère de famille, la bonne copine ou la fiancée du héros…). Accumulation de plans et de clichés qui façonnent le spectateur moyen et le jeune public notamment. Et ne parlons même pas des représentations sexuelles…

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De plus, le cliché film de femmes=film plus intimiste, plus social a la peau dure et souvent, les femmes réalisatrices ont un plus petit budget pour leurs films (et cela impacte considérablement la réalisation) comme le rappelle « Les Cahiers du cinéma », n°681, « où sont les femmes? », d’où par exemple, l’utilisation de plans plus rapprochés ou en appartement de ces films (pas le budget pour faire des plans larges ou d’ensemble).

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Il est aussi de bon ton de rappeler le test de Bechdel qui met en avant les caractères sexistes des films et permet de les identifier ; test qui rappelle des critères non-sexistes bien définis:

1°) Deux personnages féminins dans le film

2) Deux personnages féminins qui parlent entre elles.

3) Et qui parlent entre elles que d’autres choses que des hommes.

La plupart des personnages féminins ne se définissent ainsi que par rapport aux hommes dans la fiction. Bon ben, vous voilà prévenus…à noter que selon les critères de ce test, la moitié des films à l’échelle internationale réussirait celui-ci. C’est plutôt rassurant.

http://www.lefigaro.fr/cinema/2015/02/12/03002-20150212ARTFIG00070-virginie-despentes-le-cinema-est-une-industrie-controlee-par-des-hommes.php

http://www.lesinrocks.com/2017/02/27/cinema/femmes-lindustrie-cinema-inegalites-toujours-de-mises-malgre-ameliorations-11916957/

Cherchez les femmes palmées pour le Festival de Cannes:  BON COURAGE!!

https://fr.wikipedia.org/wiki/Palme_d%27or

 

 

 

« Columbine », des rappeurs très cinéphiles.

Columbine - Merca Time's

Le dernier numéro de « SO FILM » nous a encore révélé son lot de surprises, avec notamment un entretien passionnant du groupe rennais « COLUMBINE » et son rapport à la cinéphilie.

Collectif Rennais qui s’est rencontré au lycée Bréquigny de Rennes au lycée cinéma et audiovisuel, composé de Foda C., Larry Garcia, Yro, Sully, Savane et Chaps…regroupement autour d’un bon film porno vu autour d’un smartphone lors d’un cours cinéma sur Rohmer (!).

8 Rennais qui en sont à leur second album « Enfants terribles » et ce qui est intéressant avec ce groupe, outre leur passion du rap, c’est aussi leur cinéphilie rageuse, méthodique que la revue « SO FILM » nous a dévoilé. Déjà par le titre du groupe « Columbine », référence au massacre du même nom et au documentaire de Michael Moore « Bowling for Columbine »(2002). Référence à ce massacre, car eux-mêmes se voyaient comme des déviants à l’adolescence.

Entretien très intéressant qui nous révèle des membres du groupe très cinéphiles, qui visionnent des films sur leur PC, smartphone ou écrivent des comptes rendus de films sur SENSCRITIQUE (passage très drôle où FODA C. raconte comment il est influencé par l’avis des autres intervenants pour sa playlist de ses films préférés, qui peut ainsi changer d’un jour à l’autre ; passage où il raconte comment il voit en accéléré certains classiques, le NAPOLEON d’Abel Gance notamment, faut aller vite aussi dans la cinéphilie, il se faisait parfois des dizaines de films par jour sur son PC…).

Une cinéphilie populaire, intelligente et drôle, où FODA C. assume des choix cinéphiliques exigeants et intelligents. Aspect comique aussi, il faut lire ses choix de critiques, ses notations sur SENSCRITIQUE et les commentaires qui vont avec. Critique intéressante de ce genre de site et le systématisme des notations sur les films (limites des critiques populaires?). Un moment t’es totalement conditionné par ce type de site dans tes choix cinéphiliques (et comme il dit, à un moment, tu mets 1/10 à un film d’Antonioni juste pour emmerder le voisin et choquer le bourgeois…).

