Oliver Stone : filmer et comprendre le conservatisme américain

A coté de sa trilogie viêtnamienne (« Né un quatre juillet, Platoon, Entre ciel et Terre »), Oliver Stone s’est toujours intéressé à l’impérialisme américain et à la puissance incarnée des Etats-Unis sous toutes ses formes (« Salvador » ou « Wall Street »). Démocrate militant, il a toujours utilisé le cinéma comme médium pour montrer les contradictions de la société américaine, ainsi que les ressorts du conservatisme américain.

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Oliver Stone se sert du médium cinéma pour faire passer des messages (parfois brutalement), comme « Salvador « (1986) ou « Platoon « (1987), ainsi que pour transmettre des valeurs anti-impérialistes et dénoncer l’absurdité, la cruauté et l’inutilité de guerre interventionniste ; remettant en cause la notion de gendarme du monde des Etats-Unis.

Oliver Stone est considéré comme un cinéaste tapageur ou racoleur de par son style et ses images tranchantes ; toutefois, on ne peut nier sa contribution à l’anti-impérialisme américain (très en vogue dans le monde hollywoodien actuel).

En outre, par ses activités de producteur et de scénariste télé, il s’intéresse à d’autres blocages ou valeurs de la société américaine (comme la folie des images, des mass-médias aux USA avec « Tueurs-Nés » (1994) ou l’importance du football américain (« L’enfer du Dimanche » 2000)), et du sport en général, dans la culture américaine (ses idoles, leurs images fabriquées par les mass-médias et leurs mythologies…)

Des revues françaises spécialisées comme « Positif » ont reconnu, depuis des années, la contribution d’Oliver Stone à la bonne connaissance de l’Histoire contemporaine des Etats-Unis, surtout avec ses films dits historiques comme « JFK »(1992), « Nixon »(1996 )ou « W, l’improbable Président »(2008).

Oliver Stone est toujours aussi bon lorsqu’il se retourne sur les périodes récentes des Etats-Unis (meurtre de Kennedy (en 1963) ou fin de règne de Nixon (en 1974)) ; il est servi par une pléiade d’acteurs remarquables (Anthony Hopkins, Kevin Costner ou James Woods…). Ses reconstitutions historiques sont remarquables tant d’un point de vue des décors, des costumes ou des faits historiques ; même si on ne peut nier les partis-pris revendiqués par le cinéaste (dans le film « JFK », pour Oliver Stone, c’est clair il y eu complot, entente entre la Mafia et les anti-castristes américains pour éliminer ce traître de Kennedy).

De plus, Oliver Stone cherche, par ses films biographiques (« Nixon » ou « W »), à comprendre les ressorts du conservatisme américain, ses valeurs conquérantes, son américanisme triomphant (patriotisme revendiqué et moral majority).
Dans « Nixon », Anthony Hopkins joue un Nixon torturé, pétri de complexes (du fait de son enfance pesante et de sa condition modeste de fils d’employé), prisonnier aussi de ses valeurs conservatrices (anti-communiste acharné et pour une paix sous condition au Viêtnam, la paix dans l’honneur selon lui).

Le film présente un Nixon paranoïaque, considérant qu’il est entouré d’ennemis (même son secrétaire d’Etat Kissinger en prend pour son grade), tout cela, débouchant sur le scandale du Watergate.

En même temps, Oliver Stone montre des institutions politiques américaines capables de s’auto-réformer (Procédure d’Impeachment envers Nixon de la part du Congrès américain ou indicateurs de la CIA pour dénoncer la politique interventionniste des Etats-Unis en Amérique du Sud). Il y a dans le cinéma d’ Oliver Stone la recherche d’un eden ou d’une Amérique innocente (avant l’assassinat de JFK en gros), dévoyée par un capitalisme outrancier, des mass-médias corrompus ou voyeuristes et une volonté de puissance à l’échelle mondiale…

La démocratie américaine, pour Oliver Stone, est loin d’être parfaite, mais le système est capable de s’auto-réformer (les films d’Oliver Stone ont souvent un côté naïf, à la Capra, ou les héros, les protagonistes du film en reviennent à de vraies valeurs (exemple de « Wall Street » ou de « Platoon »)) ou sont en pleine rédemption.
En ce sens, on peut taxer Oliver Stone de patriote à sa manière (patriotisme exacerbé par le film « World Trade Center »(2004) ; où tout à coup, Oliver Stone était considéré comme un républicain bon teint par les critiques américaines).

D’autre part, il y a chez Oliver Stone, un goût prononcé de la provocation, de combattre le politiquement correct, avec des films aussi démesurés que « Tueurs-Nés » (1994) ou « U-Turn » (1998), où il montre une Amérique obsédée, voyeuriste, violente, où les médias crétinisent franchement les Américains dans une société du spectacle assumée et capitalistique. Oliver Stone adore montrer des Américains moyens, des Red-Necks complètement givrés, avec des familles consanguines ou règnent l’inceste, le puritanisme mal assumé et des types rapaces, voire assassins (exemple de « U-turn « ).

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Oliver Stone s’est toujours intéressé aux marges de l’Amérique, aux fondements de la puissance américaine (« Wall Street » (1987)), ou à l’impérialisme américain (« Salvador » (1986)), à tout ce qui pouvait menacer ou remettre en cause cette super-puissance (par ses documentaires sur Fidel Castro « Commandante » (2003) ou Hugo Chavez en 2009 (« South of the border »). Il est ainsi considéré par les citoyens d’Amérique du Sud comme un américain anti-impérialiste ; d’où la facilité, pour lui, d’approcher des hommes politiques aussi sensibles que Fidel Castro ou Hugo Chavez (et son projet de faire un documentaire sur le président iranien controversé Ahmadinéjad a été accepté par les autorités iraniennes).

Oliver Stone et Fidel Castro:

Oliver Stone, 'Looking for Fidel' : NPR

Hugo Chavez et Oliver Stone:

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Ces hommes politiques sont suffisamment intelligents pour comprendre la caisse de résonance formidable de ces documentaires à des fins de propagande ou pour sortir de l’isolement (cas flagrant de Fidel Castro qui se faisait un point d’honneur de recevoir les invités de marque étrangers à Cuba, cf Depardieu, Nicholson, Redford ou Spielberg).).


Enfin, en 2015, Oliver Stone s’est intéressé au lanceur d’alerte  par son film »Snowden » afin de montrer du doigt les contradictions de la politique étrangère américaine ou les rôles ambigus de la CIA, de la NSA dans le renseignement mondial. Voilà encore un film polémique sur l’impérialisme américain.

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