Pourquoi s’intéresser au film de David Lynch (« Dune ») datant de 1985, parce que je considère qu’il est symptomatique d’une production novatrice alliant film d’auteur, production internationale et romans SF prestigieux.

Déjà adapter en un seul film les divers romans de Frank Herbert n’est pas une sinécure ; cependant, beaucoup de spectateurs ont découvert l’univers de « Dune » en 1985 avec ce film intriguant et même film d’auteur. Alors soyons plus lynchien que David Lynch lui-même (qui rejette en partie ce film) ; on y retrouve ainsi ses thématiques et univers si particuliers, ainsi que ses acteurs que l’on retrouvera par la suite dans ces autres films.

Film étonnant, de la SF pour adultes comme dirait la revue « POSITIF » ; à travers cette histoire de Guilde se passant en 10191 où les planètes et divers ordres de l’Empire cherchent à tout prix l’Epice qui permet de voyager à travers l’univers, à la fois spirituellement et extérieurement. Epice que l’on ne trouve que sur la planète Arrakis (Dune justement). Planète Arrakis aux mains de la maison des Atréides et que la maison des Harkonnen (avec la figure du mal absolu le baron Vladimir Harkonnen) convoite en sous-main avec l’accord de l’Empereur Padishah Shaddam IV.  Conquête par trahison d’Arrakis par les Harkonnen qui provoque la mort du duc Leto Atréides et la fuite de son fils Paul Atréides et de sa mère dans les tréfonds et les grottes de Dune. Fuite qui permettra de visualiser les grottes de Dune (et la production de cette fameuse Epice) et de rencontrer les Fremen, habitants originels de Dune et en attente d’un Messie qui les délivrera de leur sort et permettra une reconquête de Dune face à ces maudits Harkonnen.

Emmanuel Macron en 10191 (mais si!): le retour du messie (en plus ça rime!).

Voilà le pitch simplifié, mais en quoi, « Dune » est-il un film de David Lynch? Déjà, par l’aspect mortifère du film, par les petits détails qui parsèment ce film (les armes si originales, les différences cabalistiques entre Harkonnen et Atréides, cette volonté de faire voir des univers si dissemblables et si bizarres, les divers Empires…). Film produit par la famille De Laurentiis qui cherchait d’abord un vrai réalisateur de SF comme Ridley Scott (qui abandonna devant l’ampleur du projet) et se tourna vers David Lynch, tout juste auréolé du succès d' »Eléphant Man »(1980). A revoir ce film, on est étonné par son aspect hybride, à la fois film d’auteur et grosse production, thématiques de film d’auteur (initiation père/fils, visualisation des diverses figures du mal, de l’aliénation intrinsèque du pouvoir …).

La Révérende Mère Ramallo (Mère de Paul Atréides, au milieu):

Le fameux baron Vladimir Harkonnen et le duc Léto Atréides:

Paul Atréides et Feyd-Rautha Harkonnen:

Film hybride car l’adaptation cinéma a oublié bon nombre de chapîtres ou histoires du livre, film rempli d’ellipses aussi ; c’est pourtant un  long métrage caractéristique de l’univers lynchien grâce à des acteurs chevronnés comme Kyle Machlalan, Dean Stockwell ou Kenneth Macmillan (l’improbable baron Vladimir Harkonnen). On y retrouve ainsi l’ambiance bien « barrée » des films de David Lynch, avec notamment la description complètement surréaliste des Harkonnen. En outre, la musique dirigée par Toto  développe le caractère envoûtant et grand spectacle de ce long métrage, mais ce qui fondamentalement dérange pour ce long métrage, c’est qu’il se trouve à la lisière entre film trop simpliste pour les amateurs de la série et trop obscur pour les néophytes. Film bancal donc mais intéressant sur le plan adaptation cinématographique face à ce monument de la série SF qu’est le cycle de « Dune ». Et n’oubliez pas: « le dormeur doit se réveiller ».

David Lynch sur le tournage de « Dune »: