Saliout 7, un « Gravity » à la mode soviétique.

 

 

 

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Les festivals FIF-85 et UTOPIALES ont mis en avant un certain nombre de films en avant-première pour notre plus grand plaisir, mais aussi des films déjà sortis dont celui de Steven Shainberg, « Rupture »(2016), véritable ovni ce film (c’est le cas de le dire, Noomi Rapace jouant une mère de famille enlevée par des extra-terrestres et qui vont lui révéler sa véritable nature non-humaine, un film bien barré mais qui a un vrai univers SF avec des séquences de torture en laboratoire assez insoutenables). UTOPIALES 2017 qui ont rassemblé plus de 90000 spectateurs au compteur cette année (un record!) et qui a remis un prix du jury (jury long métrage avec le génial Jean-Marc Rochette) et un prix du public à SALIOUT 7.

https://www.youtube.com/watch?v=eZqJudPYO_4

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Film impressionnant (un peu moins que « GRAVITY »(2013), mais pas le même sujet) ; on parle ici d’un fait divers réel de 1985, à savoir la panne géante de SALIOUT 7 et la menace gravitationnelle qu’elle faisait peser sur la Terre. 2 cosmonautes, des vieux de la vieille à l’expérience plutôt limitée, sont chargés de réparer et de ramener sur la Terre sans encombre cette machine volante.

Maquette de SALIOUT 7:

 

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Alors un nouveau « GRAVITY »? Que nenni, plutôt un nouveau « Apollo 13 » version soviétique, avec, comme de bien entendu, de grosses tensions au sol (avec les femmes des cosmonautes esseulées et implorantes ; base de lancement de Baïkonour avec officiers soviétiques au bord de la crise de nerfs…) et comment improviser et réparer des pannes jusque là inconnues. Belles images de l’espace et spectacle impressionnant de l’accrochage entre la navette de secours et Soliout 7.

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En outre, tensions et enjeux politiques du film ; ne pas se faire doubler par les Américains qui envoient aussi une navette spatiale afin de secourir et récupérer SOLIOUT 7 (espionnage industriel). Course contre la montre, il en va ainsi de la fierté et du nationalisme soviétique, arriver les premiers et réparer la navette. On sent tout de même l’improvisation qui règne dans ce cas de figure que ce soit au sol ou dans l’espace ; on bricole et on fait avec ce que l’on a.

En ce sens, film qui rappelle « GRAVITY »(2013) sur l’importance vitale de petits détails pour réparer l’ensemble (faire redémarrer les chauffages de l’engin par exemple, éviter l’humidité, ne pas laisser tomber tels ou tels outils de travail dans l’espace, bien s’entendre et travailler en coordination que ce soit au sol ou dans l’espace…). Et comme pour « GRAVITY », sens de la mortalité des cosmonautes  avec la prise de conscience qu’il faudra en sacrifier un pour en sauver un autre. Film nationaliste aussi, la fin se veut une ode au génie et à l’héroïsme soviétiques (avec chant patriotique à la clé, photos et archives de l’époque…). Alors allons-y gaiement: « C’est la lutte finale, groupons-nous et demain ; L’INTERNATIONALE SERA LE GENRE HUMAIN… »

 

 

https://youtu.be/XY8eYVXJO8g

 

Les acteurs du film avec Vladimir Poutine:

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Olivier Assayas et la mondialisation.

Si beaucoup de journalistes considèrent que visionner les films d’ Assayas, c’est aussi entendre la playlist officiel des « Inrocks », vu comment ce cinéaste nous en met plein les yeux et les oreilles pour chacun de ses films, avec la présence de chanteurs comme Tricky, Emily Haines ou Kim Gordon (de Sonic Youth) dans sa filmographie.

Kim Gordon dans « Boarding Gate »(2007):

Kim Gordon Banque d'image et photos - Alamy

Olivier Assayas:

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On a aussi diverses thématiques présentes dans sa filmographie qui reviennent avec redondance, comme la fuite des personnes, des sentiments et cette idée d’un perpétuel recommencement personnel. En outre, ce qui est passionnant, ce sont la diversité des acteurs dans leur nationalité et leur jeu dans les films d’Assayas (on y retrouve des comédiens comme Asia Argento, Michael Madsen, Maggie Cheung, Charles Berling, Emmanuelle Béart ou Nick Nolte…). Preuve que ces films sont maintenant de facture internationale et non plus réservés au seul marché français (et il peut continuer à les financer grâce, justement, à ces coproductions internationales).

