« J’veux du soleil »(2019) de François Ruffin et Gilles Perret.

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https://www.youtube.com/watch?v=jIMlyh8JjBk

A l’heure où le mouvement des gilets jaunes va vers un mûrissement, à l’heure où ce mouvement social inédit fausse les cartes politiques et syndicales en France ; il est normal que le médium cinéma s’intéresse à ce mouvement dont les racines et les réminiscences sont complexes et ardues. Gilles Perret et François Ruffin, par ce film « je veux du soleil »(2019), nous décrypte avec douceur et empathie ces acteurs des ronds -points français.

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A noter que Gilles Perret est le réalisateur de « l’Insoumis »(2018), documentaire sur le candidat Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. Ici, ce documentaire ou « feel good movie » (avec une fin optimiste) se veut résolument festif et potache, avec un François Ruffin, résolument proche des gens, à la fois didactique, farceur et rieur avec ces personnes. Un vrai député près des gens, avec sa voiture qui voyage tout du long des ronds-points français et dans cette France des villes périphériques.

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Mouvement populaire ou populiste? A chacun son opinion, mais le député de la LFI reste perplexe et s’interroge face aux acteurs de ce mouvement. Les députés et les militants de la France Insoumise se sont toujours interrogés sur le sens de leur programme et de leurs actions ; une des problématiques des Gilets Jaunes est celle-ci, comment les militants de la France insoumise n’ont pas vu venir un tel mouvement et quelles en sont les racines profondes?

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Ce qui frappe avec ce beau documentaire, c’est l’effet de surprise à chaque rond-point ; en effet, qu’est-ce qui va sortir de ceux-ci, de l’émotion, de la tendresse, de la rage ou de la colère…tranches d’humanité qui montrent l’intelligence et la bienveillance de ces hommes ou femmes, très conscients de leurs actions et de leurs démarches politiques. Très conscients de leur précarité surtout. Images pourtant joyeuses et festives à travers les ronds-points de France. Documentaire développant des images en parallèle, entre Macron et ses effets de manche (dénonçant ces Gilets Jaunes comme « les fossoyeurs de la démocratie ») et la réalité bon enfant des ronds-points. Effet visuel assuré et confondant. Par ce film, on se rencontre que les gens se réattribuent des lieux, un territoire ou une vie citoyenne…grâce à ce mouvement.

 

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Certains critiques ont dénoncé cependant le contenu simpliste des images, mettant en parallèle les gens riches et leurs privilèges (yacht, résidences secondaires…) aux vrais gens, à la vraie vie qui serait austère et peu frivole. Critiques surtout sur le dispositif du film, proche de la télé-réalité, trop proche des gens et par ce biais-là, facteur de populisme avéré. A chacun son avis.

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https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/03/j-veux-du-soleil-acte-i-du-cinema-sur-les-gilets-jaunes_5444972_3246.html

https://www.senscritique.com/film/J_veux_du_soleil/38879594

 

Filmer la perfection: John MacEnroe, un styliste hors pair.

La sortie ce 07 juillet du documentaire  « l’empire de la perfection » de Julien Faraud nous rappelle que le tennis est un sport hors pair et très beau visuellement ; ce n’est pas moi qui le dis, Serge Daney a écrit bon nombre d’articles dessus, considérant qu’un match de tennis pouvait se décortiquer comme un film, avec un début, un milieu et une fin mélodramatique, donc sujet de fiction pour chaque match. Tensions sur le court et pour le spectateur, ce qui renvoie à la dramaturgie d un match de tennis et au fait que les joueurs de tennis peuvent aussi s’apparenter à des comédiens dans leurs expressions ou leurs manières de bouger, de se comporter.

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Documentaire qui nous renvoie ainsi à la dimension historique de MacEnroe et à sa nouveauté dans le tennis moderne (« l’ère OPEN » depuis 1968), son incroyable inventivité et modernité. L’ancien DTN Gil de Kermadec l’avait fort bien compris lorsqu’il l’avait filmé sous toutes les coutures au début des années 1980. Images reprises par Julien Faraut dans son documentaire. Images vintages toujours savoureuses, avec un fond pédagogique solide et voulu, rappelant le caractère révolutionnaire du jeu de MacEnroe dans le tennis moderne (un jeu rapide, service-volée, tout en toucher, retour de service rapide, attaque à tout crin…) tout en marquant certaine faiblesses constantes (Manque de puissance, coup droit très moyen, physique chancelant lorsque le match s’éternisait et ne parlons pas de ses nerfs qui pouvaient lâcher à tout moment…).

Comme disait Guy Forget, MacEnroe pouvait provoquer sciemment un problème sur le court afin d’exacerber ses nerfs et mieux jouer ensuite (c’est vrai en plus!). Ainsi, dans l’ordre de la provocation, le joueur polonais Wojtek Fibak se rappelle avoir joué contre lui à l’open du Canada en 1981 et avoir mené 6/3 4/1, son jeu a commencé à se dérégler lorsque MacEnroe a commencé à l’insulter à chaque changement de côté, le traitant de sale communiste (veridique!). Le Polonais a commencé à perdre ses nerfs lui aussi et son jeu s’est complètement déréglé ; il a finalement perdu la partie 3/6 7/6 7/5 (il a voulu casser la gueule de MacEnroe par la suite…MacEnroe ayant fui rapidement le court, pas folle la guêpe).