Blow-Up : la critique du film - CinéDweller

Un groupe où le collectif prime sur tout et où chacun se donne un rôle, où chacun est partie prenante pour toutes les composantes du groupe (clips, concerts ou chansons…). Longue vie à Columbine!

https://www.difymusic.com/columbine

« La surface de réparation »(2018) de Christophe Régin

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Avec le FIF-85 et une qualité de programmation qui n’est plus à démontrer, outre SALIOUT 7, on a pu découvrir aussi le film en avant-première de Christophe Régin, « la surface de réparation »(sortie en janvier 2018). Film étonnant très mélancolique dans son sujet, avec un Franck Gastambide surprenant (une révélation dans ce film, un corps massif, un côté brute épaisse mais avec un bon fond).

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Histoire sur des gens qui ont une vraie passion, ici le football et le Football Club de Nantes (un club familial rappelle-t-on dans le film), et comment le vivre au quotidien tout en étant dans ses marges. Franck, passionné du FCN, fait les basses oeuvres du club ; il va chercher les joueurs égarés le vendredi ou samedi soir dans des motels ou boîtes de nuit avec des filles de mauvaise vie (comme dirait Benoît Poelvoorde), divers cas qui concernent surtout les joueurs étrangers nantais. Il les ramène chez eux, efface les traces de leur passage et fait en sorte qu’il n’y ait pas d’échos ou de buzz médiatique. Il vivote ainsi depuis 10 ans et fait la rencontre de Salomé (Alice Issaaz) qui, elle, tourne gaiement autour des joueurs dans des motels ou boîtes de nuit. Entre les 2, une forme d’amour apparaît ou disons d’intérêt réciproque.

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Film sur des passionnés, des gens qui font beaucoup pour leur sport et leur club de foot, vendre des billets autour des stades, faire la police si besoin est, s’occuper des jeunes joueurs,  avoir ainsi l’esprit supporter en gros…comme disait Jean-Michel Aulas, les supporters lyonnais ne sont peut-être pas les plus diplômés mais ils ont l’intelligence du coeur. Dernières images du film qui mettent ainsi en lumière les kops de supporters nantais (la Brigade Loire, masse impressionnante qui bouge ensemble). C’est aussi ça l’âme d’un club.

Benjamin Idrac ar Twitter: “Les kop nantais et le parcage rennais à  l'unisson contre la LFP avec le même chant. “LFP = MAFIA” affiche la  Brigade Loire. #FCNSRFC… https://t.co/Z80AETigCW”

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Mais le Franck en question ne se satisfait pas de ce style de vie, aimerait s’investir davantage dans la vie du club (devenir jeune entraîneur par exemple, passer les diplômes, manager les jeunes joueurs…), mais il se rend compte que l’on ne le prend pas au sérieux (personnage de Hippolyte Girardot notamment, cadre du club qui ignore ses désidératas et le verrait plutôt comme stadier…) . Scène terrible où il essaie d’encadrer des jeunes joueurs sur le terrain de football et voit dans leurs yeux qu’ils ne le prennent pas au sérieux, préfèrent écouter les conseils d’un vrai joueur en place (Djibril Azembert). Film mélancolique et un peu triste sur des gens qui ont de véritables passions et qui essaient de les assouvir dans leur vie quotidienne (et il y en a tellement en France…). Il cherche à partir du club mais sera rattrapé in extremis, l’appel du stade est le plus fort. Le collectif a encore frappé!

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http://www.fcnantes.com/accueil.php

Soirée les Rockeurs ont du coeur le 16 décembre 2017 à STEREOLUX sur NANTES.

Grande soirée pour Noël 2017 à STEREOLUX à NANTES: concert unique par des artistes engagés, moments rares, duos uniques ou déroutants…pour le public, juste s’acquitter d’un jouet neuf dans son emballage d’origine (pas dans du papier cadeau). Cadeau pensé pour un certain type de public (les 0-14 ans), cadeau ensuite trié par sexe et âge. En échange de votre cadeau, on vous remettra un billet pour assister au concert.