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https://www.youtube.com/watch?v=Nb4cwMBlRUI

Ainsi le processus de mondialisation imprègne bien ses films ; mondialisation financière, culturelle ou sociale…mondialisation mise en image de façon claire et précise, surtout pour les films se passant aux USA, au Canada, dans les pays asiatiques (Hong-Kong, Chine…) ou même en France (« les destinées sentimentales »(2000)). Les gens ou personnages traversent les frontières et les capitaux ignorent ces barrages superficiels des Etats-Nations.

https://www.youtube.com/watch?v=8mfYDNgxw3E

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Les grèves devant l’usine BARNERY de porcelaine:

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Le fameux bal de 1900 au château des Pommerel: 

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Mondialisation qui imprègne les histoires ou la fiction de ces films par la vision des flux de marchandises, trafics en tout genre, échanges de capitaux, importation ou exportation des biens (cas flagrant des « destinées sentimentales »(2000), avec le commerce du cognac ou de la porcelaine). Phénomène de mondialisation à décomposer dans ce film par le personnage du chef d’entreprise Jean Barnery incarné par Charles Berling, pasteur protestant à l’origine et qui va s’assumer chef d’entreprise rigoriste, marqué par les stigmates de la Grande Guerre ou le krach de 1929. Deux industries très influencées par un processus d’artisanat et qui deviennent de véritables industries, marquées aussi par une concurrence féroce (cas des porcelaines) qui va transformer les hommes et les mentalités de l’époque (en finir avec les grandes familles ancestrales de propriétaires, en finir aussi avec une certaine forme d’artisanat, de savoir-faire…). Bienvenue aux grands groupes industriels et à l’uniformisation des produits et des biens.

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https://www.youtube.com/watch?v=J_hGBYCJlFg

Processus de mondialisation encore plus engagé dans « DEMONLOVER »(2002), véritable réflexion sur le trafic des images de toute sorte, que ce soit les films pornos, vidéos ou mangas hard. Monde des multinationales de ces trafiquants et diffuseur d’images, qui sont prêts à tout pour acquérir le dernier  jeu vidéo à la mode (chantage, meurtre, vol…). Ici, la mondialisation s’établit par l’image (réelle ou virtuelle?) pour aller vers une fin où l’on ne sait plus s’il on est dans la fiction ou le réel.

Demonlover - la critique du film

Avec les films d’Olivier Assayas, la mondialisation est ainsi souvent douloureuse autant pour les hommes que pour les biens ; ces phénomènes de mutation ne sont pas aimables et provoquent de véritables tensions économiques et esthétiques (accélération du flux des images, des vidéos, des réseaux Internet…). Exemple aussi de « Carlos » qui nous narre le périple et l’odyssée du terroriste des années 1970 jusqu’ à son arrestation en 1994 par la DST à Khartoum au Soudan. Internationale du terrorisme dans ce film (Front populaire de libération de la Palestine, Cellules révolutionnaires allemandes, Brigades Rouges…) ; échange de bons procédés entre courants terroristes palestiniens et européens (synergie des groupes pour la prise d’otages des représentants de l’OPEP à Vienne en décembre 1975). Film qui nous montre ainsi la mondialisation des armes et du terrorisme.

https://www.youtube.com/watch?v=6DuuunMZzAg

Carlos - film 2010 - AlloCiné

La prise d’otages à Vienne en décembre 1975:

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Processus de mondialisation qui rentre bien dans le projet de mise en scène des films de Olivier Assayas, à savoir mélanger film d’auteur avec une certaine idée de modernité ou de contemporanéité (il revendique cette modernité en tous les cas et qui passe par une  cinéphilie réactualisée, son parcours de scénariste et de cinéaste le montre bien). Pour en savoir plus sur cet auteur et cinéaste, livre d’entretien passionnant « Assayas par Assayas », éd. Stock, 2014.

https://culture494.wordpress.com/tag/apres-mai/

http://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/la-master-class-de-olivier-assayas