Ainsi, tous les spécialistes du tennis s’accordaient à affirmer que MacEnroe avait un style inimitable, qu’il a apporté une solution tennistique aux gros lifteurs de l’époque à savoir VILAS, Lendl, BORG, WILANDER et même Connors, pourtant un connaisseur très fin de ce sport et du jeu en général. Même si cela reste superficiel, pour résumer la carrière de MacEnroe, on peut la diviser en 2 parties:

L’ascension: 1977-1984.

Le maintien dans l’élite mondiale: 1985-1994

https://fr.wikipedia.org/wiki/John_McEnroe

Fin 1985, John MacEnroe finit second au sein du tennis mondial (défaite en finale de l’US OPEN contre IVAN LENDL, 7/6 6/3 6/4) et prend 6 mois sabbatique début 1986 pour reprendre ce sport l’été 1986. Il ne reviendra plus jamais numéro 1 mondial, mais finira tout de même 4 ème joueur mondial fin 1989 (avec une demi-finale à la clé à WIMBLEDON en 1989 et une demi-finale à l’US OPEN 1990). Il fut devancé dans l’élite mondiale par des professionnels comme LENDL, WILANDER, SAMPRAS ou AGASSI ; des joueurs au profil de cogneurs, des joueurs très complets surtout.

Ce qui a fait ainsi le génie de MacEnroe, c’est sa volonté de toujours chercher la perfection dans ses matchs, ce qui le rendait fou et très nerveux. Et puis, il avait un service très original, service le long de la ligne de fond de court, service du gaucher aussi. Là où ce joueur était remarquable c’est qu’il savait mettre la pression sur l’adversaire dès le retour de service ; generalement, il regardait s’il avait fait mal au serveur par un retour agressif et n’hésitait pas ensuite à finir le point au filet. Ce qu’affirmait ainsi un joueur comme l’ Haïtien Ronald Agenor qui s’est pris un 6/0 6/2 7/5 contre lui au premier tour de Roland Garros en 1985 ; il considérait que MacEnroe n’était pas le plus puissant des joueurs de tennis mais celui qui possédait le meilleur toucher de balle, un sens remarquable du contre-pied et qu’il mettait beaucoup d’effet dans la balle. Dont acte.

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Pour comprendre et savoir jouer avec Jimmy Connors: livre génial sur les diverses tactiques à mener au tennis lors des diverses phases d’un match.

Le sens du lob chez Jimmy Connors:

 

https://www.youtube.com/watch?v=c4FjqX_eeK8

https://www.youtube.com/watch?v=-hdFuOBQF4Q

PS: En même temps s’extasier devant des millionnaires qui tapent la balle, sachons raison garder…

 

 

 

 

 

François Ruffin: un homme debout.

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Dans une soirée aussi codifiée et clinquante que les Césars 2017, nous avons enfin vu du dérangeant, du réel brut et de l’exaspération avec la récompense du meilleur film documentaire pour « merci patron! » de François Ruffin.

3 minutes d’intervention enflammée (sûrement bien préparée, cf le t-shirt dédié à Vincent (Bolloré)) pour remettre en cause les délocalisations forcées dans la région Nord. Mais que vaut ce documentaire sur le plan visuel? Documentaire dans la lignée de ceux de Michael Moore ou de Raymond Depardon, ce qui engendrent des messages codifiés, un côté David contre Goliath, une personnalisation du narrateur dans le documentaire, force des images, des symboles face à des puissances capitalistes et d’argent très bien organisées, des interventions souvent drôles sur le terrain (AG de LVMH, personnification des ennemis ou dans d’autres reportages, université d’été du MEDEF…).

Tout d’abord, un état des lieux souvent désastreux (ici, la région Nord) face à une entreprise LVMH et son patron charismatique Bernard Arnault et de l’autre côté, une famille d’ouvriers (ici, la famille Klur) qui a bossé pendant des années pour une de ces filiales Kenzo. Puissance du documentaire, des images et drôlerie du message (« I love Bernard », caméra cachée, jeu de rôles) à mettre en parallèle avec les actions et messages humoristiques des manifestations altermondialistes ou anticapitalistes. Force des slogans, du message à faire passer en moins de 30 secondes, grosse défiance vis-à-vis des médias institutionnels.

http://www.fakirpresse.info/

En tant que rédacteur web et journaliste de « Fakir », François Ruffin, tout comme Pierre Carles (cf https://culture494.wordpress.com/2016/02/29/rencontre-avec-pierre-carles-le-trublion-des-medias/), sait manier ces médias et leurs codes. En bon interventionniste propagandiste, il sait faire passer ces messages ou les manipuler rapidement, tout comme certains syndicalistes et hommes politiques (par exemple, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche ont de vrais discours d’analyses des médias, comment y intervenir, leur répondre et contrer leurs idéologies rampantes, cf référendum sur la Constitution européenne de 2005).

En outre, pour ce documentaire « Merci patron! », des soutiens médiatiques se sont produits, même involontairement comme le refus de la part de la radio Europe 1 d’inviter à l’émission « Europe 1 social club » de Taddei, François Ruffin lui-même, en février 2016 ; après ce coup d’éclat involontaire, gros soutiens et articles dans « Arrêts sur images », « le Monde » et autres hashtags, sphère internet ; publicités directe ou indirecte qui ont bien servi à la diffusion du film, pour arriver à près de 500000 spectateurs et récompenses afférentes (César 2017 du meilleur film documentaire). Long métrage à mettre en parallèle avec d’autres documentaires alters (cf Pierre Carles, http://www.pierrecarles.org/), journaux et sites alters (« alter info, Fakir, le sans culotte85, basta!, ACRIMED, Indymédia… »)