Les artistes à cette soirée:

http://www.lesrockeurs.com/artistes/

La mission des artistes ce soir là sera non pas de jouer une partie habituelle de leur répertoire mais au contraire d’offrir au public présent des moments uniques et rares faits de reprises surprenantes, de duos déroutants ou de morceaux insolites …

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« Une jeune femme » ou la FEMIS à l’écran.

Regarder un film, c’est aussi bien y prendre du plaisir que de tenter d’y décoder les codes et les normes et avec ce film, on est bien servi. « Jeune femme », premier film de Léonor Serraille, une série de sketchs selon bon nombre de critiques, mais film passionnant car très contemporain et prenant comme modèle le film US « Sue perdue dans Manhattan »(1997). Film maniéré avec beaucoup de plans à l’épaule, lumière naturelle, réalisme naturel des personnages dans une posture post-Pialat. Alors un film FEMIS avec ses codes et ses manières?

Oui, franchement, oui par l’histoire déjà : une jeune femme, Paula, de retour du Mexique et qui s’installe sur Paris, à la recherche de son ancien amant. Paris ville dure pour une femme extérieure, sans travail, ni logement et qui a sa seule forte personnalité pour s’en sortir (impressionnante Laetitia Dosch, abonnée aux rôles d’hystéro-dépressive).

Film pas aimable pour nous narrer l’odyssée d’une jeune femme et qui se révèle à elle-même tout au long de ce film. Film sous influence aussi, on pense d’abord à « Sue perdue à Manhattan » (1997) pour les côtés errance intime dans une ville hostile, mais aussi à « Claire Dolan » (1998) de Lodge Kerrigan. Des plans nombreux caméra à l’épaule, des plans face caméra, des tics de mise en scène aussi (dans ce genre de film, on a toujours droit à la femme qui danse seule chez elle ou en boîte de nuit, avec musique électro en fonds sonore).

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Des moments de fulgurance dans ce film, où le personnage s’affirme face à des structures impersonnelles comme les prises en charge anonymes hôpital ou un entretien d’embauche limite humiliant. Toujours cette idée, on prend des coups mais on se relève et on avance. Et des fois on se venge: scène terrible où elle retrouve, alors qu’elle est vendeuse prêt-à-porter lingerie féminine, une de ses anciennes copines qui l’avait jeté de chez elle avec allégresse alors qu’elle était en galère d’appartement.

Fausseté des rapports sociaux et regard terrible de l’héroïne ; d’ailleurs, mention spéciale à Laetitia Dosch qui passe en quelques secondes à un jeu d’acteur plein d’hystérie au désespoir le plus complet (des fois dans le même plan). En même temps, femme qui avance et son tempérament l’aide à supporter ces moments difficiles (elle ne se laisse pas faire du tout…).

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Film aussi sur Paris, son anonymat, sa population bigarrée, ville dure et qui ne fait pas de cadeaux. En même temps, cette jeune femme trouve un appartement, des jobs de baby-sitter et de vendeuse, elle n’est pas dans la déchéance sociale, mais elle a collectionné les plans glauques (son ex qui l’ignore, sa recherche d’habitation, des hommes un peu pervers qui la draguent lourdement…).

Elle y fait des rencontres qui la poussent aussi, une copine lesbienne, un vigile d’origine sénégalaise qui la protège et veille sur elle sur son lieu de travail. Elle retrouve sa mère (c’est marrant comment dans ces films, les relations familiales ne sont JAMAIS simples ou apaisées ; dans ce film, la mère (Nathalie Richard) et la fille se cognent, se poussent, se mordent dans la maison…).

Film de femmes avec une femme à la réalisation et de nombreux techniciens aussi (cheffe-opératrice, monteuse, ingénieure du son, productrice…). Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes 2017.

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